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mation, de la même manière, à-peu-près, que la neige du régule d’antimoine, & elle vaut encore mieux. Cette suie, du plus beau blanc, se forme quand on enflamme le zinc, & se rassemble dans le vase & contre les parois du couvercle. Mais il y a souvent des floccons jaunes ou gris : il faut choisir les fleurs les plus blanches, & même les purifier de la même manière que la craie, afin de précipiter au fond de l’eau toutes les parcelles du métal, qui, sans se convertir en chaux, se seroient élevées avec les fleurs. Au surplus, je dois prévenir qu’on ne doit pas faire ces fortes de sublimations dans un lieu trop fermé. La fumée en est suffocante comme la vapeur du charbon. Les fleurs de zinc ont même passé pour avoir de l’éméticité ; mais cet effet est assez douteux. Rien ne prouve du moins qu’elles, l’aient produit, quand on n’en a pas pris en substance, & jamais ceux qui les préparent ne se sont plaints d’en avoir été incommodés.

Les peintres à l’huile, ajoute notre auteur, trouveront peut-être que les blancs dont je viens de parler ne sèchent pas assez vîte, & voudront les gâter avec leur huile siccative. En ce cas, ce ne seroit pas la peine d’employer d’autre blanc que celui dont ils ont coutume de se servir, puisque cette huile est préparée avec des chaux de plomb, telles que le minium, le sel ou sucre de saturne, la litharge, ou même avec de la couperose blanche, qui n’est que du zinc dissout par l’acide vitriolique ; ce qui ne vaut pas mieux, attendu l’extrême disposition de l’acide vitriolique à se rembrunir. Ainsi tout cela reviendroit au même.

Le moyen d’avoir une huile qui séche bien, c’est de faire concentrer un peu celle de noix, en la faisant bouillir une heure au bain-marie. On peut encore en essayer d’autres. Je me contenterai d’indiquer celle de copahu : nette, limpide, odoriférante, cette huile m’a paru sécher très-vîte, même avec les couleurs les moins siccatives ; on pourroit y mêler un peu d’huile de noix ou de lin. Mais après tout, les blancs que je viens d’indiquer séchent en fort peu de temps, quoique, peut-être, un peu moins promptement qu’avec le secours de la litharge & de, autres préparations de saturne.

Blanc de chaux. Il est d’un grand usage pour la fresque. Il se fait avec de la chaux éreinte depuis un an, s’il est possible, ou depuis six mois au moins. Élle doit être restée à l’air pendant tout ce temps. On la délaye dans de l’eau pure, un la passe au ramis de crin, & on la laisse reposer dans un vase capable de contenir une assez grande quantité d’eau. On décante l’eau, & l’on conserve le blanc qui s’est déposé au


fond. Il faut le tenir à l’abri de la poussiere.

Blanc de marbre pour la fresque. On préfere en Italie le blanc de marbre de Carrare. On le pile, on le réduit en poudre très-fine, & on le mêle avec une plus ou moins grande quantité de blanc de chaux. Il est plus sage d’excéder dans la quantité de la chaux, que dans celle du marbre.

Blanc de coquilles d’œufs, excellent pour la fresque ; il peut servir aussi pour la gouache & la miniature, & l’on en seroit de bons pastels. Il faut rassembler une grande quantité de coquilles d’œufs, les nettoyer, les réduire en poudre, & les faire bouillit dans de l’eau avec un peu de chaux vive. On leur fait égoutter l’eau dans un tamis, on les lave encore à l’eau claire, on les pile encore une fois, on les relave, & on les fait égoutter de nouveau. Ces lavages doivent se réitérer jusqu’à ce que l’eau sorte aussi claire qu’au montent où on l’a versée. Alors on broye le blanc sur le porphyre, on le réduit en pâte très-fine, & on en fait de petits pains qu’on laisse sécher au soleil, ou à l’ombre, mais dans un lieu non fermé. Si on enfermoit ce blanc pendant qu’il auroit encore de l’humidité, il se corromproit, & exhaleroit une odeur insupportable.

Blanc de platre. Il se fait avec du plâtre bien battu, qu’un passe à un tamis très fin, & qu’on affine à force de le noyer dans l’eau. On en forme ensuite des pains qu’on laisse sécher ; on le délaye dans l’eau pour s’en servir, & on l’applique à plusieurs couches sur les ouvrages en bois destines à être dorés. M. Warin, homme du métier, ne parle pas de ce blanc dans son art du Doreur ; il prescrit d’employer pour cetteopération, le blanc d’Espagne ou de Bougival.

Blanc de roi, dans la langue des Peintres de bâtimens. est du blanc de plomb & de la céruse, mêlés en quantité égale, auxquels on ajoute un peu de bleu d’indigo.

Blanc des carmes : c’est le plus beau que l’on employe pour blanchir les murailles. Il faut, dit M. Watin, que nous suivrons dans tout ce qui concernera la peinture des bâtimens, avoir une grande quantité de la plus belle chaux qu’on puisse trouver, & la passer par un linge bien fin. On met cette chaux dans un baquet ou cuvier de bois, garni d’un robinet à la hauteur de l’espace qu’elle occupe. On remplit la cuve d’eau claire de fontaine, on bat bien la chaux avec de gros bâtons, & on la laisse reposer pendant vingt-quatre heures.

Alors on ouvre le robinet, on laisse couler l’eau qui a dû surnager la chaux de deux doigts