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Le toucher , qui efl : alors la manière d’ap- -, pliquer la couleur, devient donc un moyen de défigner les objets , différent du trait 8c de la couleur, prife en elle-même.

Ce moyen , ainfi que la touche dans certaines circonftances , tendroit, comme on le voit , à fa rapprocher de ce que j’ai appelle figne ; aufll faut-il obfcrver que l’imitation ne pouvant jamais arriver à une perfe£lion de repréfentation des objets naturels , s’aide de «eut ce qui peut fuppléeràce qui lui manque. La peinture n’eft pas une complette imitation ; mais une imitation feinte. Elle n’imite pas le relief, elle feint feulement de l’imiter ; différente en cela de la fculpture, qui , abilraSion faite de la couleur, imite d’une ma • ^ mière palpable , les formes des objets de fes repréfentations. D’après ce que je viens de dire du fecours que tire l’artifte du maniement de la couleur , ou du toucher, on doit fentrr pourquoi , fi l’on s’approche plus qu’il ne faut de certains tableaux , les objets qui y font repréfentés, & qui failbient une illufion fatisfaifante , perdent tout-à-coup ce mérite. C’eft donc le plus fouvent de l’art de feindre la repréfentation des objets , par tous les fecours de l’induftrie, que les peintres s’occupent ; & c’efl en fuivant cette route vraiment libérale , c’eft-à-dire , libre & ingénieufe , qu’ils parviennent au grand mérite de leur art , plutôt qu’en fe dirigeant péniblement à une vérité minutieufe qui borne d’autant plus leur carrière , qu’il eft abfolument impoflible d’égaler en cela la nature. Cette diftinftion peut être appliquée à tous les grands genres des arts libéraux , dans l’éloquence, dans la poëfie, comme dans la muficjue, l’architeûure même & la peinture. C’éft du génie que les artiflres apprennent ces moyens magiques de rappeller , plutôt que d’imiter , ou plutôt de copier minutieufement. Un mot interrompu , un filence , parle plus éloquemment, que les paroles qu’ils fuppléent ne pourroient faire. Voyez de près les chairs que peignoient Ruhens , Rembrandt & tant d’autres grands maîtres : voyez du même point leurs étoffes , leurs arbres , leurs terreins ; vous n’appercevez plus que les fignes magiques qu’ils ont employés , c’eft-à-dire , les traces marquées du maniement de leur brofle , leur touche ifintueWc, leurs teintes favantes , placées fans être fondues, mais doat la diflance doit unir & : mêler les nuances. Je crois en avoir dit affèz fur cet ob- ^ jet , pour faire penfer davantage les efprits inflruits " des- arts , & même ceux qui cherchent à s’en inflruire. Lès artiftes me comprendront fans doute plus facilement que les derniers dont je parle , mais cet inconvénient eft inévitable , îorfqu’iJ s’agit d’ex-T O U

plîquer des détails , dont la pratique eft l€ corps-, & l’intelligence, l’ame. Les jeunes artiftes pourront , à l’aide dêr quelques-unes de ces notions, même en cherchant à les critiquer, s’ils ne les croyent pas juftes , perdre au moins quelques opinions fauffes , qui fe trouvent établies dans les atte^ liers fur la véritable nature de ce qu’on appelle touche & toucher , 8c fur les fecours que le génie trouve pour ftippléer à ce qui manque à l’art. Ils fauront mieux , en vérifiant fi j’ai penfé jufte, ce qu’ils penfent eux-mêmes, lorfqu’ils employent la touche , qu’alors ils placeront avec plus de précifion & avec plus de mefure , & qu’ils ne prodigueront pas , comme un agrément arbitraire , qui ne dépend que de leur feul caprice. ( Article de M. ^A T E i E T. )

Touche. L’arrondifTement des objets, d’où naiffent le relief & l’illufion , dégénéreroient en manière lourde , s’il n’étoit affaifonné de touches caractériftiques. Ces touches donnent l’ame aux êtres même inanimés ; mais fi elles n’étoient portées avec un ménagement convenable , l’ouvrage ne préfentej-oit que des effets maniérés & : faux.

Les touches doivent être variées. Elles fe» ront légères , délicates , fermes , hardies , fières , moëlleufes , folides ou fpirituelles , non- feulement félon la nature du corps où elles feront adaptées , mais encore félon le plan que l’objet occupe dans le tableau , & relativement à la diflance d’où la machine pittorefque doit être envifagé.e. On donne les touches en portant une couleur vierge, d’une manière franche, fur la partie deflinée à la recevoir. Dans les endroits les plus faillans, la brolTe hardie placera une couleur épaiffe ; dans ceux qui le font moins, le pinceau écrafé laiifera une couleur plate & nettement fondue. Dans les tournans, ainfi que dans les ombres, les touches ào’xM&rxt être peu fréquentes & peufenfibles. Elles ne font, le plus fouvent, qu’un trait de pinceau lpiri< tuellement lâché pour ranimer un contour , ou pour caraflérifer une fineffe d’une manière prefque imperceptible.

Mais fur-tout que les touches ne foient ja4 mais au préjudice de la maffe. On doit con- ; lulter attentivement la nature d’un ppint de diflance convenable pour ne pas y être trompé : elles y font pour ceux qui favent les appercevoir. Le génie les difcerne , l’intelligenca les évalue, c’efl le goût qui les place. {E» trait du Traité de Peinture de Dasdré Bar-DON, )

TRACER (v. aa.) Faire le trait d’um figure ou d’uae compoiition( Les artiftes, au lieu