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’Sans une exagération des chores accidentelles de la nature, exagération qui devroit être tout au plus employée à démontrer les objets à ceux qui ne pourroient les comprendre fi on ne leur en ofFroit que les formes elTentieiles. Le moyen dont les artiftes qui adoptent ceyZv^e font uiage pour plaire, c’eft d’orner leurs ouvrages par la beauté des couleurs locales de tous les objets, par leur variété, par la force & le contiafte du clair-obfcur, &.par une diftribution arbitraire de mafies d’ombre & de lumière. Leurs ouvrages font plus faits pour frappe ; les yeux, que pour plaire au goût & à la railbn. Cejlyle a été adopté par plufieurs artiftes eftimés, particulièrement hors de l’Italie. Ces artiftes ibnt «ftimables en effet dans d’autres parties ; telles que la facilité, & l’abondance des idées. On peut donner le nom as facile à un (lyle i quia de l’agrément, qui luppoié peu de peine, peu de recherches de la part de ceux qui le luivent, qui n’entraîne pas de grands défauts, & que n’accompagnent pas de grandes beautés. C’eft dans ce Jiyle que s’eft diùingué Pierre de Corone & ceux de ("on école, particulièrement Luc Giordano. Les, peintres qui ont liiivi ce flyU fc (ont contentés de donner aux dif- ,’ férentes parties de Tart l’exprellion néccfîaire pour diftingi er une chofe d’une autre, mais ils ne fe font pas piqués de porter aucur.e partie à la perfeftion. Elle eft connue de peu de perfonnes, & eft troplbuvent igmrée de ceux qui récompenfent le p’us magnifiquement les maîtres de l’art. ( Extraie des œuvres de M. Reynolds a partagé la peinture d’hiftoire en Voi&Jlyies ; le grand Jîyie, iejlyled’appaiat ’k le tompofé.l fait conlîfter le premier à s’élever au defl’us des formes individuelles, & à éviter toutes les particularités locales & les petits détails de toute efpèce. Il donne pour modèles de ce Jlyli les ouvrages des fta’uaires grecs. Dans le grand _/ ?y/£, on cherche la beau é, la jufte expreffion 6c non le nombre des fig^ ;res ; une couleur capable de fixer l’ittention du fpeSateur, d’augmenter en fon ame l’impred^on qu’y doit faire le fujet, & non l’éclat qui éblouit les yeux & empêche l’ame de le recueillir pour jouir du fpeftacle qui lui eft oiFert ; les altitudes vraies qu’inlpire la nature, & non les attitudes affeftées-^auxqti^elles nous avons été ’accoutumés par notre éducation, & qu’elle nous fait regarder ■’fecmma de la grice ; les mouvcmens que l’homme fait avec tacilité, & non ceux qui le mettent dans un état violent. Enfin le beau & le fimrle compofent ce Jlyle. Le jlyle d’apparat eft celui dans lequel on cherche à plaire par des compofitions tumultueufes , dans lefquelles on fait entrer un grand nombre d’objets ; par de grands mouvcmens, par des effets Ênguliers de clair-obfcur , par S T Y 5^-y

le vàf éclat des couleurs, & enfin par tout ce qui eft capable d’affeâer agréablement le fens de la vue, ians parler à l’ame ni à relprit. On peut l’appeller U ftyle ornemental^ parce qu il eij propre à orner, à décorer des appartemens, des édifices, mais qu’il eft indiffèrent a l’inftruaion. On peut auffi l’appeller ^ flylt phtorefque, parce qu’on y recherche tous les agrém.ns que peut procurer la peinture proprement dite, en négligeant les beautés fupérieures qu’elle doit créer en qualité de poëfie. Joferois dire qu’on peut même l’appeller le ftyli fenfuel , parce qu’il ne s’occupe que de flatter un de nos fens.

Du gcand jîyle Se àa Jlyle d’apparat, le premier négligeant les beautés lécondaires de l’ai’f» ou nelesadtnettant qu’avec la plus grande diîcretion -, le fécond failant de ces agrémens fecondaires fon principal objet, peut fe former un noAème ftjle , compofé de l’un &c de l’autre, moins grand que celui qui ne s’attache qu’à la beauté par ejcellence , mais ayant cependant _de la grandeur, & cherchant à la parer de tous les agrémens que procure l’étude de la couleur propre, la magie du clair obfcur, & la recherche de ce qu’on appelle la grâce, qualité inférieure à la beauté proprement dite, qui tient plus à la majefté. En chei chant ce Jlyle cimpojé, il eft aifé de tomber dans un ftylc bâtard ; de dégrader par des agrémens t :op fleuris la noble fimpMciré des grandes écoles, & de ternir l’éclat de l’école vén. tienne ra- le mélange de cette iimplicité. Le grand. Jlyle aime à être confervé dans fa pureté native j iOut mélange le dégrade.

Les plus beaux modèles qu’on puiffe offrir du ftyle compojé font les ouvrages du Corrège, Cetartille enchanteur a fu franchir avec luc= ces une carrière où les chutes font faciles. Tout confpire chez lui à produire un grand efret ; la belle étendue de fes lumières, fa couleur, fa ntanière générale de draper, fes contours coulans & faciles. Après lui, & peut-être d’un pas égal, marche le Parmefan , qui a ennobli la molleffe eff.minée de la manière moderne, l’a rîunie à la fimplicité de l’antique & : même à la grandeur, à la féveriié de Michel-Ange. Tous deux cependant n’ont pu éviter tous les écueils. En s’efforçant de prodiguer la grâce à leurs fu jets, ils ont été peut-être au de là du but, & Ibnt tombés quelquefois dans l’affeftation , l’un des plus grands vices de l’art. ( Article extrait des œuvres de Aîlncs 6- di M Reyholbs.)

SUAVE, (adj.) Lz fuavité eft une nuance fine qui tient à la douceur, à l’agrément & même à la grâce.

On dit lin effet , une couleur fuave. Une compofition Juavi ieioit cejle dont toutes les