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une Vénus à Atnycles. On voyoît de lui, du temps de Dion Chryfoftôme , une ftatue d’Alcibiâde dont les mains étoient mutilées. Il a vécu & travaillé long-temps , fi c’étoit lui, & non un autre Polyclète , qui avoit faitla llatue d’un Antipater vainqueur entre les enfans , au temps de Denys de Syracufe. Ce tyran avoit engagé le père du jeune homme à déclarer «u’il étoit Syracufain ; mais Antipater luitnéme , méprilant les largefTes du tyran, & voulant faire honneur à fa patrie, fit écrire fur la bafe qu’il étoit" de Milet, & le premier des Ioniens qui eût confacré (a ftatue à Olympia. Elien a écrit fur Polyclète un fait ou un conte qui peut trouver fon application. Il rapporte que cet artifte fit à la fois deux ftatues : dans l’une , il ne fit que fuivre l’impulfioB de l’on génie Ik les règles de fon art ; il le fit une loi de fuivre pour l’autre tous les confeils qu’on vouloit lui donner, faifant, défaifant, changeant à mefure qu’on lui communiquoit une nouvelle idée , ou qu’on lui çrefcrivoit quelque correftion. Ces deux morceaux terminés, il les expofa en public : le premier fut généralement admiré ; le fécond excita la rilee de tuus les Cpeûateurs : « Eh B bien, leur dit-il, l’ouvrage que vous admirez eft le mien ; celui dont vous vous » moquez, eft le vôtre ".

Winckelmann croit qu’une’ figure nue , plus petite que nature, qui fe voit à la Villa Farïiefe, eA une copie du fameux Dladumène de Polyclète, ou dumoins la répétition d’une copie de ce morceau célèbre dans l’antiquité. Il remarque qu’une petite figure toute femblable fe voyoit en bas-relief fur une urne funéraire ée laViilaSinibaldi, ce qui lui fait juger avec laifon que ces deux figures ont été faites d’après un morceau qui jouiUbit d’une gianJe réputation & qui a été fort fouvent copié. En admettant cette fuppofition , qui ne manque pa’î de vraifemblance , nous pourrons juger du talent ^e Polyclète, à peu près comme on juge de celui de Raphaël par une ei’ampe. Notre antiquaire croit voir aufli dans un basrelief repréfentant des Canéphores , c’eft-à-dire des jeunes filles portant des corbeilles qui contenoientles cho’es facrées, une copie, ou une imitation des fameufes Canéphores du même artifte. Le flyle témoigne en faveur de leur haute antiquité.

Enfin il eft porté à reconnôître auîTi les y4ftraeaUontes ou joueurs aux offelets de Poiylete dans une figure du palais Barberini , qui mord le bras d’une autre figure détruite ; mais îa main qui refte tient un offeler. Les anciens, comme le font encore les modernes , donnoient fouvent aux ouvrages de l’art des noms qui en ’ «défignoient très-impartaitement le fujet. Notre «Htiquaire ûonjeaure que les /,Jîragaliiantis S C U

repréfentoîent Patrocle encore enfant qui, dans une difpute prife au jeu des oflelets, tua le jeune Chryfonyme.

Nous avons dit ailleurs que nous foupçonnions qu’il y avoit eu deux Canachus. C’eft que Paufanias parle d’un. Canachus de Sicyone élève de Polyclète qui fit la ftatue d’un pugile nommé Bicellus. Peut-être les écrivains ont-ils quelquefois confondu les ouvrages des deux Canachus.

Le même auteur nous apprend qu’il y eut un Polyclète d’Argos, diftérent de celui qui avoit fait la fameufe Junon. Ce troifième Polyclète étoit élève de Naucycles. On ne cite de lui qu’une ftatue repréfentant Agénor de Thèbes, vainqueur au jeux olympiques. (48) Phragmon que Pline fait contemporain de Polyclète, & qui avoit fait des Amazones dans le temple d’Éphèfe, eft peut-être le même artifte que Paufanias nomme Phradmon, & qui étoit d’Argos,

(49) Caelon d’EIis : nous le plaçons îcî parce que Pline parle d’un Callon qu’il fait contemporain dj Polyclète, ce qui ne peut convenir à celui d’Egine , élève de Teâée & d’Angelion. Paufanias raconte que les Mamertjns perdirent par un naufrage tiente cinq jeunes gens, & que, four honorer leur mémoire, ils leur firent élever des fta’ues en bronze à Olympie : elles furent l’ouvrage de Callon d’Elis, dont on voyoit aulTi un Mercure tenant le caducée. Comme Paufanias obferve que les ftacues des jeunes Mamertins étoient comptées au nombre des ouvrages anciens, on pourroit foupçonner que la chronologie de Pline n’eft pas ici fort exafte, & que Callon étoit antérieur à Polyclète.

(50) SocEATE, célèbre entre les philolbphss, doit trouver place entre les artiftes. Fils d’un fculpteur, lui-même exerça la fculpture dans fa jeuneffe. On voyoit de lui an Propylée, à Athènes , un Mercure & les Gracei drapées. C’eft du moins l’opinion commune : mais il faut avouer que Paufanias s’exprime là defTus avec incertitude ; il n’affure pas que ces morceaux fuffent l’ouvrage de Socrate le philofophe, il rapporte feulement qu’on le difoit. Pline, fans parler même du philofophe Socrate , dit que les Grâces du Propylée font d’i^n Sociate & qu’on doute fi elles font de. Socrate le peintre ou d’un autre. Il ajoute qu’on ne les admiroit pas moins que les ouvrages de Mér.efcraie. Il eft permi :; de conjeéuirer qu’elles étoient de Socrate le Thébainj ou du peintre Socrate, ou d’un au’re artifte du même nom, & que Socrate le phiiofophe s’écant fait une réputation, la ciinforniité du nom lui aura fait attribuer ce»