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DÉCALQUER, (v. act.) Après avoir pris le calque d’un ouvrage peint ou dessiné, on le peut décalquer sur un papier ou sur une toile, pour faire une copie exacte de la peinture ou du dessin dont le calque a été levé, ou sur un cuivre vernis, pour s’assurer du trait & n’avoir pas l’embarras de le chercher pendant l’opération de la gravure.

DÉCORATION. Nous ne prenons pas ici se mot dans la signification très-étendue où il embrasse tout ce qui peut décorer une place publique, un édifice, un appartement. Tous les ouvrages des arts peuvent en ce sens être compris sous le mot de décoration. Mais nous resserrons ici ce mot dans la signification de décoration de théâtre, ou de fête publique. Et dans ce sens, relativement à la pratique, nous n’avons rien à ajouter à ce qu’on peut lire à l’article Détrempe. C’est à la détrempe que se peignent les décorations. Celles de théâtre sont composées de feuilles & d’un rideau. Les feuilles forment les côtés ; ce sont des toiles clouées sur des chassis ; le rideau termine le fond, & n’est autre chose qu’un vaste tableau.

DÉCOUVRIR, (v. act.) Terme de gravure à l’eau-forte. Quand la planche est suffisamment mordue, on la découvre, c’est-à-dire qu’on la dépouille du vernis dont elle est enduite. Voyez l’article Gravure.

DÉGROSSIR, (v. act.) Dégrossir un marbre, c’est l’approcher, mais non pas encore de fort près, des formes du modèle composé par le sculpteur. On charge de cette première opération des ouvriers subalternes à qui l’on ne confieroit pas le soin délicat d’avancer l’ouvrage.

DESSIN, (subst. masc.) Ce mot, dans son acception la plus stricte, se borne à signifier les délinéamens ou les traits qui circonscrivent les formes des objets. Mais on l’applique par extension aux ouvrages qui joignent à l’expression du contour, celle des effets du clair-obscur, c’est-à-dire l’imitation de la lumière & de l’ombre. Un dessin très-fini est un tableau d’une seule couleur.

Dans ces sortes d’ouvrages, on suit plusieurs procédés. On dessine ou au crayon rouge qu’on nomme sanguine ; ou à la pierre noire, ou à la


plume, ou au pinceau avec différentes substances délayées dans l’eau.

Quelquefois on dessine au crayon rouge ou noir sur papier blanc, & quelquefois avec l’un de ces crayons sur papier de demi-teinte. Alors on se sert de crayon blanc pour exprimer les lumières, & on laisse travailler le papier pour rendre les demi-teintes. On mêlange aussi ces trois crayons, & c’est ce qu’on nomme dessins aux trois crayons. On y joint encore quelquefois des teintes avec du crayon de pastel, & les dessins alors se rapprochent de la peinture.

On dessine au pinceau avec de l’encre de la Chine ou du bistre sur papier blanc, ou avec l’une de ces substances, ou toutes deux, sur papier coloré, & l’on touche les lumières avec du blanc à l’eau. On fait aussi de ces dessins avec différentes couleurs qui ont peu de corps. La pratique de ces différentes manières s’acquiert par l’usage, auquel ne suppléeroient pas des préceptes écrits ; la théorie de toutes ces manières est la même, elle s’acquiert par l’étude de la nature & par la réflexion. Voyez les articles Crayon, Aquarelle, Lavis, Papier.

Cet article est principalement destiné à renvoyer aux différentes planches qui concernent le dessin. Feu M. Cochin en a dirigé l’exécution ; il a enrichi cette collection de plusieurs dessins de sa main, & sur-tout de la vignette. Elle présente sous un même coup-d’œil les différentes classes par lesquelles on passe successivement pour parvenir à la parfaite imitation de la nature, qui est le but de l’art.

L’art du dessin, né de la sensation qu’ont éprouvé, les hommes dans tous les temps à l’aspect du tableau de l’univers, est l’effet de l’hommage & du respect que nous rendons à la nature & à ses productions. Rien n’étoit si naturel à l’homme, que de chercher à retracer aux yeux de ses semblables une idée nette & ressemblante des objets qui l’avoient affecté, soit afin de perpétuer le souvenir des hommes qu’il regardoit ou comme ses bienfaiteurs, ou comme les bienfaiteurs de l’humanité ; soit pour transmettre à la postérité ces événemens, ces scènes intéressantes, que les circonstances des temps & des lieux, les mœurs, la religion, le costume & la nature du climat varient de tant de manières différentes. Si l’on considère chaque objet en particulier, & combien d’objets concourent ensemble à former un tableau ; quelles


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