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pattUs & l’effet général infpifeforent un Terftiment à la fois doux & agréable. Ces idées s’appliquent principalement , comme on le voit, à l’effet & à la couleur. Si la compofition offre des exf relïïoiis fortes, des caraiflères marqués , des effets extraordinaires & qu’on appelle piquans, ii la couleur eft vigoureule , toutes ces qualités ne ^comportent pas la fuavité & elles peuvent même y être regardées à plufieurs égards comme fupérieures.

La fuavité ^ ainfi que la douceur, ont pour écueils la moUeffe & même la fadeur ; & l’on leroit tenté de croire que des tableaux dont Je plus grand mérite feroit à’ètrefuaves , conviendroient plus à des hommes de mœurs & d’efprits énervés & affoiblis , qu’à des hommes dont l’ame auroit toute l’énergie dont elle eft fufceptible .{Article de M. Watelet.) Si l’on rapproche l’un de l’autre deux extrêmes de couleur ou d’effet, leur choc fera brufque & aura quelque chofe de dur. Si l’on ne parvient d’un extrême à l’autre que par des paffages infenfibles , l’effet fera fuave , parce que l’œil fera conduit doucement d’un extrême à l’autre. C’eft ce que Mengs a démontré en prenant pour exemple le noir & le blanc. c Si l’on fe fert proportionnellement, dit-i] , » du noir 8c du blanc, félon l’idée qu’on » veut exprimer fui la toile, en employant « tantôt plus le Hoir, & tantôt plus le blanc, n & tantôt auffi des demi-teintes, on produira, » malgré l’uniformité de caraSère de ces deux » couleurs, des fenfations variées. En rapprochant les deux extrêmes, l’impreffion fera forte » & dure ; mais en mettant un grand inter- ■» valle de demi-teinte entre l’un & l’autre , » le caraftère en fera plus doux ; & lorfqu’on » aura foin de faire fuivre un certain degré » déteinte par celui qui en approchera le plus, » en les diftinguant feulement aflez l’un de SI l’autre pour les rendre fenfibles & pour qu’il » y ait entre ces teintes une douce progreffion, il » en réfultera un ouvrage fore fuave ». SUBLIME (adj.) I ! fignifie grand, élevé au faprime degré. Il fe prend aulli fubftantivement, comme dans ces phraies : « Le/uilims » eft toujours fimple. Jl n’eft. pas donné à » tous les hommes de fentir le fublime ; le )3 trouver eft plus rare encore ». Le fut lime eft la plus haute peifedion. La nature le montre quelquefoisyîJ>/ime & l’imitation cherche fouvent à l’être. Pour arriver a ce but il eft deux moyens qu’il eft indifpenfabie que l’imitation réunifTe. Le premier c’eft de faifir la nature, objet de l’imitation , dans les inftans où elle fe montre fuhlims : l’autre de choifir, parmi les moyens S U B I

que fournît l’art qu’on employé, ceux quîj doivent contribuer davantage à rendre le jkhlime d’une manière yù^time.

La nature n’eft pas fubordonnée à l’homme-, mais les imitations font les ouvrages & dépendent de lui. Leur but le p.lus diftingué eft déplaire, d’attacher, d’émouvoir^ d’entraîner, , de toucher ; & lefublime, par rapport à l’homme | imitateur qui pratique les arts, eft d’opérer’ les effets dont je viens de parler le plus promptement, le plus complettement , & : , pour parler ainfi, aux moindres frais qu’il eft poffible. Voilà pourquoi la fimplicité appartient au fablime : fimplicité d’intention, d’aâiion, & de moyens. La grandeur & l’énergie comportent cette même énumération , & font le plus fouvent partie du fublime.

L’unité d’intention produit l’unité de fentiment & d’aâion ; elle conduit auffi à l’unité de moyens. Un mot tel que celui du vieil Horace : qu’il mourut , eft l’effet d’une unité d’intention, de fentiment, & l’expreffion /ahlime du legret que l’aâion n’ait pas répondu à l’intention & au fentiment dans lefquels ce héros s’étoit concentré, ou plutôt avec lefquels il s’étoit identifié.

Une feule intention prédominante dans une compofition , dans laquelle tout fe montre l’effet de cette intention, a quelque chofe d’impofant qui appartient au fuilinie. Delà dérivent ces induàions ; peu d’objets dans un tableau, nulle complication dans la difpofition de ces objets, une feule lumière, un coloris fans recherche, un accord fimple & général, tendant à un effet unique ; une figure , un trait de caraclère , de fentiment , de paffion déterminant tous les autres traits. &c. Voilà en général les moyens de l’art. L’heureux choix qu’en fait l’artifle, de génie le conduit au fublime de l’imitation : & : fi ce qui appartient à la nature dans le fujet eft également bien choifi, on peut alors hazarder de dire que Vimitation _/^ ;^/i^^^ eft à certains égards au deffus du fublime imité ; car il a fallu de plus la fupériorité du génie & celle de l’induftrie. Effayer d’entrer dans de plus grands détails feroit rifquer d’affoiblir les principes. Les exemples même font diiiîciles à y adapter parfaitement ; & plus en peinture que dans quelques autres arts.

Premièrement, parce que les exemples par» faits y font infiniment r^res.

Secondement, parce qu’ils ne font à la portée que de ceux qui les poffèdent , ou du petit nombre qui a la facilité de les obferver oii ils fe trouvent.

Troifièmement , parce que ces exetnpies, c’eft-à-dite les tableaux fuhlimes , changent eux mêmes par leur nature phyfique, indépendamment de ce qu’ils font fujets à être altérçî