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à Florence où il revint se fixer, & où l’on voit ses principaux ouvrages. Il a fait aussi plusieurs tableaux d’église à Venise & à Rome. Il peignoit à fresque & à l’huile, étoit bon dessinateur quoiqu’un peu lourd & manièré ; il avoit de la fécondité dans la composition & de la facilité dans l’exécution ; sa couleur étoit bonne & vigoureuse, quoique tirant sur le bleuâtre. Il se distingua surtout dans les sujets de chasse & dans ceux où il entroit des chevaux. Il fut un des principaux membres de l’Académie de Florence ; on a même écrit qu’il en fut directeur. Si ce fait est vrai, il falloit que Stradan eût une réputation bien imposante pour faire taire la jalousie des artistes Toscans qui ne rendent pas aisément hommage aux peintres étrangers. Il mourut à Florence en 1605 âgé de soixante-neuf ans.

Philippe Galle a gravé d’après lui le Christ en croix au moment où on lui présente l’éponge, & la passion traitée de deux manières différentes ; H. Goltzius plusieurs feuilles de chevaux ; Corn. Galle des chasses & des batailles. Ce peintre a aussi occupé plusieurs fois le burin des Sadeler.


(48) Dario Varotari, de l’école Vénitienne, tiroit son origine d’une noble famille d’Allemagne. Il naquit à Vérone en 1539, étudia d’abord l’architecture, entra ensuite dans l’école de Paul Véronese & devint l’un de ses meilleurs élèves. Il peignoit à fresque & à l’huile ; & fut chargé de décorer de ses ouvrages un grand nombre d’églises & de palais. Il continua d’exercer l’architecture & il ornoit de ses peintures les palais qui avoient été construits sur ses dessins. Vif & fécond dans ses conceptions, il composoit bien, possedoit bien l’art de groupper, & disposoit ingénieusement ses plans. Son dessin étoit un peu rond, & n’étoit pas fort correct, mais ses têtes étoient belles, de ce genre de beauté qui a été connu de l’école Vénitienne, & qui ne s’élève pas au dessus de la nature telle qu’on la rencontre souvent dans le pays. Il peignoit bien, avoit en général un bon ton de couleur, & savoit établir de grandes masses d’ombre & de lumières. On lui reproche d’avoir travaillé souvent d’un pinceau trop fondu. Il mourut en 1596 à l’âge de cinquante-sept ans.


Clara Varotari, sa fille & son élève, se distingua dans le portrait.


(49) François Porbus, de l’école Flamande, né à Bruges en 1540, fut d’abord élève de Pierre Porbus son père, habile peintre & géographe, né à Gouda en Hollande, & qui s’établit à


Bruges, où il mourut en 1583. Pierre a peint des tableaux d’autel à Bruges & dans sa patrie. Le plus estimé est celui qu’il fit pour la grande église de Gouda ; mais le plus beau de ses ouvrages est le portrait du duc d’Alençon qu’il peignit à Anvers.

François passa de l’école de son père dans celle de Franc-Flore & le surpassa. Il peignit, comme son père, des tableaux d’autel d’une couleur vraie, & d’un pinceau agréable : sa touche étoit fine & décidée, sa couleur forte & harmonieuse. Il se fit distinguer dans le genre du portrait, & il excella sur tout dans la peinture du paysage & des animaux. Il avoit soin de faire reconnoître par le feuillé les différentes espèces des arbres qu’il représentoit. Il mourut en 1580 à l’âge de quarante ans.

François Porbus, le jeune, fils & élève du dernier, se fixa de bonne heure à Paris. Il eut des succès dans le genre de l’histoire & fut surtout employé pour le portrait. Sa couleur est chaude & vraie, sa composition simple, son dessin a de la finesse. C’est lui qui a peint le tableau de la céne qui est au maître-autel de la paroisse Saint Leu à Paris, ouvrage estimé, & fort supérieur à l’Annonciation qu’il a peinte au maître-autel des Jacobins de la rue Saint Honoré : ce dernier ouvrage a des beautés de détail, mais il manque trop de chaleur. Les deux tableaux de l’hôtel-de-ville, dont l’un représente, la minorité de Louis XIII & l’autre la majorité de ce prince, peuvent faire connoître le mérite de Porbus dans le genre où il a eu les succès les plus décidés. On voit de lui, au cabinet du roi, deux portraits de Henri IV. Cet artiste mourut à Paris en 1622.

J. Sadeler a gravé d’après François Porbus le père, la conversion de Saint Paul. Le portrait de Henri IV, peint par Porbus le fils, a été gravé par Marsenay de Ghuy, & par Tardieu.


(50) Felix Riccio, dit Brusaforzi, de l’école Vénitienne, né à Vérone en 1540, fut élève de son père & fit dans l’art des progrès rapides. Il alla ensuite à Florence étudier le dessin des grands maîtres de cette école ; mais son goût naturel le porta toujours à l’imitation de Paul Véronese. Ses principaux ouvrages sont à Vérone. Son pinceau étoit facile, doux, agréable, quelquefois un peu léché. Sa manière est grande, ses têtes ordinairement belles, bien peintes, bien dessinées, & même quelquefois remarquables par la force de l’expression. Il plaît par sa couleur, souvent un peu grise, surtout dans les demi-teintes ; mais toujours agréable, & faisant en même temps de l’effet : dans ses bons ouvrages, la composition tient de celle de Paul Véronese, &, malgré son séjour à Florence, il lui ressemble même pour le dessin.