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f^fa pocjîs irai îl y a quelque apparence iju’îl ne fenroit pas que l’art de créer une fcene fiir la toile avec des perfonnages qu’il faut aufli ■ créer avant de les repréfenter , tient bien autant, pour le moins, à la poétique, que l’art de dire à des hommes déjà faits à cet exercice , figure^ de telle ou telle manière. Il efl vifible

que Plutarque a confondu l’attitude du modèle

avec le génie , l’étude avec le talent du Peintre , qui a peu fait quand il a imaginé fa fcene & placé fes modèles, s’il n’a le grand art de les bien rendre ; car aucun de fes perfonnages ne fait faire un pas : il eft lui-même, & lui feul, le maître, le décorateur & tous les iîgurans de fon ballet.

Quoiqu’il en foit, il femble que l’honneur de la peinture ancienne & la raifon demandent qu’on s’en rapporte plutôt au poëte Simo- • nide qu’au littérateur, au philofophe Plutarque. ■C’eft au refte une difcuiïion de fentiment fur ■laquelle je m’en rapporte à l’homme de gôut, au connoiffeur & à l’arrifte. Ce n’efl : pas qu’au ■premier chapitre du traité, comment il faut lit e les poète !;, Plutarque ne dife ■. la poéfie efl un art d’imitation , & une Jcience cotref pondante à la peinture, & qu’il n’enfeigne au jeune homme qu’il veut infVruire, cette règle du goût, j qui eft, dit-il, dans la bouche de tout le monde : la poéfie éfl une peinture parlante, & la pein-’ titre une poéfie muette. D’où nous voyons jufqu’à quel point les hommes d’un très-grand mérite, font fournis à la contradiflion & à l’erreur.

I Si, par une erreur dont on voit heureufement peu d’exemples , un Sculpteur alloit prçn-

! dre pour de l’enthoufiafme & du génie , cette 

fougue déraifonnée qui emportoit Borromini & 3IeyJfonier ; qu’il foit perfuadé que de pareils écarrj ; . loin d’embellir les objets , les éloignent du vrai , &" ne fervent qu’à repréfenrer les déforires de l’imagination. Quoique ces deux Artiftes ne f.iffent pas Sculpteurs , ils peuvent être cirés comme des exemples dangereux , parce que le même eTprit qui conduit l’.Architeâe ,. conduit aufli le Peintre & le Sculpteur. L’Artifle, dont les moyens font fimples , efl ; à découvert ; 31 r.’expofe à être jugé d’autant plus aifément , qu’il n’emploie aucun vain preftige pour échaoper à l’examen , & : fouvent mafquer ainfi fefîon-aleur. N’appelions donc point Beautés, dans que qae ouvrage que ce foit , ce qui ne feroit qu’éblouir les yeux & tendroit à corrompre le goût. Ce goût . fi vanté avec raifon d ?ns les produâions de l’efprit humain , me paroît en général le réfultar de ce qu’opère le bon l’ens fur nos idées • trop vives , îl fait les réduire , leur donner un frein : trop lançuifiantes , il fait les animer. C’elî à cet heure. IX tempérament, que la fculprure , ainfi ijue tous les arts jnvemés pour plaire , doit fes S c u

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vraies beautés -, les feules qui foîent durables. Comme la yt«Z/7£KAe comporte la plus rigide exaélitude , un delFm négligé y feroit moins fupportable que dans la peinture. Ce n’eft pas à dire que Raphaël & le Dominiquin n’ayent été de très-correfts & très-favans delîinateurs, & qus tous les grands Peintres ne regardent cette partie comme effentielle à l’Art : mais à la rigueur, un tableau oii elle ne domineroit pas, pourroit intérefl’er encore par d’autres beautés. La preuve en efl : dans quelques femmes peintes par Rubens , qui , malgré le caraclère flamand & peu correél , féduiront toujours par le charme du coloris. Exécutez-les en ficulpture fur le même caraclère de d.eflin , le charme fera confidérablement diminué , s’il n’efl entièrement détruit. L’effai feroit bien pire fut quelques figures de Rembrand,

Pourquoi efl-il encore moins permis au fculpteur qu’au peintre , de négliger quelques-unes des parties de fon art ? Cela tient peut-être à trois confidérarions : au tems que l’artifte donne à fon ouvrage ; nous ne pou^vons fupportet q’j'un homme ait employé de longues années à faire une chofe commune : au prix de la matière employée ; quelle comparaifon d’un morceau de toile à un bloc de marbre ! à la durée de l’ouvrage ; tout ce qui eft autour du marbre s’anéantit , mais îe marbre refte. Brif es même , fes pièces portent encore aux fièeles à venir de quoi louer ou blâmer.

Après avoir indiqué l’objet & le fyftême général de la ficulpture, on doit la confidérer encore comme ibumife à des loix particulières , qui doivent être connues de l’artifte, pour ne pas les enfreindre , ni les étendre au-delà de leurs limites.

Ce feroit trop étendre ces loix , fi on difoit que la ficulpture ne peut fe livrer à l’efTor dans fes compofuions , parla contrainte où elle eft de fe foumettre aux dimenfions d’un bloc de marbre. Il ne faut que voir le Gladiateur & ï’Atalante ; ces figures grecques prouvent affez que le marbre obéit , quand le fculpteur fait lui commander.

Mais cette liberté que le fculpteur a , pour ainfi dire, de faire croître le marbre, ne doit pas aller jufqu’à emDsrraffer les formes extérieures de fes figures par des détails excédans &r coniraires à l’aflion & au mouvement repréfentés. Il faut- que l’ouvrage fe détachant fur un fond d’air , ou d’arbre , ou d’architecture , s’annonce fans équivoque du plus loin qu’il pourra fe diftinguer. Les lumières & les ombres , largement diftribuées , concourront aulFi à déterminer les principales formes & l’effet général A quelque difiance que s’apperçoivent l’Apollon & le Gladiateur , lenr aâion n’eu point douteufe.