Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/512

Cette page n’a pas encore été corrigée

5*02

E M A"

°. On peut tîrer un violet de la manganefe , mais il efl : plus commun que celui qui vient de l’or.

1". Le jaune n’eft pour l’ordinaire qu’un émail 

opaque , qu’on acheté en pain , & que l’on broyé très -fin. On tire encore cette couleur, belle, mais foncée , du jaune de Naples.

°. Les pains de verre opaque donnent aufli des verds : ils peuvent être trop durs , mais on les attendrira par le fondant. Alors leur couleur en deviendra moins foncée.

". L’étain donnera du blanc.

°. On tirera un noir du 1er.

°, Le plomb ou le minium donnera un fondant ; mais ce fondant n’eft pas fans défaut. Cependant on s’opiniâtre à s’en lervir , parce qu’il eft plus facile à préparer.

". La glace de Venife , les ftras , la rocaille de Hollande , les pierres à fufil bien mûres , e’eft-à-dire , bien noires, le verd de Nevers, les cryftaux de Bohême , le fablon d’Etampes ; en un mot, toutes les matières vitrifiables non colorées, foiirniront des fondans , entre lefquels un des meilleurs fera la pierre à fufil calcinée. °. Enrte ces fondans , c’eftà l’artiflre à donner à chaque couleur celui qui lui convient. Tel fondant eft excellent pour le rouge , qui ne vaut rien pour une autre couleur. Et fans aller chercher loin un exemple , le violet & le carmin n’ont pas le même fondant.

°. En général , toutes les matières calcinables , & coloriées après l’aftion du feu , donneront des couleurs pour l’émail. xo°. Ces couleurs primitives produifent, par leur mélange , une variété infinie de teintes dont l’artifte doit avoir la connoiffance, ainfi que de l’affinité & de l’antipathie qu’il peut y avoir entre elles toutes.

ai°. Le verd , le jaune & le bleu , ne i’accordent pas avec les mars , quels qu’ils foicnt. Sî vous mettez desmarsfurle verd , ou le jaune, ou le bleu, avant que de paffer au feu ; quand l’otre pièce ,loit émail , ibit porcelaine , fortira de la raouffle, les mars auront difparu , comme fi vous n’en aviez point enjployé. Il n’en fera pas de même , fi le verd , le jaune & le bleu ont été cuits a /ant que d’avoir employé les mars. aa’. Que tout artifte qui voudra s’eflayer à peindre en émail, aitplufleurs inventaires,c’efta-dire , une plaque qui puifle contenir autant de petits quarrés que de couleurs primitives ; qu’il y éprouve fes couleurs dégradées de teintes , félon le plus ou le moins d’épaiffeur. Si l’on glace d’une même coiileur tous ces quarrJs de couleurs diffiirentes , on parviendra néçeffairement à des découvertes. Le feul inconvénient , c’eft d’éviter le mélange de deux couleurs oui fjouillonnent, quand elles le trouvent l’une fur l’autre avant la cuiffon.

,3°. Ai> rçfte , les meilleures couleurs , mal ■ E M il

employées , pourront bouillonner. Les Inégalités feules d’épailî’eur peuvent jetter dans cet inconvénient : le liffe s’en altérera, .l'entend> par lu lijf : , l’égalité d’éclat & de fuperficie. X4*. On peut peindre, foi : à l’huile, foit à l’eau. Chacune de ces manières a fes avantages. Les avantages de l’eau font d’avoir une palette chargée de toutes les couleurs pour un très-longtemps ; de les avoir toutes à la fois fous les yeux , & de pouvoir ter.miner un morceau avec moins de viteffe, Se , par conféquent , avec moins de danger. D’ailleurs , on expédie plus promptement avec l’eau. Quant aux avantages de l’huiîe, le pointillé eft plus facile : il en eft de même pour les petits détails , & cela à caufe de la fineffe des pinceaux qu’on employé , & de la lente évaporation de l’huile , que l’on aura eu la précaution d’engraifler au foleil , ou au bain-marie,

j°, Pour peindre à l’eau , prenez de la cou> leur en poudre -, broyez-la avec de l’huile filtrée ; ajoutez-y la quantité de gomme néceffaire ; laiffez-la fécher fur votre palette , en la garantiîfant de la pouflière , jufqu’à ce qu’elle foiE parfaitement feche. Alors prenez un pinceau , avec de l’eau pure ; enlevez, par le frottement avec le pinceau chargé d’eau , toute la fuperficie de votre couleur , pour en féparer la gomme qui fe porte toujours à la luperficie. Quand vous aurez fait cette opération à toutes vos couleurs,’ peignez , mais avec le moins d’eau qu’il vous fera poflible ; car fi votre couleur eft trop fluide,’ elle fera fujette à couler inégalement ; votre furface fera jafpée : c’eft une fuite du mouve-^ ment que la couleur aura confervé après que l’artifte aura donné fa touche , & de la pente du’ fluide qui aura entraîné la couleur : la richeffe de la teinte en foiiffrira auiïi. Elle deviendra livide , plombée , louche ; ce que les peintres ap pellent ; !0)’f'e- Employez donc vos couleurs lei plus feches qu’il vous fera poffible, &z le plu : également : vous éviterez en même temps le ! épaiffejrs. Lorfque vous voudrez mettre una teinte fur une autre, opérez d’une manière qui vous ne pafliez qu’une fois le pinceau fur lemêmi endroi’. Attendez que la couleurfoit feche poui en remettreune autre par deffis,(ans quoi voui vous expoferez à délayer celle de deffous : in^ convénient dans lequel on tombe néceffairement lorfqu’appliqiiant la couleur fupérieu’e à plufleurs reprifes , le pinceau va & revient plufieurs fois fur la couleur inférieure. Si vos contours ont befoin d’être châtiés, prenez , pour les diminuer d’épaiffeur, unepointe d’ivoire ou de buis, & lesrendez corrects en retranchant la fuperficie avec ce ;te pointe. Evitez furtout le trop de gomme dans vos coule^irs. Quand nlles font trop gommies , elles fe déchirent par veines & laiffent , au fonir du feu, en fe ramad’ant fur elles - mêmes , de petites traces qui forment i