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Farnèse, les Amazones du Capitole, la figure qu’on nomme vulgairement Cléopâtre, & la belle Heraphrodite du palais Farnèse ; que la plus jeune des filles de Niobé qui se précipite dans le sein de sa mère n’est vêtue que d’une simple tunique ; qu’on peut voir, par ces figures, que la tunique étoit de lin ou d’une étoffe légère, sans manches, & attachée avec un bouton sur les épaules, en sorte qu’elle couvroit toute la poitrine, à moins que le bouton ne fût détaché. On peut ajouter que la tunique ou le chiton des femmes étoit beaucoup plus long que celui des hommes, qui ne descendoit que jusqu’au dessus du genou.

Notre anire pense que les tuniques avec des es longues & étroites étoient résérvées aux personnages de théâtre, que c’est ainsi qu’on les voit à de petites statues représentant des acteurs comiques. On pourroit conjecturer que les acteurs ne revêtoient ces sortes de tuniques, que parce qu’elles étoient ou qu’elles avoient été d’usage hors du théâtre. Cependant les artistes peuvent adopter l’opinion de Winckelmann, parce-qu’elle est favorable à leur art qui se plaît surtout à exprimer le nud. Mais d’ailleurs il ne faut pas croire que les Grecs n’aient eu d’autres sortes de vêtemens que ceux dont nous voyons des représentations sur les statues ou sur les peintures antiques. Nous connoissons les noms d’un grand nombre de vêtemens grecs & romains dont les formes nous sont absolument inconnues.

Si les figures comiques vêtues de tuniques à manches longues & serrées ne représentent que des esclaves, on peut supposer que ce sont des esclaves phrygiens : car on sait que cette sorte de vêtement étoit affectée à cette nation. C’est celui que l’on voit aux belles statues de Pâris dans les palais Lancelotti & Attempi ; c’est celui que porte ce berger phrygien sur les bas-reliefs & les pierres gravées. Cybele, divinité phrygienne, est représentée avec des manches semblables. On les voit aussi aux figures d’Isis, non qu’elle appartînt à la Phrygie, mais parce qu’elle étoit une divinité étrangère ; car il paroît que les Grecs caractérisoient généralement ainsi les figures qui appartenoient à des nations barbares.

On voit, sur des tableaux d’Herculanum, des robes à manches courtes qui ne descendoient que jusqu’à la moitié de l’humerus.

Ordinairement les robes de femmes, dit Winckelmann, ne consistoient qu’en deux longues pieces d’étoffe sans coupe & sans forme, cousues dans leur longueur, & attachées sur les épaules par un ou plusieurs boutons, auxquels on substiuoit quelquefois des agrafes. Ces agrafes étoient pointues ; les femmes d’Argos & d’Egine les portoient plus longues que celles d’Athenes.


Cette robe se passoit par dessus la tête ; on la donnoit ordinairement aux figures divines & à celles des temps héroïques. Les robes des jeunes Lacédémoniennes étoient ouvertes sur les côtés depuis le bas, jusqu’au haut des cuisses ; elles voltigeoient librement, comme on le voit à des figures de danseuses.

Il y avoit aussi des robes de femmes à manches étroites & cousues qui descendoient jusqu’aux poignets : on peut en voir des exemples à la figure de la plus âgée des filles de Niobé, à la prétendue Didon des peintures d’Herculanum, & surtout sur les vases peints.

Les menoes très larges, comme celles des deux statues de Pallas de la Villa Albani, n’appartiennent pas à la robe, mais à la tunique. On peut quelquefois prendre pour des manches la partie de la robe qui tombe de l’épaule sur le bras. L’antiquité n’offre aucun modèle de manches larges & plistées à la manière des chemises de nos femmes. C’est par licence que le Bernin en a donné de semblables à sa sainte Véronique. Plusieurs peintres & sculpteurs sont tombés dans cette faute de costume.

Au reste, comme nous l’avons dit, il ne faut pas croire que les monumens nous fassent connoître toutes les sortes de robes dont les femmes faisoient usage. Nous ne savons pas ce que c’étoit que les vêtemens nommés ampéchoné, anabolé, xystis. L’ignorance où nous sommes à cet égard, peut donner aux artistes quelque libertés, & désarmer les censeurs trop sévères.

Les femmes ceignoient leurs robes au-dessous du sein, & cet usage se trouve encore aujourd’hui dans plusieurs endroits de la Grece. Leur ceinture étoit un ruban qui se nommoit tænia, stophion, mitra. Quelquefois il est apparent dans les figures, quelquefois il est caché par les plis de la robe qui le recouvrent. A la petite Pallas de bronze de la Villa Albani, & aux figures de femmes du plus beau vase de la collection d’Hamilton, on voit trois cordons avec un nœud se détacher des deux bouts de la ceinture. La ceinture forme sous le sein un nœud qui est quelquefois en rosette. A la plus jeune des filles de Niobé, on voit les deux bouts de la ceinture passer sur les épaules & sur le dos : c’est ce qu’on peut aussi remarquer aux quatre cariatides de grandeur naturelle trouvées en 1761 à Monté-Portio, près de Frescati. Quelques figures du Térence du Vatican nous montrent la robe attachée de cette manière par deux rubans sur le haut des épaules : c’est du moins ce que doivent faire suposser les bandes qui tombent des deux côtés. Ces bandes ou rubans soutenoient la ceinture. Quelquefois la ceinture n’est pas une simple bandelette, mais un large ruban, comme on le voit à plusieurs figures antiques. Winckelmann observe que Melpomène a com-


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