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ployé par l’artiste pour produire une teinte vigoureuse.

Mais de quelque manière que l’on se serve des mots vigueur & vigoureux dans l’art, ils font toujours l’éloge du morceau dont on parle.

(Article de M. Robin.)

VIVACITÉ (subst. fem.). Ce mot n’appartient point à l’art, & s’il y est quelquefois appliqué, c’est dans la même signification que dans la langue commune. On peut même ajouter que les artistes en font peu d’usage. Au lieu de dire que la couleur a de la vivacité, ils disent qu’elles a de l’éclat, de la force. Au lieu de louer la vivacité d’action dans les figures d’un tableau, ils disent qu’elles ont du mouvement, qu’elles ont un beau, un grand mouvement. (L.)

UNION, (subst. fem.) Ce mot peut être pris pour l’accord donc on a traité au long sous la première lettre de ce dictionnaire, & alors il peut s’entendre de toutes les parties de l’art ; en effet il faut non seulement de l’union dans les tons & dans les teintes d’un tableau ; il en faut aussi dans ceux d’une estampe, dans toutes les parties qui composent un ouvrage de sculpture, & dans celles qui sont relatives au dessin.

Mais le sens propre de l’union dans la peinture est surtout applicable au Coloris Pour en sentir toute la valeur, il faut établir pour principe que chaque objet de la nature à une couleur générale, une teinte universelle qui lui sont particulières : il y a plus ; chaque partie d’un visage, par exemple, a sa teinte spéciale. Ainsi dans une peau fine, la couleur brillante & argentine du front, est différente de celle qui entoure les yeux, toujours un peu plus violâtre, de celle des joues, ainsi du reste. Ajoutons que la différente exposition de ces parties sous les divers rayons de la lumière y apporte encore des variétés. De tout cela il suit qu’il doit y avoir une approximation telle dans toutes les teintes qui s’employent dans chacune de ces parties, que si le peintre mettoit sur le front, par exemple, une de celles qui appartiennent aux joues, il n’y auroit plus d’union entre ces teintes. D’un autre côté, si de ces teintes destinées pour peindre le front il mettoit, dans la masse lumineuse, quelqu’une de celles qui doivent appartenir aux parties fuyantes, il n’y auroit plus d’union dans les tons.

Ce que nous venons de dire pour une partie de détail, par rapport au coloris, est applicable à de plus grandes parties d’un ouvrage de peinture : c’est ainsi qu’il faut de l’union dans le fond, dans les tons d’un ciel, dans ceux d’une terrasse. &c &c. (Article de M. Robin.)


UNIVERSALITÉ (subst. fem.) C’est une qualité nécessaire au peintre d’histoire. Suivant le sujet qu’il doit traiter, il faut qu’il sache représenter du paysage ou de l’architecture. Il peut être obligé de peindre des chevaux, des chiens, des tygres, des lions, des serpens. Les armes guerrières, les ustensiles des cérémonies sacrées, entrent souvent dans ses ouvrages. Enfin il est peu d’objets de la nature morte ou vivante qu’il ne puisse être obligé de peindre.

Raphaël avoit cette universalité. « Non seulement, dit Félibien, il avoit la conduite des peintures, mais il ordonnoit encore, dans le palais du pape, de tous les ornemens de stuc ; il fournissoit les dessins pour la menuiserie ; enfin, il n’y avoir point d’ouvriers sur lesquels il n’eût une entière direction. » Le Brun se chargea de diriger tous les détails dans les maisons de Louis XIV. Statues, serrurerie, orfêvrerie, tout se faisoit sur ses dessins.

Il est très-utile au peintre d’histoire de faire des études, ou du moins des esquisses de tous les objets qu’il rencontre, & qu’il n’aura peut être pas occasion de revoir s’il se trouve un jour dans la nécessité de le représenter dans quelqu’ouvrage.

Les artistes de l’antiquité ne se piquoient pas d’être universels : la figure humaine étoit souvent pour eux l’unique objet de leurs études ; on leur pardonnoit de négliger les accessoires. Les modernes n’ont pas la même indulgence. (L.)

VRAI (le) (subst. mas.) Rien n’est beau que le vrai, le vrai seul est aimable. Le vrai est de l’essence des beaux arts, & torts les avantages qui lui sont attribués, leur appartiennent aussi.

Sans le vrai l’art est nul. La fonction spéciale de l’art étant du parler aux yeux, son but est manqué s’il ne leur présente le vrai.

C’est par lui seul que l’art peut nous montrer les élémens, les saisons, les climats, les distances, les corps, les habitations, les rangs, les caracteres ; & c’est lui. qui donne les nuances aux passions.

Sans le vrai, l’art n’a rien exprimé ; il ne peut alors être ni jugé ni senti.

C’est dire combien un artiste est voisin de la perfection, que de louer sa supériorité dans le mérite d’être vrai : s’il ne la possède pas il n’y a plus d’ensemble, de sagesse, de variété, de simplicité, de grand, ni de mouvement dans ses ouvrages. D’où il suit que malgré tous ses efforts, l’artiste qui laisse voir des parties symmétriques où il faut des contrastes qui, par systême ou par manie met indifféremment de l’agitation dans toutes les figures, ou qui ne leur fait pas exprimer tout ce qu’elles doivent sentir : cet


artiste