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de femblables compofitîons , qu’elles font du fracas.

Il faut cependant avouer qu’il y a des fujets qui veulent produire ce qu’on appelle du tapage , du fracas dans la compofition ; telles lont les batailles, les baccharales , &c. Ces fujets doivent être admis entre ceux qui l’ont prcpoics aux artiftes ; mais ils ne font pas de ceux qui doivent être choifis de préférence , & il5 font fiibordonnés au grand genre de l’hifloire. La gloire de l’art eit de reprélenter la nature humaine dans fa beauté, & non dans l’ivrefTe ou dans la fureur. (L.) TAPER, (verbe ad.) Frapper de plufieurs coups, mais avec peu de violence. Les peintres ont adopté ce mot. Ils appellent un tableau tapé ^ celui qui efl : d’une exécution fi facile & li prompte , qu’il femble que l’artifte n’ait fait , pour le produire , que taper la toile de quelques coups de broffe. On dit d’un tableau qui fait Ion effet à une certaine diltan. e , & qui , de près , n’offre que des coups de pinceau donnés librement , qu’il n’-ell que tapé. Les premières efquiffes ne font ordinairement que tapées. Quand les coups de crayon ou de pinceau que le-vulgaire croiroit avoir été donn-és prefqu’au hafard , dévoilent aux connoiffeurs la fcience de l’artifte , on dit que l’ouvrage efl : favamment tapé. Quand l’artifte indique beaucoup avec peu de travail, on dit que ion ouvrage eft fpirituellement tapé. On le compare alors à l’homme d’efprit , qui dit beaucoup de chofes avec peu de paroles. ( L, ) T’A TER. (v. aa.) C’efl fadion d’un homme qui manque de fcience ou de pratique , qui eft incertain de ce qu^’il dciit mettre fur ]a toile, & qui n’opère qu’à tâtons, comme s’il éroit dans les ténèbres. Il ne peut de cette manière produire qu’un ouvrage peiné ; Ces travaux font fatigués, fes couleurs tourmentées ; on n’y reconnoît aucune des grâces que donne la facilité jointe au favoir. (L. ) TÂTONNER (v. neutre) fe dit des artiftes qui femblent , en opérant , tâtonner comme des aveugles.

TEINTE, (fiibfl. fém. ) Les teintes fonr des couleurs mêlées entre elle* dans des proportions différentes , fuivant les nuances dont on a befoin. Elles fe forment de deux manières. On peut prendre au bout èa pinceaa des couleurs capitales dans la proportion convenable à la nuance que l’on veut produire ; on peut aulli arranger féparément fur la palette les diverfes nuances propres à l’objet que Pbn veut peindre. Ces mélanges de couleurs fe nomment teintes ait moment où le peintre T E î

les fait, & plus communément on les appelle tons quand ils font employés : ainfi le peintre fait des teintes violâtres pour une tête à laquelle il travaille, & le fpeflateur admire la juftefle & la vérité des tons violâtres qu’il a établis dans cette tête. Le favant artifte dont on va lire l’article Teinte, penfe autrement que nous fur l’emploi des mots teinte Se, ton, ( L. )

Teinte, terme de peinture qui fert a dé-s figner une petite portion de couleurs naturelles mélangées, pour imiter une partie des nuances diverfes que préfente la nature , foit que les teintes, ou petites portions de couleurs mélangées foiént fur la palette du peintre , foàt qu’il les ait difpofées iur fon tableau.

Ainfi on dit : avant que de peindre, il faut faire fes teintes ; Us teintes doivent être pofées avec bien de la jujlejfe ; noyez les teintes les unes dans les autres fans cependant les falir ; tel peintre vanmt infiniment fes teintes , tel autre les employait d’une manière fort fimple. Il y en a qui les font au bout du pinceau ^ fans mélanger les caideurs avec le couteau à couleur. Les teintes de Rubens font vives , lesteintes du Guide font fraîches. Le Corrége fondait bien fes teintes é-c. &c.

Voilà quelques exemples de l’emploi du mot teinte ; mais on en ufe fouvent d’une manière peu exafte dans les attehers , & c’efl : mal-àpropos qu’on y enfend dire voilà une teinte trop claire en parlant d’un ton dans un tableau , parce qus , quoique la teinte contienne en effet le degré de brun ou de clair néceffaire à l’ouvrage , le mot teinte ne doit s’entendre particulièrement que de ce qui eft relatif au coloris, Ainfi on àiroit très juftement f cette teinte eft trop bleue, ou trop verte, & c’eft avec moins de précifion , qu’on dit le tableau du déluge parlePouflin eft d’un fo/igris, il feroit mieux de dire d’une teinte générale grife, & à l’inverfe il ne faudroit pas dîre : Les fonds de Caravage font et une teinte noire ^ iL avan". cent autant que fes figures ; il faudroit fe fervir du mot ton & dire d’un ton trop noir , parce que le dernier mot eft fcul confacré à exprimer le degré de brun ou de clair, & que c’eft ce qui forme fa diftin£lion avec le mot teinte qui n’eft applicable qu’au coloris ( i ). Je fais que les artiftes ont été entraînés ^ (i) Je croit que les langue» n’ont jamais tort dans la bouche de ceux qui les fa lent bien ; qii’oa p. UEfouvmt trouver la raifon de ce qu : refTemble chez elles à de J^ bizarrerie j fc qu i ! eft facile de iuftifiet la nôtre de ce que, dans certaines occalîons , elle <.mp'o>e nfffireiii" ment les mots teinte &i fon. N’oyez !e fécond a.ticleTow, où la eaufe de c«( tifage ell dsfcutéé. (^o^c du Riia*leur, )