Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/466

Cette page n’a pas encore été corrigée

456 COU COU


attaque avec plus de fureur & de promptitude, c’est le gaz inflammable. Tous les chymistes savent combien ce gaz dénature & altère les chaux métalliques, & quels singuliers changemens il fait naître dans leurs couleurs. Toutes les chaux blanches, celles d’arsenic, de régule d’antimoine, de bismuth, de zinc, d’étain, & de plomb, sont brunies ou noircies par le contact de ce fluide aëriforme. On sait, d’après ce fait chymique, pourquoi il faut éloigner des couleurs & des tableaux, les œufs chauds, les dissolutions hépatiques & métalliques, les vapeurs des latrines, celles des ateliers où l’on prépare des matières animales, les charbons embrâsés, la fumée, les substances en putréfaction, &c. Dans tous ces phénomenes, il se dégage du gaz inflammable, dont l’action sur les couleurs est d’autant plus à craindre, qu’il est plus prompt & plus certain.

(Cette note a été trouvée dans les papiers de M. Watelet ; mais elle n’étoit ni de sa main, ni de celle de son copiste. Elle lui avoit été sans doute fournie par l’un des savans chymistes avec lesquel, il entretenoit des liaisons.)

COUPE (subst. fem.) Terme usité dans la gravure au burin & dans la gravure en bois. On dit d’un graveur au burin qu’il a une belle coupe ; on admire dans quelques estampes une belle coupe de burin. On dit franchise de coupe, pour exprimer la liberté avec laquelle le burin a coupé le cuivre C’est par la franchise & la beauté de la coupe que Balechou a excité l’admiration des amateurs, admiration qu’en général les artistes n’ont point partagée.

« La coupe, dit M. Papillon, dans l’ancienne Encyclopédie, est, dans les principes de la gravure en bois, la première & l’une des principales opérations où le coup de pointe est donné & enfoncé dans le bois avec la pointe à graver, en tirant, de gauche à droite, la lame appuyée devers soi sur le plan incliné du biseau qui forme le taillant de cet outil, afin de préparer le bois à l’endroit où cette coupe se fait, à pouvoir ensuite être enlevé par la recoupe à la seconde opération de la gravure. »

COUSSINET, (subst. masc.) C’est un petit coussin de cuir ou de peau, rempli de sable fin ou de cendre, épais & large à la volonté de l’artiste. Les graveurs au burin ont besoin de cet ustensile. Comme ils sont obligés souvent de tourner le cuivre, il ne faut pas qu’il soit posé à plat sur la table : mais ils en jouissent plus aisément quand il est posé sur un coussinet, & le prenant par un des angles, ils le sont tourner à leur gré. Il est assez indifférent que le coussinet soit rond ou quarré ; mais l’usage qu’on en fait exige qu’il ait la surface plane.


COUTEAU à couleur : la lame en est droite, longue de sept à huit pouces, égale des deux bords, peu tranchante, arrondie à son extrêmimité, mince & ployante. Les peintres se servent de ce couteau pour placer les teintes sur la palette, peur les ramasser sur la pierre à broyer, ou pour les enlever de dessus la palette.

Le couteau à couleur des peintres en émail est plus petit, plus fin, plus tranchant ; mais il a la même forme & les mêmes usages.

COUVRIR, (verbe act.) C’est un terme de la gravure à l’eau forte. Quand les travaux les plus délicats ont été suffisamment creusés par l’acide, il faut les couvrir ; ce qui se fait avec du vernis mêlé de noir de fumée, ou avec un corps graisseux, tel que le suif, aussi mêlé de noir.

CRAIE, (subst. fem.) Pierre calquaire, plus ou moins friable, farineuse, privée de saveur & d’odeur, communément blanche, s’attachant à la langue, attirant & absorbant l’humidité de l’air. Pulvérisée, tamisée, lavée, bien purifiée, elle fournit un blanc qui est d’usage dans la peinture en détrempe.

CRAYON, (subst. masc.) Il est aisé de voir que ce mot dérive de craie, parce que la craie fournit des crayons blancs à l’usage de plusieurs artistes & de plusieurs artisans. Les peintres se servent de ces crayons pour tracer leurs sujets sur la toile, & les dessinateurs pour rehausser de blanc leurs dessins sur papier de demi-teinte. On les fait sans autre préparation que de scier la craie en morceaux longs de quelques pouces, à-peu-près quarrés, & gros comme le petit doigt ou un peu moins : on taille ces morceaux en pointe.

Les deux autres crayons dont on fait le plus d’usage, dans l’art du dessin, sont le crayon rouge & le crayon noir.

Le crayon rouge est fait de sanguine, pierre d’un rouge plus ou moins foncé & friable, mais moins que la craie. On croit que c’est une espèce d’ochre de fer, précipitée dans une terre argilleuse & mêlée à une hæmatite décomposée. On la scie & on la taille comme la craie, pour en former des crayons.

Le crayon noir se taille dans une pierre schisteuse, noire, tendre & friable. On emploie des crayons noirs tendres, & des crayons noirs durs. Avec les premiers on dessine à l’estompe, avec les seconds en hachant & grenant. Quelquefois, dans un même dessin, on fait un mêlange du crayon rouge, du crayon noir dur & tendre, & du crayon blanc.

Les dessinateurs se servent aussi quelquefois du crayon de mine de plomb, mais il est encore plus à l’usage des particuliers de tout état qui


l'emploient