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munément une large ceinture, qui se trouve aussi quelquefois aux représentations de la Muse Uranie.

Dans les figures d’Amazones, la ceinture, au lieu d’être placée au dessous des mammelles, à la manière des femmes, est attachée au dessus des reins, à la manière des guerriers, & ce caractère témoignoit apparemment leur humeur belliqueuse.

On voit quelques figures de femmes qui n’ont pas de ceinture, & dont la tunique détachée tombe négligemment sur une épaule. Telle est la figure du palais Farnèse à qui l’on donne le nom de Flore, & que Winckelmann croit être l’une des heures. Les peintures d’Herculanum, des marbres & des pierres gravées offrent des figures de danseuses & de bacchantes qui n’ont point de ceinture, ou qui la portent à la main. On voit aussi dans les tableaux d’Herculanum deux jeunes filles sans ceintures : l’une tient de la main droite un plat de figues & de la gauche une aiguiere panchée ; l’autre porte un plat & une corbeille. Notre antiquaire croit qu’elles représentent ces femmes qui servoient dans le temple de Pallas & qu’on appelloit Deipnophoroi, porteuses de mets. Les femmes dans la douleur négligeoient leur ajustement & n’avoient pas de ceinture ; telle on voit, sur un bas-relief de la Villa-Borghese, Andromaque accompagnée des femmes troyennes : elle est vêtue d’une robe traînante, & reçoit, aux portes de Troie, le corps de son époux.

Comme les manteaux des anciens étoient fort amples, & qu’on n’en connoît la forme que par des figures sur lesquelles ils sont différemment jettés, & sont différens plis, il est très-difficile & peut-être même impossible d’en bien établir la coupe. Le plus grand nombre des savans supposent qu’ils étoient quarrés & qu’ils ne doivent la forme qu’ils paroissent avoir qu’à la manière dont ils sont jettés sur le corps ; Winckelmann veut au contraire qu’ils fussent ronds, ou dumoins arrondis comme les nôtres : mais nous ne croyons pas qu’il ait donné des preuves convainquantes de cette opinion.

Il suppose aussi qu’il y avoit au manteau quatre glands, & que si l’on n’en voit ordinairement que deux, c’est que les deux autres sont cachés par le jet de ce vêtement ; quelquefois, ajoute-t-il, on en voit rois, comme à une Isis exécutée dans le style étrusque, à un Esculape, &c. Il croit prouver son assertion par les quatre glands qui se remarquent à deux figures étrusques du palais Barberini. Son raisonnement a deux défauts. Le premier en ce qu’il suppose que tous les manteaux avoient une même forme, tandis qu’il y en avoit de formes & de noms différens ; le second en ce qu’il ne suppose pas que ces formes ayent changé,


& qu’il est cependant plus que vraisemblable qu’elles ont subi un grand nombre de changemens. On pourroit aussi lui reprocher de vouloir prouver la forme des manteaux Grecs par celle des manteaux étrusques ; & l’on peut croire que ces deux nations n’avoient pas absolument la même manière de se vêtir.

Il mérite plus de confiance quand ses observations lui on été nettement indiquées par les monumens. Il mérite donc l’attention des artistes, quand il leur apprend que la manière la plus ordinaire de jetter le manteau étoit d’en croiser un quart qui pouvoit, au besoin, servir à couvrir la tête ; qu’on lit dans quelques auteurs que le manteau se plioit quelquefois en double ; & qu’on en trouve la preuve dans les manteaux des deux belles statues de Pallas de la Villa-Albani. Ces manteaux sont attachés au dessus de l’épaule droite, passent sous le bras gauche, & sont relevés par devant & par derrière sous l’égide. Il a aussi fort bien remarqué que les artistes jettoient quelquefois le manteau sur leurs figures de la manière qui flattoit le plus leur goût & les aidoit le mieux à former de beaux plis. Il donne pour exemple une statue impériale de la Villa-Albani : elle est assise, & son manteau n’est qu’une chlamyde qui étoit assez courte ; cependant l’artiste l’a jettée sur les cuisses de la figure, ensorte qu’elle traîneroit à terre si la figure étoit debout.

Le plus souvent, le manteau est jetté sur le bras droit par dessus l’épaule gauche ; quelquefois il forme un nœud sous le sein ; d’autres fois les deux bouts sont contenus sous la poitrine au moyen d’une agrafe. L’antique offre des exemples de ces différentes manières de porter le manteau.

Les femmes avoient aussi de petits manteaux qui n’étoient guère plus longs que ce qu’on appelle aujourd’hui des mantelets, & qu’on pourroit leur comparer, avec la différence qu’ils n’étoient pas ouverts par devant & qu’il falloit les passer par dessus la tête ; ils s’attachoient sur l’épaule avec un bouton, & avoient deux ouvertures pour passer les bras. Winckelmann soupçonne que c’étoit cette sorte de manteau ou mantelet que les Grecs nommoient encyclion, cyclas, ampechonion, anaboladion : mais il est vraisemblable que ces différens noms indiquent des différences dans les ajustemens qu’ils désignent ; & ce sont ces différenc es qu’on ne doit pas espérer de pouvoir spécifier.

L’un de ces noms appartenoit peut-être au mantelet dont la Flore du Capitole nous a conservé le modèle. Il est plus long que ceux dont nous venons de parler, & est composé, comme eux, de deux pièces, l’une de devant & l’autre de derrière. Il est cousu des deux côtés du bas en haut, & boutonné sur l’épaule ; mais des