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on pouvoit cependant passer les bras à volonté. La figure est chaussée de sandales dans la forme de celles que nous avons vues aux recollets, qui avoient sous la pointe du pied une élévation semblable à celle du talon. Elle a des bas ou du moins des chaussettes. Elle écrit avec une plume sans barbes, ou avec un chalumeau taillé comme nos plumes. L’encrier est octogone, & est percé de quatre trous destinés à recevoir des plumes. La lame du canif est recourbée en forme de croissant, comme quelques uns de ceux que l’on fabrique en Allemagne & en Angleterre. Tout ce costume appartient vraisemblablement au bas-Empire.

La toge étoit le manteau des Romains. Quoiqu’on la trouve sur plusieurs statues & sur plusieurs bas-reliefs, on dispute sur sa forme, parce qu’elle est d’une ampleur & qu’elle fait des plis qui empêchent d’en suivre la coupe. Denys-d’Halycarnasse dit qu’elle avoit la figure d’un demi-cercle. Winckelmann pense que cet histoirien n’a voulu parler que de la forme qu’elle prenoit sur le corps, & il soupçonne qu’ainsi que les Grecs, les Romains mettoient souvent ce manteau en double. Il a raison d’ajouter qu’il suffit aux artistes, sans en connoître précisément la coupe, d’étudier la forme qu’elle prend sur les statues antiques qui en sont vêtues. Il ajoute, pour l’instruction des peintres, qu’elle étoit blanche.

Il ne faut pas négliger ce qu’il dit sur le jet de la toge qu’on nommoit cinctus gabinus, & qui étoit en usage dans les cérémonies sacrées & surtout dans les sacrifices. La toge étoit alors relevée jusques par dessus la tête, « de sorte que le pan gauche, laissant l’épaule droite en liberté, descendoit sur l’épaule gauche & alloit sur la poitrine, où les deux bouts étoient passés l’un dans l’autre, de manière pourtant que la robe descendoit jusqu’aux pieds. C’est ce qu’on voit sur un bas-relief de l’arc de Marc-Aurèle, où cet empereur est représenté faisant un sacrifice. »

« Lorsque les empereurs, ajoute-t-il, sont representés avec une partie de la toge relevée sur la tête, ils désignent par cet ajustement la dignité sacerdotale. Parmi les dieux, Saturne est ordinairement figuré la tête couverte jusqu’au sommet. En fait de figures divines, il ne se trouve, si je ne me trompe, que deux exceptions à cette remarque. La première concerne un Jupiter, nommé le chasseur, exécuté sur un autel de la Villa-Borghese, & monté sur un centaure : il a la tête couverte de la manière en question. Pluton, sur une peinture du tombeau des Nasons, nous offre la seconde exception. »

On peut cependant objecter à Winckelmann qu’une figure peur avoir la tête couverte d’une partie du manteau, sans être dans la fonction


de faire un sacrifice. Les anciens, dans la douleur, se cachoient le visage de leurs manteaux : ils se couvroient aussi la tête de leurs manteaux pour se garantir des injures du temps.

La prétexte étoit une robe bordée de pourpre. On la donnoit aux enfans de qualité quand ils entroient dans l’adolescence. Elle étoit aussi l’attribut de quelques magistratures surtout dans les colonies. On ne la peut voir représentée sur les statues, non plus que le laticlave, parce que le marbre ne rend pas les couleurs.

Des figures de l’arc de Constantin prouvent qu’au moins dans les siècles inférieurs, on donna de longues & larges manches aux tuniques. On portoit alors en écharpe une large bande, à la manière dont les modernes portent les cordons des grands ordres. On voit de ces bandes à l’empereur, aux officiers qui l’entourent, & à des hommes confondus dans la soule, & qui implorent les libéralités du souverain.

Quoique les anciens eussent communément la tête nue, ils connoissoient cependant différentes sortes de chapeaux, dont ils faisoient surtout usage à la campagne, & que les Grecs nommoient cynée, pilion, sciadion. On voit, sur un bas-relief, un cavalier coëffé d’un chapeau semblable à ceux des nôtres dont les bords sont rabbattus. Le pileus étoit un bonnet rond, ou un chapeau sans bords : le petasus étoit un chapeau à bords fort étroits. Le cucullus ressembloit beaucoup au capuchon des capucins. Au moyen de rubans dont on garnissoit le chapeau, on pouvoit l’attacher sous le menton ; c’est ainsi qu’est représenté Thésée sur un vase de terre cuite à la bibliotheque du Vatican. Quand on vouloit aller nue tête, on rejettoit le chapeau sur les épaules, & il y restoit suspendu par les rubans. Les bergers portoient des chapeaux ; c’est même un des caractères de la vie pastorale. Ceux qui montoient des chars aux courses du cirque à Rome, portoient des chapeaux pointus, en forme de pains de sucre.

Il faut étudier sur les monumens les chaussures antiques, qui toutes fort simples, prenoient cependant une grande variété de formes. Les anciens avoient des souliers entiers qui enveloppoient le pied, & qui étoient quelquefois brodés en or ; ils en avoient qui consistoient en une semelle avec des bords à l’entour de la largeur d’un doigt, & un cuir qui soutenoit le talon ; ces chaussures étoient lacées sur le cou-de-pied par des bandes de cuir qui partoient de la semelle. Ils avoient des souliers tissus de cordes, tels qu’on en voit au cabinet d’Herculanum ; ils en avoient de cuir qui montoient jusqu’à mi-jambe, & étoient des espèces de botines ; ils avoient des sandales consistant en une semelle retenue par des courroies. Elles étoient composées quelquefois de cinq semelles