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-à l’art, maïs îl exprime une idse quî y eft relative. Les contours auroient de la roideur , fi les lignes droites y dominoient : ils doivent décrire une grande variété de courbes, & être par aonféquenî Jïmieux ; c’eft ce que les artilles ■expriment quand ils parlent de contours ondoyans , ou de lignes Jerpentines que décrivent lei contours. (L. )

SITE. ( fubfr. m.arc. ) Ce mot, dans le langage de la peinture , lignifie ce que veut dire, dans le langage ordinaire ,yîf«flfio/2 d’un lieu, lorfqu’on dit , ime belle , une agréable , une riante fituation.

Il fembleroit que Je fite devroit regarder principalement le payfage. Cependant il n’appartient guère moins à’î'hiftoire . parce qu’une très grande partie des aélions qu’on repréfente dans les tableaux de ce genre fe partent en plein air & dans la campagne.

D’ailleurs, comme efite cmbrafle ce qu’on îlomme en peinture les plans géométriques des tableaux, on fent qu’en le confidérant fous ce rapport, lemotT^fe convient à toute repréfentation d’afLion dans laquelle Ce trouve celle d’un terrein aëré de quelqu’étendue. Le beau choix d’un fite eft cependant , il faut l’avouer, plus généralement efîentiel au payfagifte qu’au peintre d’hiiloire , parce que, dans les ouvrages du premier ,lejzte eft l’objet ■principal, & que, dans les ouvages du fécond, le Jîte n’eft , en quelque façon, quel’acceffoire. Mais il ne faut pas prendre cette diftînélion à îa rigueur ; car la perfeélion à laquelle doit tendre le peintre, exige, par rapport aux Jices , un choix rès raifonné. ^

Premièrement , parce qu’il doit contribuer à défigner le lieu de la fcène , la faifon & à peu près la partie du jour oiî s’eft paffée l’aélion qu’on repréfente , & que , par ces propriétés , le Jîte fait quelquefois une partie très effentielle du cojlurrlt.

Secondement , parce que lejzte, par fa nature & fon caraflère , doit, en s’afTortifTant à l’action , cuniribuer à l’effet général , à l’agrément, à la poëfie , & quelquefois miâme à la moralité du fujet.

En effet , un Jîte très agréable ajoute au charme d’un fujet defliné à plaire. Celui dans lequel on peint Adam & Eve heureux de tous les dons & de tous les charmes tjueleur créateur a daigné leur prodiguer , doit contribuer, avec l’exprefUon de leurs traits, à donner l’idée de leur félicité. Ils habitoient fans doutele_/ ?fi ;,lé plus fécond & le plus riant. Les jardins d’Armide doivent offrir les charmes qu’elle avoit pris tant de foin d’y répandre , & le fond du tableau où l’on repréfente cette enchantereffe avec fon amant, doit être tin Jîte voluptueufement romantique. ’ S ï T

Celui des Champs-Élyfées où Enée veut em* braffer fon père, doit rappeller les idées poétiques que Virgile , ce grand peintre , nous a tranfmifes.

Enfin le Jîte du tableau dans lequel Pouflln a repréfente une idée fi morale , ce Jîte Arcad en , où deux jeunes amans heureux rencontrent fur leurs pas le tombeau d’un mortel qui avoit joui, dans ces beaux lieux , des mêmes félicités qu’ils favourent, fait partie de h mo-l .ralité qu’exprime l’infcription fi connue : Et in Arcadiâ ego.

Comme Icsjîtes des tableaux d’hiftoire font généralement compolis par le peintre , & ne peuvent que difficilement être exécutés d’après la nature , le foin le plus efl’eariel qu’on doit avoir, après le choix du caratlère , & après avoir arrêté les difpofi.ions générales , eft de défigner les plans de manière que les dimenfions des terreins ik des objets qui s’y trouvent , en indiquent les efpaces & les éloignemens. Ce foin exige (ce que les artiftes obfervent rarement avec affez d’exaâitude ) de recourir aux loix des deux perfpeélives. Premièrement, en Ce fixant des points à-peu-près déterminas ! d’éloignement ; fecondement en faifant entrer ! dans ces déterminations les inégalités des terreins , les profondeurs des vallons , les hauteurs des collines & celles des montagnes. Enfin en déterminant, d’après ces points arrêtés , les grandeurs & les formes particulières des arbres, des rochers, des fabriques, & en établiffant bien , d’après toutes ces dimenfions , l’effet perl’peâif aérien qui , joint à l’exaâitude de la perfpeftive linéale , fait parcourir à l’œil du fpeâateur l’étendue du terrein qu’on a eu deffein de repréfenrer , & : le promtne dans des lieux circonfcrits , ou le fait voyager dans de vaftes contrées.

On doit faire entrer dans les richeffes des Jîtes, l’étendue des mers, fi le fujet I3 comporte, les afpects des rivières & ies accidens dont le Ciel eft fufceptible ; car les effets de fa lumière , les formes, les couleurs des nuages & le ton dont on les peint , contribuent , non- <eulement à l’effet général du cîa’r-obfcur , .■r à i’iiarmonie de la couleur , mais au caraSère des Jîtes , & à déterminer, comme je l’ai dit , la faifon & les parties du jour. Les Jîtes que reprefentent les jpayfagiftes demandent une forte de méditation , relativement aux détails. J’ai parlé de cet objet à l’article Paysaget. J’ajouterai feulement ici queles_/ ;fM piitorefques , piquans ou extraordinaires, peuvent, lorsqu’ils font bien choifis & bien compofés, faire excufer quelques moindres perfeftions dans l’exécution des détails, & qu’à fon tour , l’exécution fine , jufte & foignée dans toutes les parties , peut donnera des Jîtes communs & qui manquent de «aradère , ,.de ! agréihéil^