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donner un caraflère plus mâle & plus vigoureux à leurs figures ; mais ilsfe trompent, ils prouvent tout au plus qu’ils favent l’anaromie ; quand on veut exprimer la force & la vigueur , il faut choifir un modèle plus robufte, plus nerveux, & le deffiner tel qu’il eft : alors on trouvera bien de la difFét-ence eiure un delTin t’ait d’après nature, & celui que l’on auroit, pour ainfi dire, écorché d’imagination. Ce vice eft d’autant plus dangereux pour ceux qui fe livrent à cette manière, qu’il leur eft prel’que impoffibe par la fuite de s’affujottir à rendre fidèlement les grâces & îa fimpliciîé de la nature ; ainfl on doit donc s’habituer de bonne heure à defliner les objets tels qu’on les voit, en ne fe fervant des lumières que l’on a acquifes que pour en juger fainement.

On fe fcrvira des mêmes principes pour deffiner d’après, nature les femmes , les enfans, en obfervant que les mufcles font moins apparens , ce qui rend les contours très - coulans ; & que les proportions en font différentes. Voyei PI. XIX, XX, XXI, XXII & XXXV, & leurs explications.

Lorfque l’on veut caraâérifer Vejifance , Vadole/cence , la vieillejjl , il faut aufli en faire des études d’après nature , & faire un bon choix des modèles dont on fe lervira. /^oye ? PI. XXI & XXII.

L’expreffion des paffions eft une étude qui demande beaucoup d’application, & que l’on ne doit point négliger , parce que les moindres compofitions ont un objet qui entraîne néceffairement le deflinateiir à donner aux têces de fes figures le caraflère qui leur convient relativement à fon fujet -, mais comment pouvoir deffiner d’après nature les mouvemens de l’ame ? comment pouvoir faifir d’après une l’cèns compofée depiufleurs perfonnes (en fuppofant quele deffinateur y fût appelle) toutes ces fenfations qui les affecîent chacune différemment, fuivant l’intérêt particulier qu’elles prennent au fpectacle qui- leur eft commun , ou âe haine, ou de colère., ou de défefpoir , ou â’étonnenunt, ou ^horreur} Quand on fe propoferolt de ne faifir qu’une de ces exprelïïons , la tentative deviendroit prefqu’impoffible , parce qu’elles ne font toutes produites que par les circonftances d’un moment , que l’inftant d’après dscompofe & détruit, c’eft-à-dire , que tel homme paffera d’un moment à l’autre de la haine à la pitié, de l’étonncment à l’admiration , de la joie à la douleur ; ou que la même paffion fubfiftant, elle fe fortifiera ou s’affoiblira, & que le même rerfonnage prendra, pour un œil attentif , une infinité àe phyùonomies fucceffives. Voilà des diiLcuité^ infurmonrables pour le deffinateur qui le propoferoit d’attraper à la pointe de fon crayon des phénomènes ai.ffi fugitifs ; il n’en eft pas laoips important pour lui d’êfre témoin des DES

différentes fcènes de la vie. Les images le frappât, elles le gravent dans fon efprit, & les fantômes de fon imagination fe réveillent au befoin, fe repréfentent devant lui, & deviennent des modèles d’après lefqueis il cornpofe.

Mais pour tirer un parti fur & facile des richefles de fon imagination , il faut auparavant avoir étudié dans les tableaux , les ftatues & les deffins des inaîtres, qui les ont le mieux rendus, les fignes qu’ils ont trouvés convenables pour exprimer, dans une tête , telle ou telle paffiun. Le deffinaieur confultera auffi fa raifon & fon cœur ^ & ne fera rien que ce qu’il Ilîntira bien. Le célèbre le Brun qui avoit étudié cette partie , nous a lailfé des modèles que l’on peut confulter. Voye les PI. XXIV, XXV & XXVI.

C’eft un objet important dans une figure que les draperies en Ibient jettées naturellement, & que la cadence des plis fe reffente de la nature des étoffes ; on doit donc, autant qu il eft poffible, les deffiner d’après nature & fur un modèle vivant. Cependant comme le medele eft fujet à varier, & que les moindres mouvemens peuvent déranger , finon,la matïe générale delà draperie, du moins la quantité des plis, & leur donner à chaque inftant des formes différentes : il arrive de - là que le deffmate-.ir eft obligé de patTer légèrement fur quantité ^de petits détails importans, pour ne s’attacher qu’au J3U du tout enfemble & à l’effet général, & fuppléor au refte en travaillant d’imagination. Cet inconvénient eft très -grand, & apporte fouvent de grands défauts de vérité dans un deffin -, car il efl effentiel, comme nous venons de le dire , que la forme des plis , leurs ombres & leurs reflets caractérifent la nature & l’efpece del’étoffe, c’eft-à-dire, fi c’eft du linge, du drap , du fatin, &c. Or, comment rendre ce qui appartient à toutes ces efpèces , fi les formes des plis , les lumières, les ombres & les reflets s’évanouilTent à chaque inflant , & ne paroilTent jamais dans leur premier état, fur-tout lorfque les étoffes font légères & .caffantes .’ Voici un moyen dont on fe fert pour étudier plus commodément , & qui eft à’v.n grand fecours fur-tout pour les commençans. On jette une draperie quelconque fur une figure inanimée, maiî de proportion naturelle , que 1 on nomme mannequin. ?’oy£^ PI. VI & VII. On pofe cette figure dans l’attitude j^u’on a choifie : alo-s en en deffine la draperie telle qu’on la voit ; on peut l’imiter dans fes plis, fes ombres, fes lumières Se fes reflets, par la crmparaifon que l’on en fait. Il faat rétérer cette étude fur des étoffes différentes, afin de : ;’h3bitiier à les traiter d :fféremment. Les formes des draperie ^ fe fouyennent davantage dans certaines - étoffes ,