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Marciana, conservée dans la Villa-Panfili, la représente avec un ornement du même genre, mais en forme de croissant. On sait que, du moins chez les Romains, les colliers étoient une parure des deux sexes, & que quelquefois ils étoient le prix des belles actions.

Les bracelets étoient des cercles élastiques de métal ; cet ornement devoit être assez incommode. Comme on portoit des tuniques à manches fort courtes, un mettoit les bracelets au haut du bras ; on en portoit aussi au dessus du poignet. La nymphe antique endormie, fameuse sous le nom de Cléopâtre, a un bracelet en forme de serpent, ce qui l’a fait prendre pour un aspic.

Les jambes avoient aussi leur parure, qui consistoit en un anneau ou une bande, placée au dessus des chevilles. Quoique l’on donne cette parure aux bacchantes, elle n’est pas étrangère à d’autres sortes de figures : on la voit à deux victoires sur un vase de terre cuite qui appartenoit au célèbre Mengs ; elle fait cinq fois le tour de la jambe.

L’habit de dessous, pour les hommes comme pour les femmes, étoit la tunique ; mais celle des hommes étoit plus courte. Elle étoit composée de deux pièces d’étoffes, droites & plus ou moins longues, couues ensemble. On laissoit une large ouverture en haut pour passer la tête, & deux plus étroites aux côtés pour passer les bras. souvent elle n’avoit pas de manches, mais la partie qui couvroit le haut des bras en avoit l’apparence. On en voit cependant qui ont des manches courtes descendant à-peu-près à la moitié de la partie supérieure du bras. Une statue de sénateur, dans la Villa-Négroni, a une tunique à manches courtes. Sur la plupart des monumens, on ne voit que la partie de la tunique qui couvre la poitrine, parce que le reste est caché par le manteau.

On trouve dans les auteurs différens noms qui désignent différentes espèces de manteaux.

Celui qu’on appelloit chlamyde étoit un vêtement de guerre, & étoit en usage dès les temps héroïques. La chlamyde couvroit l’épaule gauche sur laquelle on l’attachoit au moyen d’une boucle, d’une agrafe, ou d’un bouton. Elle étoit arrondie dans sa partie inférieure. Dans les représentations de Castor & de Pollux, elle est déployée sur les épaules, & attachée avec un nœud sur la poitrine. Elle étoit affectée aux jeunes gens chez les Athéniens, & ils la portoient peut-être à la manière des Dioscures, jeunes demi-dieux.

Le paludamentum des Romains étoit la même chose que la chlamyde, ou du moins il avoit le même usage & à-peu-près la même forme. Les empereurs eux-mêmes ne le porterent qu’à la guerre jusqu’au temps de Gallien.

Quoique Winckelmann ait cru avoir trouvé


la forme de la chlœna des Grecs, de la lœna des Latins, je pense qu’il est difficile de la connoître. Il en fait un manteau court, & je crois qu’il étoit ample, fort commode, & qu’il servoit, en quelque sorte, de déshabillé. Si cela est vrai, on peut supposer qu’il ne parôit sur aucun monument. Il étoit connu dès les temps héroïques, & Homère en parle souvent. Il donne à la chlœna tantôt l’épithete de grande, tantôt celle d’épaisse : il nous apprend qu’elle étoit destinée à garantir du froid, à défendre contre le vent. En un mot, il en fait une espèce de redingote. Au reste il se peut qu’il y ait eu plusieurs sortes de chlœna. Les antiquaires à venir se tromperoient beaucoup, s’ils vouloient établir la forme de tous nos manteaux, de toutes nos redingotes, d’après celle de quelques redingotes & de quelques manteaux qui aura été conservée par les ouvrages de l’art.

On connoît, par les monumens, de longs manteaux grecs & les artistes doivent les étudier : mais ils ne peuvent se flatter de connoître tous ceux qui étoient en usage. On peut croire que l’himation, le pharos, le tribonion, &c, différoient par la forme ainsi que par le nom. Il y eut des manteaux nommés doubles ; il y en eut qu’on appelloit simples. Depuis Auguste, les Romains porterent indifféremment le manteau grec & les Grecs la toge. Les Latins appellèrent le manteau grec pallium, & les Grecs adopterent eux-mêmes ce nom.

En général, les manteaux que l’on voit aux statues n’avoient point de collets. Ils étoient amples & longs. Quelquefois ils étoient découpés en languettes sur les bords. Les philosophes cyniques portoient le manteau nommé tribonion, & le revêtoient immédiatement sur la chair. Il avoit peu d’ampleur & ne descendoit pas fort bas. Winckelmann prétend que le manteau des cyniques étoit de ceux qu’on appelloit doubles. S’il a raison, ce mot double s’appliquoit à la grossièreté de l’étoffe ; car le manteau des cyniques n’étoit pas doublé. On aura donc appelle simples, aploi, les manteaux d’une étoffe fine & légère.

Montfaucon a trouvé, dans un manuscrit de Denys d’Halycarnasse, un dessin qui représente cet historien. Le manuscrit & le dessin qui l’accompagne, sont de la bibliotheque du prince Chiggi à Rome & paroissent être du dixième siècle ; mais Montsaucon suppose que la représentation de l’historien a éte copiée d’après un original beaucoup plus ancien. L’historien grec, qui vivoit du temps d’Auguste, est coëffé d’une toque par dessus des cheveux court & frisés. Sa robe fort longue elle-même, a de longues manches assez étroites. Son manteau doublé de pelleterie, sorte de gausape, a un collet élevé comme celui des jésuites, & des manches pendantes par derrière, dans lesquelles