Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/446

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

436 BLA BLA


lorsqu’on le destine à la détrempe, on veut le mettre à l’huile, il faut, après l’avoir broyé pour la quatrième fois, y incorporer de l’huile d’œillets très-blanche, en battant le blanc à petits coups répétés, pour en faire sortir l’eau que l’huile remplace. On le rebroye ensuite très-fin par petites parties ; on le dépose dans un pot de terre vernissé, en mettant’un demipouce d’eau par-dessus le blanc pour qu’il se conserve & qu’il ne s’y forme pas de peau.

Le blanc de plomb préparé à l’eau est plus blanc & plus fin, que si on le broyoit tout de suite à l’huile. Le meilleur venoit autrefois de Venise ; cette branche de commerce a passé dans les mains des Anglois & des Hollandois. C’est de nous qu’ils achètent le vinaigre & souvent même le plomb, & ils nous revendent ensuite très-cher les matières premières que nous leur avons cédées à bon prix. Cependant la fabrique du blanc de plomb est simple & ne devroit pas être capable d’effrayer notre industrie : il nous seroit aisé d’établir des fabriques en concurrence avec ces nations rivales, & de partager avec elles, & même de leur enlever peut-être par l’infériorité du prix, un bénéfice dont elles se sont emparées.


Le Blanc de céruse n’est autre chose que le blanc de plomb mêlé avec de la craie ou de la marne. M. Warin ne pense pas qu’on réussît à faire de belle céruse avec la marne ou la craie que la France produit ; il les croit trop légères & trop friables, & incapables de donner à la céruse assez de consistance. Nous la recevons des Hollandois ; elle est lourde ; elle a beaucoup de corps, & notre craie qui en manque ne seroit pas capable de lui en procurer : il faut que celle des Hollandois tienne à cet égard da la nature des ochres. La céruse se distingue du blanc de plomb par sa couleur qui est moins blanche, & par son poids qui est plus foible à volume égal. Elle se mélange avec les autres couleurs, leur donne du corps, & les rend plus siccatives.

Ces blancs tirés du plomb ont de grands inconvéniens, dit l’auteur du traité de la peinture au pastel. Indépendamment des altérations qu’ils causent à la santé quand ils sont employés en grand, comme dans la peinture des bâtimens, ils ont, comme beaucoup d’autres chaux métalliques, le défaut de noircir dans des lieux exposés à des vapeurs capables revivifier leur principe de métallisation. L’huile même qui paroît les envelopper, n’est pas capable de les défendre contre ces malignes influences. En un infant la vapeur du foie de souffre fait pousser au brun le blanc de plomb le plus pur. C’est ce qui a engagé cet auteur à chercher des blancs qui n’eussent pas ce défaut, & il croit que le suivant rêpondroit à ses vues.



Blanc de régule d’antimoine. Il existe, dit-il, une autre chaux métallique toute préparée, & qu’on peut employer à l’huile, sans aucun des inconvéniens attachés aux préparations du plomb. C’est la neige ou fleurs argentines du régule d’antimoine. c’est-à-dire, la chaux de ce demi-métal sublimé par le feu. Cette neige, lorsqu’elle est recueillie avec soin, fournit un blanc superbe. Elle a tout le corps nécessaire à l’huile, & n’est point si, susceptible d’altération, quoique beaucoup d’autres chaux produites par ce demi-métal, soient très-sujettes à noircir, telles que le bésoard minéral, le précipité rouge, la metière perlée, & plusieurs autres. En général, les chaux métalliques obtenues par voie de sublimation, ne & génèrent point. On trouve de cette neige à Paris chez presque tous ceux dont la profession a quelque rapport à la chymie, tels que les maîres en pharmacie. Mais il faut choisir ; car elle n’est pas très-blanche ou très-pure chez quelques-uns. Suppose qu’on ne fût pas à portée de s’en procurer, voici comment on pourroit la faire.

« Mettez du régule d’antimoine, par exemple, une livre, dans un creuset dont l’ouverture soit un peu large. Que cette ouverture soit séparée du foyer par quelque corps intermédiaire, afin que la poussière du charbon ne puisse pénétrer dans le creuset. Assujettissez-le, pour cet effet, avec des tuileaux dans une situation inclinée ; enfin couvrez-le d’un autre creuset semblable, & faites rougir à blanc celui qui contient le régule. En très-peu de temps le couvercle se remplira de très-petites paillettes blanches & brillantes. qu’on peut ramasser en mettant un autre couvercle à la place du premier. C’est la neige dont il s’agit. Il faut continuer le feu, jusqu’à ce que tout le régule se soit converti de la sorte en flocons de neige ou de fuie blanche. On doit prendre garde qu’il ne s’agit pas d’antimoine crud, mais de régule d’antimoine. »

Voici encore un autre blanc que propose le même écrivain, dont l’ouvrage est rempli de recherches utiles à l’art. Il est à souhaiter que les artistes en vérifient l’utilité par des épreuves.


Blanc de fleurs de Zinc. On peut, continue-t-il, se servir aussi de ce que les alchimistes avoient nommé Pompholix, nihil album laine philosophique, en un mot, des fleurs de zinc. Les vapeurs les plus méphitiques, le feu même, ni le contact du foie de soufre ne leur causent pas la moindre altération. Je garantis en un mot les fleurs de zinc comme le meilleur blanc qu’on puisse employer à l’huile. Ces fleurs ne sont autre chose que le chaux de ce demi-métal, qu’on obtient aussi par subli-