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CON COQ 453

des cercles à l’encre : la troisieme est un portecrayon meublé de son crayon.

Les sculpteurs & quelquefois les graveurs se servent d’un compas dont les branches se courbent & viennent se rencontrer. Il en sera parlé à l’article SCULPTURE.

CONTR’ÉPREUVE. Voyez l’article CONTR’ÉPREUVE dans le dictionnaire de la Théorie des arts. Nous ne répétons ici ce mot que parce que nous avons omis dans l’article que nous indiquons, une opération nécessaire : celle de mettre sous le dessin que l’on veut contr’épreuver, ou sous l’estampe encore fraîche, une planche de cuivre non gravée, ou qui oppose au dos de l’estampe ou du dessin le côté qui n’est pas gravé.

CONTRE-TAILLE. (subst. fem.) Les contre tailles sont des tailles qui en croisent d’autres quartément ou en lozange : elles sont également en usage dans la gravure à l’eau forte, au burin, & en bois. Les graveurs les appellent plus ordinairement secondes & troisièmes tailles, &c. suivant le nombre de tailles dont ils croisent les premieres qu’ils ont établies.

« Les contre-tailles sont d’autant plus difficiles à faire, dans la gravure en bois, dit M. Papillon dans l’ancienne Encyclopédie, que chaque quarré qu’elles décrivent doit être coupé des quatre côtés, & le bois du milieu enlevé, sans que les croisées des tailles où la pointe aura passé en faisant nécessairement deux coups, soient ébrechées : d’où l’on doit sentir que pour faire des triples tailles en cette espèce de gravure, il faut encore plus d’attention & d’adresse ; car les trois coupes qui préparent à les faire, passant dans les croisées des unes & des autres, les rendent sujettes, si l’on n’y prend garde, à enlever quelques traits, & à rendre les triples tailles ce qu’on appelle pouilleuses, c’est-à-dire, coupées & cassées par-ci par-là & interrompues ; accident qui peut arriver aussi aux contre-tailles, & c’est particulièrement à ces opérations que les commençans échouent, de même que les graveurs médiocres, qui ne savent point diriger comme il faut la pointe à graver. »

On ne soupçonnera pas M. Papillon, artiste exercé dans la gravure en bois, d’avoir exagéré à cet égard les difficultés de son art ; la plus folble théorie de cet art suffit pour faire reconnoître qu’elles existent : mais ne pourroit-on pas dire qu’il est bon de les éviter autant qu’il est possible, & que la gravure en bois ne réussit jamais mieux que lorsqu’elle n’emploie qu’une seule taille ? Mellan, célèbre par ses gravures au burin à tailles non croisées, est peut-être le meilleur modele que puissent se proposer les graveurs en bois. Ils trouveroient aussi de beaux exemples de plus petite proportion dans les estampes de Spier, & pour le très-petit dans le Clerc, &c.

COQUILLES (subst. fem.) Les enlumineuses ; les peintres éventallistes & quelques peintres à gouazze en petit se servent de coquilles de moules de riviere pour mettre leurs couleurs.

COQUILLES. (Or en coquilles.) Il est ainsi nommé, parce que, réduit en poudre, il se met dans de semblables coquilles. Voyez Or.

COUCHE. (subst. fem.) On appelle ainsi une teinte de couleur posée en une seule fois & à plat sur une surface. Cette expression n’est en usage que pour l’impression des toiles & des panneaux, destinés à recevoir de, la peinture, ou pour la peinture d’impression. On ne dit pas d’un peintre artiste qu’il met sur son tableau plusieurs couches de couleur ; mais qu’il le repeint à plusieurs fois.

COUCHER les couleurs. On doit employer les couleurs avec propreté, & coucher les principales teintes à leur place, sans les mêler avec le pinceau ou avec la brosse ; on en met ensuite entr’elles d’autres qui participent des unes & des autres, & on finit par les unir plutôt par application que par frottement. Ce qui fait que les couleurs ne paroissent point fraîches, ou qu’elles ne conservent pas longtems leur éclat & leur beauté, c’est que le peintre les tourmente quelquefois trop en les travaillant. En les brouillant ainsi, il s’en trouve qui altèrent les autres, les corrompent, & en émoussent la pointe & la vivacité.

Il faut encore avoir bien attention de ne pas mêler ensemble les couleurs qui sont ennemies entr’elles, ou qui sont capables de corrompre les autres par leur extrême pesanteur, comme les noirs ; ou par leur mauvaise qualité, comme le noir de fumée, le verd de gris, & quelques autres qu’on doit employer à part, si l’on est forcé de s’en servir. Lors même qu’il est cécessaire de donner plus de force à quelque partie d’un ouvrage, on doit attendre qu’il soit sec, siies couleurs avec lesquelles on veut le retoucher sont capables de nuire aux autres. Il y a des peintres gui ne sont point toutes ces observations ; elles sont néanmoins très — nécessaires pour conserver la beauté du coloris.

Ceux qui travaillent avec jugement, couchent les couleurs à petits coups & sans précipitation. Ils les mettent plus épaisses aux carnations, les couvrant & recouvrant plusieurs fois, ce que