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àitis la détrempe , le même corps & la même beauté qu’a cette couleur dans la peinture à l’huilp. On fait boLullir pour cet effet la cendre gravelee , pour en diflbudre le fel ; on laiffe refroidir la liqueur ; on la filtre, on la fait téchauffer, &on la mêle toute bouillante avec la laque. L’efpécE de laque qu’on nomme colombine , qui eft compolce avec le bois de Bréfil ou de Fernambouc, ne vaut rien.

. En général toutes les autres couleurs qui font jugées bonnes pour la peinture à i’huile , le ibnt auffi pour la déirempe. Il faut éviter de faire ufage des fHls-de-grains :ils ne tiennent pas, & ne Ibnt bons ni à l’iîuile , ni à la détrempe. La colle dont on fe l’ert pour préparer l’eau à détremper les couleurs , fe fait avec des rognures de peaux blanches ; c’eft ce qu’on appelle balle de gants : ou avec des morceaux de parchemin coupés ; on l’appelle colle de parchemin.

! On peut voira l’article Dorure, la manière de 
faire la colle de parchemin
voici celle de faire

la colle de gants.

Prenez une livre de rognures degants blancs . ou en général de peau blanche d’agneau ou de ï mouton. Laiffez-Les macérer quelque temps dans . l’eau , 8c lavez-les bien pour en ôter toutes les ’ ; faleté :. Jettez cette première eau , Se remettez vos rognures dans un chaudron avec de l’eau bien nette ; il en faut dix pintes pour une livre ’, de rognures. On laide bouillir l’eau jufqu’à ce ■ qu’elle Ibit. réduite à moitié. Alors la peau eft ’ prelqu’cnriérement fondue. On pafle la colle en-

core chaude à travers un tamis ou un gros linge ,

j on la lailTe repofer dans un vaf’e, & elle dépofe 1 au fond ce qui peut lui refter de faleté. On la I garde dans un endroit frais & dans un vafe de ■■ terre verniffée. Elle fe dlffoud & fe putréfie i irès-vî :e en été ; on peut la conferveraffez iong-I temps en hiver. Il faut que cette colle ait la i confiftance d’une forte gelée ; ik comme elle j la prend difficilement dans les temps chauds , il 1 faut augmenter confidérablement la dole des rognures.

La colle de parchemin eft beaucoup plus belle que celle de gants.

La colle Ce conferve d’autant mieux qu’elle eft plus forte ; maïs il ne faut pas l’employer danstou’e fa force ; elle noirciroit les couleurs

• & les fêroii écailler. On la coupe avec de l’eau

chaude , on les mêle bien , & on l’employé tou-

jouri chaude. Le degré de chaleur doit être pius

■ fort qaand on peint fur le plâtre. On ne doit cependant jamais l’t mployer bouillante ; elle ter-

! niroit l’éclat i : la vivacité des couleurs, & fe-I 

roit écailler la peinture.

L’eau gommée avec la gomme arabique fait le même effet que la colle, ou plutôu-elle fait un meilleur effet, puifqu’elle donne aux cou-Iturs plu ; de tralcheur & d’éclat. Cette différence n’eu cependant pas affez grande pour la faire D Ë T

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préforer dans les grands ouvrages, dont elle augmenteroit le prix. On la réferve pour les ouvrages en petit fur le papier , le vélin , & même le bois. Si on l’employoit trop forte, elle auroit le même inconvénient que la colle , & feroit de même écailler la peinture.

Nous avons dit qu’on peint à la détrempe fur plufieurs fortes de fonds -, on ne peint guère en grand dans cette manière , fur de gros papiers, que pour faire des cartons de tapiflérie. Si l’on peint fur les murs , il faut d’abord y faire un enduit de bon plâtre , le plus uni qu’il eft poffible. On laiffs bien lécher ce : enduit, Oft y donné enfuite une ou même deux couches de colle bien chaude. Se plus forte que pour dé^ tremper les couleurs. Si les murs font un peu raboteux , on mêle dans la colle du blanc d’ffpagne ou de craie , pour les rendre plus unis par cette impreflîon : on fait même ufage , pour cet effet , de plâtre fufé à l’air & bien broyé. Quand cette couche eft bien féche , on la racle le plus promptement qu’il eft poffible , & l’on peint par deffus. Quand on veut peindre fur bois, il faut y donner de même deux couches de colle, & racler cet encollage pour le rendre bien uni. Dans la peinture en détrempe fur toile, Félibien. vouloir qu’on choisît de vieille toile, demi-ufée & bien unie. Il donnoit pour raifon qu’elle étoic plus douce. Se qu’on n’étoit pas obligé d’y mettre plufieurs couches de colle, qui, danslafuite, pouvoiont faire fendre & écailler lapeinture. Cependant M. Parrocel croyoit la toile neuve préférable. J’ignore s’il avoir autant d’expérience pour la peinture à la détrempe fur toile que fur plâtre. Quoi qu’il en foit, quand la toile eft bien tendue fur des chaffis , il faut , furtout fi elle eft neuve , la frotter avec la pierre-ponce , pour en ôter les nœuds & les inégalités , tk lui-donner ce que les peintres appellent de l’amour, c’eft-àdire, de la dil’pofition à recevoir la peinture. On l’imbibe enfuite avec de la colle chaude, que l’on paffe partout avec une grofle broffe ; le quand la colle eft féche, on y repaffe la pierreponce. Il faut enfuite imprimer la toile d’une couche de blanc de craie avec de la colle : quand l’impreflion eft féche , on y paffe encore la pierre-ponce. Si la toile étoit fort claire , il faudroit y coller du papier par derrière. Pour peindre furie papier, ou fur It vélin, il eft inutile d’employer aucune préparation. Il faudroit cependant coller le papier, s’il ne l’étoit pas. On peindroit mal fur un papier fpongieux.

Le fond fur lequel on doit peindre étant préparé , on y deffine ce qu’on veut repréfenter, avec du charbon tendre & léger, fans appuyer beaucoup-, car il fautfe ménager la liberté d’effacer aifement , & de faire à fon premier trait les changemens que l’on juge convenables. On efface en frottant les traits ayec de la mie de pain raf-