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Te ftntîffent pas inégales fous la molette ; de les avoir en poudre , de la couleur qu’elles fiendront après avoir été parfondues, telles cjue, ijuoiqu’ellcs aient été couchées fort épais , elles pe croûtejit point, ne piquent point l’émail, ,3a ne l’enfoncent point, après pluficars feux, lu-deffbus du niveau de la pièce. Les plus dures àfe parfondre partent pour les meilleures : mais li on pouvoir les accorder toutes d’un fondant ,quî en rendît le parfond égal , il faut convenir que l’artifte en travailleroit avec beaucoup plus de facilité : c’efl : là un des points de perfedion jueceux qui s’occupent de la préparation des îouleurs pour Vémail devroient le propolér. Il . ;aut avoir grand loin , fur- tout dans les comnenceniens, de tenir regiftre de leurs qualités, ifin de s’en fervir avec quelque fureté. Il y aura beaucoup à gagner à faire des notes de tous les ■élanges qu’on en aura efiayés. Il faut tenir fes louleurs renfermées dans de petites boë es de )uis qui foient étiquetées & : numérotées. Pour s’affurer des qualités de fes couleurs , )n aura de petites plaques d’émail , qu’on appelle inventaires : on y exécutera au pinceau les traits larges comme des lentilles ; on nunérotera ces traits, & l’on mettra l’inventaire lu feu. Si l’on a obfervé de coucher d’abord la îouleur égale , de la tenir légère, & de repaf- ,er enfuite fur cette première couche de la

ouleur qui faffe des épaiffeurs inégales ; ces

négalités détermineront, au fortir du feu, la oibleile , la force & les nuances. C’eft ainfi que le peintre en émail formera a palette : ainfi la palette d’un émailleur eft , lour ainfi dire , une fuite plus ou moins confilérable d’effais numérotés fur des inventaires , luxquels il a recours , fuivant le befoin. Il efl ivident que plus il a de ces elTais d’une même

ouleur , & de couleurs diverfes , plus il cornilette

fa palette ; & ces effais font ou de

ouleurs pures & primitives , ou de couleurs

éfultantes du mélange de pUifieurs autres. 2elles-ci fe forment pour Vémail , comme pour eut autre genre de peinture -, avec cette difféence que, dans les autres genres de peinture , es teintes relieront telles que l’artifle les aura ippliquées ; au lieu que, dans la peinture en mail , le feu les altérant plus ou moins d’une nfinité de manières différentes, il faut que ’émailleur, en peignant, ait tous ces difFérens effets préfens à la mémoire ; fans cela, il lui irrivera de faire une teinte pour une autre, k quelquefois de ne pouvoir plus recouvrer a teinte qu’il aura faite. Le peintre en émail a , lour ainfi dire , deux palettes ; l’une fous les ’eux ; l’autre dans l’efprit ; & il faut qu’il foit ittentif, à chaque coup de pinceau , aies conbrmer entre elles ; ce qui lui ferait difficile, Se peut-être impolFible , (i , quand il a commencé m ouvrage , il jnterrompoit fon travail pendant j E M A

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quelque temps confidérable. Il ne fe fouviendroit plus de la manière .dont il auroit cr.mrolë les teintes, & il feroit expofé à placera chaque inltant, ou les unes fur les autres, ou les unes à côté des autres, des couleurs qui ne font point faites pourallerenfemble. Qu’on juge par là combien il efc difficile de mettre d’acccrd urt morceau de peinture en émail , pour peu qu’il (ou confidératle. Le mérite de l’accord, dans un morceau , pent être fenti par tout le monde ; mais il n’y a que ceux qui font initiés dans art qui puiflent apprécier tout le mérite d» 1 artilte.

Quand on a fes couleurs, il faut fe procurer de i huile effentielle de lavande , & tâcher de 1 avoir non adultérée ; quand on l’a, on la fait engraiffcr ; pour cet effet, on en met dans un gobelet dont le bord foit large, à la hauteur de deux doigts ; on le couvre d’une gaze en double & on l’expofe au foleil, jufqu’à ce qu’en inclinant le gobelet, on s’apperçoive qu’elle coula avec moins de facilité, & qu’elle n’ait plus que la fluidité naturelle de l’huile d’olive. Le temps qu’il lui faut pour s’engraiffer eft plus ou moins long fuivant la faifon.

On aura un gros pinceau à l’ordinaire qui ne ferve qu’à prendre de cette huile. Pour peindre on en fera faire avec du poil de queues d’hermine ; ce font les meilleurs, en ce qu’ils fe vuident facilement de la couleur & : de l’huile dont ils font chargés quand on a peint. Il faut avoir un morceau de cryftal de roche ou d’agate ; que ce cryilal foit un peu arrondi par les bords ; c’efl là -deffus qu’on broiera & délayera fes couleurs. On les broiera & : délayera jufqu’à ce qu’elles faîTent, fous la molette la même fenfation douce que l’huile elle’ même.

Il faut avoir pour palette un verre ou crydal qu on tient pofé fur un petit papier blanc : on portera les couleurs broyées fur ce morceau de verre on de cryftal ; & le papier blanc fervira à les faire paroître à l’œil telles qu’elles font. Si l’onvouloit faire fervir des couleurs broyées du jour au lendemain, on auroit une boëte de laforme delà palette ; on colleroit un papier fur le haut de la boëre ; car la palette ne portant que fur les bords delaboëte, elle n’empêcheroit point que le couvercle ne le pût mettre ; mais il arrivera que , le lendemain , les couleurs demanderont à être humeflées avec de l’huile nouvelle, celle de la veille s’étant engrailTée par l’évaporation.

On commencera par tracer fon deflîn. Peur cela on fe fervira du rouge de Mars. On donna alors la préférence à cette couleur, parce qu’elle efl légère & qu’elle n’empêche pas les couleurs qu’on applique defîias de produire l’effet qu’on en attend. On deflinera fon morceau en entier ayes le rouge de Mars ; il faut que ce premier R r r ij