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à ces ouvrages, avoient pris pour modèles les vêtemens fimples de quelques ftatues antiques , ^telles , entr’autres, que celles des philorophes , ils auroient donné plus de grandiofité à leurs figures, & que ces draperies auroient été plus convenables au caraéltre des Apôtres. Quoiqu’il, n’y ait aucun moyen d’empêcher le mauvais eftet que ces projetions de draperies maffives des ftatues doivent toujours produire dans les ouvrages de ronde-bolTe , il n’en eft pas de même de ceuxen bas-relief. Le fculpteur peut y maniera fon gré , aulTi bien que le peintre même, des parties détachées de drapeiie«, en les unifTant au fond , & les y faifant perdre en mou • rant, de manière qu’elles ne puiffcnt ni embarraffer les figures, ni rendre les compofitions confufes.

Mais dans ces fortes d’ouvrages ,1e fc.ilpteur, peu fatisfait de cotte heiireufe imitation , s’efl : avifé de repréfenter, comme les peintres, des figures ou des grouppes de figures fur des plans multipliés ; c’eft à dire quelques unes fur un premier p’^an , & d’autres fuppofées à une plus grande diftarce •, pour parvenir à l’indication de ces plans dégradés , il n’a d’autre moyen que de faire les figures qii’il fuppofe éloignées , d’une proportion plus petite que celles qu’il place ibr le premier plan , & de leur donner moins de relief en r^ifon de leur dlflance. Rien de cela n’atteint au but qu’il fe propofe. Ces figures paroîcront feulement faites fur une échelle plus petite , mais elles feront d’ailleurs aufli voifines de l’œil que celles qui fe trouvent placées fur la ligne de terre (i).

Ce procédé efb non feulement fans fuccès relativement à l’intention de l’artifle ; mais cette divifion de l’ouvrage en phifieurs petites parties lui fait immanquablement perdre de la grandeur de fon effet général.

S’il eft une partie dans laquelle les modernes ont , peut-êrre ,’ furpaffé les anciens , c’efl : la difpofltion qu’ils ont faite quelquefois d’un iimple grouppe en bas-relief, & l’art avec lequel ils ont donné, par degré, plus de faillie aux (i) Un grand vice des plans multipliés dans les basïeliefs , vice qui fiifEt à piouvei que cette multiplication des plans n’eft pas du reflbit de l’an, c’eft gue les premières figures portent des ombres fur des plans prcîetidus reculés, auxquels, dans la nature , cette ombre fetoit loin de pouvoir atteindre. En peinture, les différons plans reculent par l’imitation de la perfpeftive aérienne , par la dégradation des tons, par la vapeur qui éteint les objets éloignés : ces lefTouices ne font pas au pouvoir du fculpteur. Il repréfente des figures qu’il prétend faire fuir , en dégradant lems proportions , & qui ne fuient point par l’effet, puifqu’un bas-relief, quelle que foit fa profondeur réelle , ne peut fournir qu’une trés-foible dégradation, depuis les figures les plu» avancées , jufqu’au plan le plus reculé. Un art ne doit pas hafatdet des menfonges qu’il ne peut fotttenil ^dioitement. {If ou du Rédaâeur.)

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différentes figures qui compo’ent ce groapps*^ en partant du fond uni jufqu’au point où l’ouvrage devient de demi-bolTc. On ne connoîc point , je penfe ,, d’ouvrage ancien, qui, à cet égard , puilTe être comparé au talent que le Gros a montré dans le bas-relief d’un autel de l’églife des .Tacobins , à Rome. Difféiens plans , ou dégrés de relief, produifent donc un bon effet dans le même grouppe , & c’eft ce qu’a prouvé le Gros : mais cet exemple ne prouve rien en faveur des grouppes féparés , & qui fe trouvent a quelque diftance les uns des autres, & fe détachent les uns fur les autres (2),

L’idée de ce perfeélionnement dans l’art de compofer un grouppe en bas-relief a été fuggérée , fans douce , par la pratique des peintres modernes, qui détachent leurs figures ou leurs grouppes du fond par la même dégradation infenlible & qui opèrent en tous points d’après le» mêmes principes généraux : mais comme le marbre n’a point de dégradation de ton , c’eft l’économie de l’ouvrage qui offre lefeul moyen d’y obtenii le clair-obfcur. Les anciens fculpteurs n’ont pu emprunter ce proccdé des peintres de leur temps , qui femblent , en général , avo’t ignoré cet srt. On voit dans les bas-reliefs de I.orenzo Guiberti , dont nous avons les plâtres dans notre académie , que l’artifte n’a pas plus effayé cette reffource, que ne l’ont fait les peintre ^ de fon fiècle.

Le fécond perfeélionnement imaginaire dont on a voulu s’occuper , a été de repréfenter dans les bas-reliefs , les effets de la peifpeâive. Nous avons peu de chofe à dire fur ce fujev. On doit fe rappeler avec combien peu de fuccès les fculptsurs modernes ont cherché à montrer par un de leurs angles les fabriques qu’ils ©nt introiduires dans leurs bas- reliefs, afin qu’elles paruffent fuir en perfpeélive vers le fond (3). Ces (0) Le fculpteur qui , dans nn bas-relief, place des, grouppes qu’il fuppofe être à des enfoncemens différens’ les uns des autres, peut bien les dégrader de proportion’ fuivant les loix de la perfpeSive lineale ; mais il ne peut les dégrader de ton & de couleur, fuivant les loix de la perfpeftive aérienne. Il eft encore trahi par l’effet des ombres , puifque fon premiei grouppe porte des ombres fur les grouppes reculés. Tous les menfonges de la peinture font au contraire vraifemblables , parce qir’eUe a des moyens d’imiter toutes les apparences de la nature. ( Note du Rc’daéleur. )

(j) Les auteurs des bas-reliefs, en monrrant les fabriques par un de leurs angles , les font fuir paf les lignes qu’ils tracent , fans qu’elles fuient par le ton. C’eft tracer de la perfpeftive , & non en exprimer l’effet ; il n’y a que le ton qui puifle le rendre. L’emploi des cou’eurs , ou du moins d’une couleur dégradée fuivant l’etfet de la nature , eft abfolument nécefi’aire à l’expreffion de la perfpeâive. On la démontre par des lignes, on ne peut,, l’exprimer que par des tons, & il faut que la perfpeftive aérienne foit unie à la pejfjectiye Unéalc. {Note du RMaâeur.)