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^ec d’autant pins de confiance , qu’alors elles fe condaironc toujours au grand. C’eft dans ce diiçernement judicieux que paroîr la jufteffe oel’efpnt, Se les talens du fculpteur font toujour ?

en proportion de cette julteffe. Une connoiffance 

médiocre de nos arcs, fuffit pour voir que les, artiftes grecs avoient auffi leurs inftans de ïbmmeil ci : de froideur. Le même goût régnoit, mais Je favoir n’etoit pas le même chez tous les artiftes ; l’élève d’un Ibulpteur excellent pouvoir avoir la manière de fon maître fans en avoir la jtête.

De toutes les figures antiques , les plus propres a donner les plus grands principes du n’jd , ibnt le Gladiateur , l’yipollon, le Laocoon , ï’H-rcule Farnèfe , le Torfe , ^Antinoiis , Je Grouppc . de Lafior &c PoLlux , l’Hermaphrodite, la ^ énus de Médicis. Je crois re-^rou v tr la traie de ces chel-d’oEuvres dans les ouvrages de quel- , ques-uns des plus grands fculptenrs modernes. ,Va.is A Jchel-zinge on voit une étyde profonde du Laocoon , de l’Hercule & du sor/e- Peut-on douter, en voyant les ouvrages de François Flamand , qu’ii n’aitbeaucoup ett ;dié le Gladia- ^teur . ’ Apollon . {’Antinoiis , Cajtor & PoUux^ la Vénus 6c ^’Hermaphrodite !Le Fuget a.eiiidié le Laocoon fans doute, 6c d’autres antiques ; mais liin principal maître fut le naturel , dont il voycir continiieliemeut les reffbrts & les mou-Ve’mens dans les forçats à Marfeiile : tant l’habitude de voir des objets plus ou moins relatifs au IVrai fyftème des arts ,- peut former le goût ou len arrêter les progrès. Nous qui ne voyons que

! des ajtiftemens inventésà contre-fens des beautés 

du corps humain , que d’efïorts ne devons-nous ipas faire pour déranger le mafque, voir & connoître la nature , & n’exprimer dans nos ouvragés que ce beau indépendant de quelque mode ique ce foît ? C’eft aux grands artiftes à quitoute

la nature eft ouveite-,. à donner les loix du

.goût ( I ). Ils n’en doivent recevoir aucune des . caprices & des bizarreries de la mode. Je ne dois pas oublier ici une obfervation importante au fujet des anciens-, elle eft elTenîtielle fur la manière dont leurs fculpteurs trai- ■ toient les chairs. Ils étoient fi peu afFeélés des

détails, que fouvent ils négligeoient les plis &

les mouvemens delà peau dans les endroits où icUé s’étend & fe replie félon le mouvement des ■ membres. Cette partie ds la fculpture a peut-être • ■ été porLee de nos jours à un plus haut degré de perfedion. Un evempje décidera fl cette obferiyation eft hazardée : il fera pris dans les ouvrages du ?u^et. ^ m

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f (i) On voit bien que i^ands artiftes ne fignifie pas îù les p- ;i.« !cs & les * u !p ;eurs feulement , & qu’il s’enteaJ diïs _v,’^'S-m-itres dans tous les arts. Le chan-

iic ;»’j'fe ; " ’ " d’Achille , émit un grand 3i-

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Dans quelle fculpture grecque trouve- t-on le fentiment des plii de la peau , de la mollelfe des chairs & : de la flu-dité du fang , aulli fupérieurement rendu q -e dans les p.oduâions ds ce célèbre moderne ? Qui eft-ce qui ne voit pas circuler le fang dans les veines du Milon de Verfailles ? Et quel homme fenfible’ ne feroit" pas tenté de fe méprendre en voyant les chairs ^■s V Andromède (x) ; tandis qu’on peut citer beaucoup de belles figures antiques où ces véliié ^ ne fe trouvent pas ? Ce feroit donc une force d’ingratitude , fi , reconnoiffant à tant d’autres titres !a fiiblimité des fculptures grecques nous retufions nos hommages à un mérite qui le trouve conTl-amment fupérieur dans les éuvra^ges d’un arrifte François.

Lahonteufe manie de relever les défaurs des plus beaux ouvrages, n’eft point lobjet.de cette obfervation. L’ariifte qui ne fentiroit pas de combien les beaut^s l’emportent far les négligences & les défauts djns l^^ monumens pré- •cieiix de l’antiquité , feroit ou égaré par ce détordre effréné, enfant du délire , ou arrêté par cette exaflicude que la médiocrité calcule à i’infçu du génie.

Nous avons vu que c’eft l’imitation des objets naturels, fournis aux principes des anciens, qui % conftitue les vraies beautés de 1 ?l fculpture. Ma’s l’étude la plus profonde des figures antiques, la connoiflance la plus parfaite des mufcles, laprécifion du trait , l’art même de rendre les partages harmonieux de la peau , & d’exprimerles reffbrts du corps humain ; ce favoir, dii-je , n’eft que pour les yeux des artiftes & pour ceux d’un bien petit nombre de connoilTeurs. Mais comme la fjulpture ne fe isLit pasleulemeut pour ceux qui l’exercent ou qui y ont acquis des lumières il faut,>que le fculpteur, pour mériter tou» les fufî-rages , joigne aux études qui hy fontnécef^ faites, un talent fupérieur encore. Ce talent fi effentiel & fl rare , quoiqu’il paroilTe à la portée de tous les artiftes, c’eRlefentiment. Il doit être inféparable de toutes leurs produtlions. C’eft lui qui les vivifie ; fl- les autres études en font la bafe , le fentiment feu] en eft l’ame. Les connoiffances acquifes ne Ibnt que particulières , mais le fentiment eft à tous les hommes ; il elï uniyerfel : à cet égard , tous les hommes font juges de ivos ouvrages. ^

Exprimer les formes des corps & n’y pas join» (3) Ceux qui co’nnoiflent ce grouppe , favent qu’il eft compofé de trois figures , Androniede , Perfee & ua petit an.our qui l’aide à détacher U fille de CiiJJïope. J’ignore où M. de Hagedorn a vu que le héros eji entouré d’ amours , & je croirai long-tems qu’il faut counoitre autrement que par des livres ’& des ont dire, les produâions des beaux arts, fi l’on veut en parier ,àpeu-pres )ufte. Voyez Réflexions fur la Peintiiref tom. I, pag. 113. {^Neti de l’Auteur.)

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