Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/410

Cette page n’a pas encore été corrigée

40» ’ - s U J

de tels pour produire la beauté, la grâce, l’élégance èc le fvelte.

L’artifice des ajufiemens & des parures fe fert, il eft vrai, de moyens qui lui appartiennent, pour tromper vos yeux & vous cacher des dif’proportions. Il n’y a pas un très-grand inconvénient (jue vous y foyez trompés comme hommes ; mais il y a du danger que vousle foyez comme artiftes.

En cette qualité, on exige de vous plus que de la nature m£me ; le choix parfait. Ainfi le fvelte doit s’oftVir dans vos tableaux , fans bleffer Ja correûion , c’efl-à-dire , léger , fans être fluet, élégant fans être maniéré, & dclicat fans maigreur. ( Article de M- W A tellt.) SUJET (fubfl :. maf ;.) Le principal but d’un artille eft d’exprimer Confujet & de le rendre fenfible au Ipeftateur. Ce fujet doit être un, parce que l’attention du fpaftateur ne peut s’occuper à la fois que d’un objet 5 il fera plus d’effet, s’il eft fimple que s’il étoit corapofé, parce qu’un objet compofé, fixe moins l’attention qu’un objet fimple. Il fera plus d’effet fur l’ame du fpeftateur , l’il n’cft offert que dans fa principale circonftanoe , que fi i’artifte cherche à réunir un grand nombre des circonftances qui ont pu l’accompagner, encore par la même raifnn ; c’efl-à-dire, parce que l’attention eft diftraite par des objets compliqués. Les anciens , & quelquefois les plus illuftres des aj-tiftes modernes fe font attashés à exprimer beaucoup avec peu, c’eft^-à-dire , à exprimer avec une feule figure , ou du moins avec un petit nombre de figures, àesfujets qui en comportoient un grand nombre.- Une feule fcène du mafTacre des innocens, ou de l’enlèvement des S’abines fera fur l’ame du fpeflateur une impreffion plus profonde , que fi on lui ofîroit toutes les fcènes dont ces fujets font fufceptibles , parce que ces différentes fcènes partageroient fon attentien & les facultés de fon ame, & rendroient l’impreffion moins forte en ladivifanr. Tout doit être grand dans un /ujec qui a de la grandeur, tout doit être gai dans un Jltjgt riant , trifte dans un fujec affligeant , fimple dans un fujec qui a de Ja fimplicité. Le caractère de delTin , l’ordonnance, le fite, l’effet, la couleur ; il faut aue tout correfponde au fujet , que tout concoure à l’imy reffion qu’il doit faire.

Vn mémo principe exifte pour les ouvrages de l’art & pour la poéfie- Un fujet trifte ferait manqué par le poë e s’il le traitoit d’un ftyle badin , un fujet fombre s’il le traitoit d’un flyle brillant. Le peintre fait la même faute quand il n’accorde pas l’effet & : la couleur à fonyîyVr. Comme les artiftes ne fe font pas toujours procuré l’éducation convenable à leur art ; comme ils n’ont pas toujours r-eçu de la nature S Y M

I l’efprît de cet art, qui eft le même que-ee» lui qui guide le poète , il leur eft fouvene arrivé de pécher dans cette partie , & de contrarier, par le ftyle & l’effet, le fujec qu’ils ont voulu traiter.

Les peintres cherchent fouvent à montrer, par des épifodes , la richeffe de leur efprit & la fécondité de leurs reflburces. Si le fujet fait d’autant plus d’impreffion qu’il fe rapproche plus de l’unité, les épifodes femblent devoir toujours nuire à fon impreffion. Il eft cependant des occafi )ns où ils peuvent la renforcer en la multipliant : mais ili feront toujours nuifibles, s’ils ne s’accordent pas avec le genre àesfujets, s’ils font bas dans un fujet héroïque, gais dans un fujet pathétique. &c. De grands maîtres font tombés quelquefois dans ce vice de convenance ; mais leur exemple ne fauroit excufer leurs imitateurs. Ces maîtres ont été grands par leurs grandes qualités 8e non par leurs fautes. (L.)

SYMMËTRIE. (fubft. fem.) Les Grec* appelloient fymmétrie ce que nous appelions proportions. C’eft par la connoiffance de cette partie de l’art , qu’ils fe font élevés , dit Mengs, fi prodigieufement au deffus des artiftes mor darnes, & c’eft de ces proportions que dérivent la grâce, la beauté & la vie dans les ouvrages de l’art.

Los modernes entendent car Jymmétrie , le parfait rapport qu’ont entr’elles des parties correfpondantesj comme les deux aîles d’un bâtiment, les deux candélabres qui décorent les deux côtés d’un deffus de cheminée &c. La fymmétrie , pn£e dans cette dernière acception, eft contraire à l’art de peindre, qui fe prppofe au contraire la plus grande variété, & qui en trouve par-tout l’exemple dans la nature. Cependant , au renouvellement des arts , les peintres avoient imprunté des architedes le goût des compofirions fymmétriques. Ce goût,, vicieux duroit encore quand Michel-Ange compofa fon jugement dernier. La compofition de ce tableau imite affez bien la forme d’un portail couronné d’un fronton. Il faut admirer les fières beautés de cet ouvrage, & pardonnef à I’artifte le -dernier tribut qu’il a payé an goût qu’avoient introduit fes prédéceffeurs. (L.) ’■ SYMPATHIE (fubft. fem.) amitié, accord des couleurs entr’elles. Il y a des couleurs dont le voifinage eft dur, & : d’autres qui s’approchent doucement, qui femblent fe complaire à s’avoifiner.

Il y a des couleurs qui font matériellement antipathiques. Telles font deux couleurs qui, belles ’par elles-mêmes, & capables de s’avoifiner avec douceur, nfe produîfent par leur mélange^ qu’une troifièrae couleur défagréable. ( L. ) TABLEAU*