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nateur peu correct, mais qui grouppoit bien, & composoit avec beaucoup de feu. Sa couleur étoit maniérée, mais fière & vigoureuse. Il tenoit les ombres fortes & d’un ton roux.


(69) Adam Van-Oort, de l’école Flamande, naquit à Anvers en 1557. On ne peut garder le silence sur ce peintre, parce qu’il eut l’honneur d’être l’un des maîtres de Rubens. Il auroit surpassé tous ses contemporains, s’il avoit cherché à se former sur de bons modèles : c’est le témoignage que lui rend Rubens, que la brutalité de ce maître obligea de quitter son école.

Van-Oort étoit né avec les plus heureuses dispositions pour l’histoire, le paysage & le portrait : ses compositions étoient animées par le feu de la poésie, & relevées par les charmes de la couleur & l’intelligence du clair-obscur : son humeur ne lui permit pas de joindre l’exactitude du dessin à ces belles parties de l’art. Abruti par la débauche, il ne lui resta plus dans les derniers temps qu’un feu mal dirigé, une couleur brillante & une exécution facile. Il mourut en 1641, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, dans la même ville où il avoit pris naissance. On voit dans les églises de Flandre des tableaux de Van-Oort justement estimés.

R. Sadeler a gravé d’après ce maître deux estampes représentant le Christ sur la croix. P. de Jode a gravé Jésus chez Nicodême, & l’adoration des Bergers.


(70) Henri Goltzius, de l’école Flamande, né au bourg de Mulbrack, près de Venloo, en 1558, mort à Harlem en 1617, à l’âge de cinquante-neuf ans. Des tableaux de Chevalet & des peintures sur verre, ouvrages de ce célèbre graveur, lui méritent une place entre les peintres. Voyez ce qui le concerne, article Graveurs. Cet artiste étoit de la même famille qu’Hubert Goltzius, né à Venloo vers 1520, mort à Bruges en 1583, peintre fort peu connu, mais savant & célèbre antiquaire.


(71) Louis Cardi, dit le Cigoli, ou Civoli de l’école Florentine, né en 1559, au château de Cigoli, territoire de Toscane. Il eut pour maître un peintre à peu-près inconnu, & qui se livroit bien plus à des manœuvres anatomiques qu’à la peinture : mais le jeune Cardi copioit Michel-Ange, André del Sarto, le Pontorme & le Baroche ; & n’eut pas besoin d’autres maîtres.

Il fut choisi pour peindre un tableau dans l’église de St. Pierre de Rome, & c’est dire assez qu’il jouissoit de la plus grande réputation, Il prit pour sujet Saint-Pierre qui guérit


un boîteux à la porte du temple. Il dessinoit bien & d’un grand caractère, & rendoit bien les extrêmités ; son pinceau étoit large & moëlleux ; ses têtes n’étoit pas inférieures à celles du Carrache, & sa couleur étoit plus agréable. On lui reproche de n’avoit pas également réussi dans la peinture des draperies.

Le Cigoli étoit architecte & donna le dessin du palais Médicis dans la place Madama ; il étoit bon musicien & jouoit bien du luth ; ses talens pour la poésie lui obtinrent une place à l’académie de la Crusca. Enfin, c’est sur son modèle qu’a été fondu le cheval de bronze qui porte à Paris la statue de Henri IV, faite par Jean de Bologne. Ce cheval n’est pas beau, & nous n’en parlons que pour rendre témoignage à la grande variété des talens du Cigoli. Cet artiste estimable mourut à Rome en 1613, à l’âge de cinquante-quatre ans. Toujours attaqué par les envieux, il connut peu le bonheur. N. Dorigny a gravé, d’après ce peintre, le tableau de la Basilique de St. Pierre.


(72) Benvenuto da Garofalo, dit Tisio, de l’école Florentine, naquit à Ferrare en 1559. Il eut plusieurs maîtres, mais il dut surtout ses, progrès aux ouvrages de Raphaël & de Michel-Ange, & son admiration pour les talens de ces grands maîtres, lui fit mépriser tout ce qu’il avoit appris dans les autres écoles. Il imita Michel-Ange pour le dessin ; Raphaël, pour la disposition des figures & les draperies ; & se fit un pinceau gras & fondu, & une couleur claire à la fois & vigoureuse. Il mourut aveugle en 1659, à l’âge de quatre-vingt ans.


(73)Marie Tintoretta, de l’école Vénitienne, fille du célèbre Tintoret, naquit à Venise en 1560. Elle a peint le portrait d’un pinceau semblable à celui de son père. Sa manœuvre étoit facile, sa touche vive & légère, sa couleur digne de l’école où elle s’étoit formée. Ses talens furent connus de l’Empereur & du Roi d’Espagne Philippe II, qui la demandèrent ; mais le Tintoret ne put consentir à se voir séparé de sa fille. Il la donna en mariage à un joaillier, à condition qu’elle ne le quitteroit pas. Elle mourut à Venise en 1590, à l’âge de trente ans. On voit un tableau de la Tintoretta au cabinet du Duc d’Orléans. Il représente un homme assis, vêtu de noir, ayant une main sur un livre ouvert qui est posé sur une table, où il y a un crucifix, une écritoire, une pendule & des papiers.


(74) Christophe Roncali, dit le cavalier Pomerancio, de l’école Florentine, né à Pomérancie en Toscane on ne sait en quelle année. Il fut choisi pour peindre au Vatican