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terme qui a rapport au fens de l’ouïe , à moins qu’on ne fe reflbuvînt de cet aveugle-né à qui l’on demandoit ce qu’il iinaginoit par la couleur écarlate , dont on lui avoir plufieurs fois vanté l’éclat. » J’imagine, répondit-il , » quelque chofe de lemblable au fon de la » trompette ».

Il en efi : à peu près de même an mot Jourd, adopté dans la peinture , pour fignifier des couleurs ou des fonds qui n’ont aucun éclat ; car on fuppofe que la fenfation produite à leur cccafion l’ur la vue , approche de celle que caul’ent fur l’oreille des Ions adoucis & qui ont quelque chofe de vague.

On appelle donc yb«r^ en peinture les couleurs ou les fonds dont le ton a quelque chofe de doux & de vague ; & ces tons, qui fe forment par des couleurs rompues Se fans éclat , font doux en effet à l’œil comme les fons de certains inftruniens à fourdine , ou comme des accords qu’on entendrait de loin , le font à l’oreille.

Les tons yôî^/ïf/ font bïiller les objets peints de couleurs brillantes , comme les accords adoucis font valoir les- voix fonores qu’ils accompagnent,

. Le pouvoir de ces oppofkions bien ménagées eft connu dans les arts.

Le peintre de fleurs , les peintres de plufieurs genres , ceux qui s’occupent du portrait, enfin les peintres d’hiftolre même, font dans plufieurs occafions un ufage heureux des fonds fourds ; mais c’eft au mot fond que j’ai dû placer quelques obfervations plus détaillées qui fe rapportent à celles - ci. ( Article de M. ^"at-kzet.)

SPIRITUEL, (adj.) Les figures feront f piii nielles , fi elles ont de l’exprelTion, Il eft ailé de fentir que des têtes qui expriment avec jufteffe les affeflions de l’ame dont les figures font cenfées pénétrées , ont tout l’efprit qu’elles doivent avoir.

On dit un trait fpiriniel , une touche* ffirituelle , comme on dit : il y a de Vefprit dans ce trait ■, cela eft touché avec efprit-. On dit même que le feuille d’un payl’age eft fpiritiiel , ou qu’il y a de Vefprit dans le feuille d’un payfage : alors le moi fpirituel fe rapporte à la manœuvre , & prend une lignification particulière à la langue de l’art. Voyci l’article Esprit. ( L. )

STANTÉ, (adj.) Ce mot qui appartient exclufivement à la peinture , eft fynonyme de peiné, fatigué. Il eft emprunté du verbe itaïien Jîentare , qui fignifie pâtir, être mal à fon aife , fe donner de la peine.

Un peintre doit fe donner de la peine pour parvenir à plaire 5 mais il ne plaira pas s’il S T A

’laîfle fentir la peine qu’il s’eft donnée. Quand on a bien travaillé pour finir un tableau , il rofte (buvent un dernier travail à faire pour empêcher qu’il ne ça.roiRe Jlanté. (L. ) STATUAIRE (fubft. mafc.) Sculpteur. Quoique ce mot appartienne au flyle élevé, il eft néceflaire, même dansl’ufage commun, pour diflinguer le fculpteur qui fait des ftatues, de celui qui ne fait que des ornemens. Les latins employoient le mot Jlatuarius pour fignifier l’artifte (|ui faifoit des ftatues en bronze. C’eft dans ce fens que Pline en fait ufage. Il appelloit l’artifte qui travailloit en msMhxe fculptor y marmorum fculptor. Cette diftindion avoit beaucoup de julleffe. L’artifte qui fait un oua vrage que l’on doit couler en bronze ne fculpte pas, il modèle. (L.)

STATUAIRE (fubft. fém.) La ftatuaire eft l’art de faire des ftatues. Socrate exerça 1^ flatuaire avant de fe livrer à la philofophie. STATUE (fubft. fem.) Figure fondue ’en bronze, ou fculptée en marbre, en pierre, en bois. Ce mot vient du verbe latin jlare qui fignifie /d tenir debout. On ne devroit donc ap.» ^eWcK flatuts (ve des figures droites, & lailfer le nom générique de figures à celles qui font aftifes ou couchées. Cependant l’ufage l’emporte fur les convenances étymologiques , & , par exemple, dans le détail des fiatues de Verfailles, on compte le Gladiateurmourant. L’ufage a fa bizarrerie. Toure figure fculprée & debout devroit fe ncramex fiutue : ]Iais poiit qu’on lui accorde ce nom, il faut, fans qu’on puifle dire fur quel fondement , qu’elle ibit d’ujie proportion approchante au moins de la proportion naturelle. Air.fi une figure fculptée dans la proportion de demi-narure , ou au dcflbus de cette proportion, ne s’appelle poijityîan/e, mais figure. Si cette figure eft de bronze , on l’appelle quelquefois^ Amplement un bronze, furtout quand il s’agit de l’antique. On appelle auffi quelquefois un marbre, une figure de marbre.

La figure en diminuant de proportion perd le nom àeftatue ; mais en augmentant de proportion , elle la confetve. Le plus grand colioffe que l’on puifle exécuter eit une Jiatue. (L. ) -

STRAPASSER (v. aS.) Les aniftes françois ont formé ce mot de i’italicn firapa^ate qui fignifie tourmenter. Une figure firapnjjce ’ peut-être tourmentée au point d’être même e’tropiée -, mais on n’appellera pas cependant _/ ?/-apaffée une figur,e eftropiée par l’ :gr.orance d’un méchant artifte. StrapaJJer eR un défaut, mais dans lequel ne peut tomber un peintre mé-