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- au peintre, pour donner le mouvement & la dîf-I
tance aux objets.
i Si le bas-relief eft de marbre, les rapports i avec un tableau y feront d’autant plus fenfiblcs ,
- que le fculpteur aura varié les travaux des dif •
jférens objets. Le mat, le grenu, le poli, em-Iployés avec intelligence, ont une forte de pré-Jtention à la couleur. Les reflets que renvoyé le Ipoli d’une draperie fur l’autre, donnent de la i légèreté aux étoffes, & répandent l’harmonie fur la compofition.
’ S’i l’on doutoit que les loix du bas-relief fuffent les mêmes que celles de la peinture , qu’on choififfe un tableau du Pouffin ou de le Sueur , & qu’un habile fculpteur en fade un modèle : iOn verra fi l’on n’aura pas un beau bas-relief. Ces maîtres ont d’autant plus rapproché la fculpture de la peinturé, qu’ils ont fait leurs fîtes toujours vrais, toujours raifonnés. Leurs figu-. ires font , en général , à peu de diftance les unes dès autres, & fur des plans très-juftes : loi riigOHreufe , qu’on doit obferver avec la plus fcrupuleufe attention dans un bas-relief. Enfin, je ie répète, cette partie de l-afculpture eft la preuve la moins équivoque de l’analogie qui efl entre ■elle & la peinture. Si l’on vouloir rompre ce ^lien , ce feroit dégrader z fculpture, & la reftreindre uniquement aux ftatues (i) ; tandis que la nature lui offre, comme à la peinture, des
- tableaux. Ceux des leûeurs à qui cette dénomination
ne feroit pas familière, pourroient conful-Iter’Vafari & d’autres écrivains Italiens ; ils I verroient qu’un bas-relief efl nommé qitadro, (terme qui, ainfi que tavola, fignifie tableau. ïLesItaliens difent depuis plus de 300 ans, un quadro dl haJforiUevo , un tableau de bas-relief. ■■ Ne méritons pas le reproche de rétrécir , d’ap-
- pauvrirun art que nos maîtres nous ont tranfmis
avec l’idée de fon étendue, & difons, fans en-S c u
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- ( !) M. Dandré Bardon, dans une petite note, p. 5 ,
’ : Effai fur la. Sculpture , dit : Ce terme ( ftatiiaire ) , loin de rétrécir l’idée que l’on, donne des fculpteurs , ne fcrt qu’à lut prêter une plus grande étendue. Comme la ’ laifon de cette étendue, fondée liir le tnoz fiatuaire ,
n’eft pas rapportée , je ne puis la deviner. Ainli je fiiis
■ obligé de croire , jufqu’à ce jour , que le nom dejldtuaire
! venant ieftare , être debout , s’airetei , défigne celui qui
fait une figure qui a l’air de s’arrêter on elle eft. Je laiiTe ■ au lefti ur à juger, iî l’artifte cpii repréfente un fujet en
! mouvement , quelquefois même en mouvement^ très-
,’ rapide , une machine , en un mot , qui paroît a^iffante , i iie pourroit pas dire que le nom de ftatuaire , loin de
! fréter à fon talent l’idée d’une plus grande étendue , ne
. fait qu’en rétrécir l’idée. Mais ne chicanons point fur les mots ; difons fculpteur ou fiatuaire, & mettons du aiouveraeni ou il en faut.
f, Pline entend par ftatuarius ’, l’artifte qui fait dés figu- • les de métal fondu ; & par fculptor, celui qui en fait de , marbre avec le cifeau. 3N~ous n’obfervons pas^ cette i diftinâion, parce qu’il faudroit changer de- nom à cha-’ qile ouvrage de 1 une ou l’autre de ces deux matières uand nous Us employons, ( Note de l’Auteur. ) trer dans plus de détails, qu’à la couleur près, un bas-relief faillant, eft, en fculpture , un tableau difficile. Mais quelle que fou fa difficulté & même fa réufllte, je ne pretens pas dire qu’il falTe la même illufion que la peinture . je fuis feulement, & intimement perfuadé, qu’il doit emprunter d’elle, ou plutôt de la nature, tous les moyens qui lui font favorables, &qui peuVenï l’aider à jetter le plus d’intérê : poflîble dans fa compofition. C’eft fouvent ennes’expiiquant pas affez , qu’on pourroit, contre fon intention , donner lieu à la méprife & à des imputations qu’on n’auroit pas méritées.
DRAPERIES.
Il me refte à examiner une partie de {a.fculp’ ture fur laquelle les artiftes ne font peut-être pas bien d’accord ; partie aulTi intérefTante qu’elle eft difficile : c’efi : l’art de draper. Je fuppoiè qu’un ilatuaire épris .de la Cmplicité des belles drapperies antiques, & révolté contre quelques bizarreries ingénieufes du Bernin, adopte uniquement le ftyle des plis antiques ; & qu’un autre ftatuaire, voyant tous lesi genres dans la nature, fe croie permis, comme fon imitateur, de les repréfenter tous : i[ femble que ces deux fyflêmes, qui paroiffent s’exclure, peuvent être égalemeat avantageux à la fculpture, & que ce feroit lui préjudicier, fi l’un prévaloit fur l’autre. N’en feroit-il pas des ans d’imitation comnie des langues, que l’on apauvriroit, en en retranchant des mots qui feroient les feuls fignes lepréfentatifs de cer- % taines idées ? Si l’on ôtoit à la fculpture des moyens d’imitation, ne l’apauvriroit-on pas auffiî II ne s’agit donc que de profcrjre ce qui feroit ou froid, ou pefant, ou extravagant, ou déplacé.
Les draperies qu’on appelle mouillées, fon-e d’un très-bon ufage dans [s. fculpture, où ctanc employées- fans affedation , fans maigreur, félon le fujet & l’à-propos, elles laiffepc voir les mouvemens du nud, en rendent les formes plus fenfibles, moins embarraffés , & conféquemment plus intércffantes.
Les fculpteiits Grecs, afFeflés de la beauté du nud , drapoient avec des étoffes fi fines , qu’elles paroiflbient mouillées, & quelquefois collées fur la peau. Leurs mœurs, leur climat, leur façon de fe vêtir, les étoffes dont ils s’habilloient, accoutumoient leurs yeux à ces objets, & formcient leur goût. Le vêtement des femmes de l’ifle de Cos eioit une gaze fi tranfpaiente, que le nud fe voyoit à travers ; & les fculpteurs de la Grèce fe régloient fur ce vêtement pour faire leurs draperies (i). Mais comme (ï) Winckelmana aiTttie qu’il s’eft confeivé autant dg