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jpar le vice des fubftances dont il étoît contraint de faire ufage. Comme il ne co’nnoiffoit pas la nature & la compofidon des matériaux qui étoient I dans Tes mains, il ne pouvoic en prévoir , ni en prévenir, ni en réparer les inconvéniens. Ce n’etoit point-là le feul embarras qu’il eût à fuimonter : il trouvoit encore les plus grandes j difficultés dans l’emploi de ces fubftances. Prefl que toutes avoient été vitrifiées, & ne confif-

! toient que dans des verres colorés ; on tâchoit 

[ de les réduire en poudre impalpable, &, après les avoir broyées longtemps à l’huile cfTentielle de lavande, on les employoit au pinceau. Dans ■ le petit nombre délivres qui ont été faits pour la peinture en émail, on voit toujours que les c différentes couleurs ne font que des verres coloi rés. Il eftaifé de fentir le vice de ces matéî riaux. Quelque foin que l’on prenne pour piler du I verre , pour le broyer avec de l’huile , il ne [peut jamais fe mêler à cette huile affez parij laitement pour ne faire qu’un corps avec elle , I pour fe réduire en une pâte liquide , pour couler ■■ avec elle indiffolublement fous le pinceau. I L’huile cherchoit toujours à fe féparer de ces i atomes vitreux qu’elle ne pénétroit pas. Lesparj ] ties du verre, quelque fubtiles qu’elles fufl’ent,

conlervoient des angles par lefquellcs elles s’at-’ 

tachoient aux poils du pinceau , & qui en ren-

doientla pointe bourbeufe
inconvénient confi-
! dérable pour des ouvrages aufli petits que ceux 

t quifefont enemai7,& qui exigent la plus grande

délicateffe de travaux. Les peintres, pour remé-
dier , autant qu’il étoit pomtle à cet inconvé-
! nient , éroient réduits àfe fervir de petites poini 

tes de bois , aiguifées & rendues très-fines , dont ils fe fervoient pour ranger la couleur & diminuer l’épaiffeur des traits que le pinceau avoit faits contre leur gré.

Les pains â’émail de différentes couleurs , entre lefquels un donne la préférence à ceux qui •■ viennent de Venife , préfentent , dans la prati-

que , les mêmes difficultés que les verres colo-’ ;

rés. Ils font quelquefois plus difficiles à mettre en fufion que Vémail blanc fur lequel on les ap-

! plique iils nepeuventy pénétrer, & ilsyforment 

■ une épaiffeurqui rend la peinture louche Se défegiéable. On les attendrir , il eft vrai , en y mê-I lant du verre plus fufible ; mais ce mélange en dégrade & en affoiblit le ton , & en change la ■ nuance. Ce n’eft pas-là le feul défavantage de ce mélange : la chaux de plomb , qui entre dans la compofïtion de ce verre, fe revivifie , noircie les couleurs , & leur donne un œil plombé. Elles font d’autant plus expofees à ce défaut , que le même ouvrage doit retourner plufieurs fois au feu, & qu’il ne faut qu’une matière gralTe & fulphureufe, un charbon de mauvaife qualité pour occafionner cet accident.

Ces raifons & plufieurs autres qui feront établies quand il fera queilion des fondans , ont E M A ^05 ?

déterminé à ne point fc fervir de verres colords dans la peinture en émail , ce qui a dû faire rejetter auffi les pains à’émail colorés. On a cru que pour rendre cette façon de peindre fufceptible d’une plus grande perfeflion , il fsMoit commencer par écarter toutes les dlfîicultés qui réfulcent de l’emploi des couleurs, & l’orî fe flatte qu’on trouvera , dans l’ufage de celles qu’on va donner , autant de facilité que dans le defTin à l’encre de la Chine. •

Parmi les coirleurs qu’on avoit coutume d’employer , plufieurs , après avoir paffé au feu , prenoient une teinte toute différente de celles qu’elles avoient avant d’avoir été mifes en fufion : il fUIoit que le peintre eût toujours dans la tête une palette idéale , ou fous les yeux un elTai de chaque couleur qu’il employoit : celles que nous allons propofer auront, après la fafion , à-peupres la même teinte qu’au moment où l’on en fera ufage au pinceau.

Les peintres en émail donnoient le nom d’ennemies à certaines couleurs dont le mélange fe détruifoit à la fuficn , ou qui bouillonnoient lorlquon les couchoit les unes fur les autrestoutes celles dont on va donner la compofition ’ n ont aucune antipathie entr’elles , fe mêlent parfaitement& ne font pas fujettes à bouillonner. Lqs mêmes peintres avoient deux efpéces dé couleurs ; les unes qu’ils appelloient dures & les autres tendres. Ils couchoient les coule’uis dures dès le premier feu, & quelquefois, au dernier feu, a peine avoient-elles pris leur luifant : les bleus étoient de ce nombre. Les couleurs tendres s’employoient au dernier feu -, fans cela elles fe feroient altérées , & auroient été même quelquefois tout-à-fait emportées. Cette diftinftion de couleurs dures & de couleurs tendres n’aura pas lieu entre celles que nous donnerons ici. On peut les employer toutes également au premier feu , fans crainte qu’elles loient ni altérées ni détruites.

Lorfqu’une couleur n’avoit pas réufli lorfqu’une teinte fe trouvoit défeiSueufe , le peintre n’avoit d’autre moyen que celui d’effacer fbn ouvrage , & d’emporter la couleur avec une pierre & du fable. Dans l’emploi des couleurs que nous donnerons , on peut mettre couleur fur couleur , & corriger comme dans la peinture al’huile, fans que la couleur du deirousparoifTe & empêche celle de dclTus de faite fon effet. * Dans l’ancienne façon de poindre, lorfqJe le feu occafionnoit des bouillons ou des fentes l’ouvrage étoit perdu , & il falloir ie recommencer : dans celle-ci, on remédie à tous ces accidens de manière qu’il eft difficile de s’en appcrcevoir. "

Dans l’ancienne Jjeinture en émail , on n’avoit pas affez de différentes couleurs pour rend.-e’ tous les tons que produit la peinture à l’huile & on étoic obligé de réferyer Vémail blanc qui fais