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eurent les talens. On pouvoit le regar^ef comme un roi proteûeur des artiftes , ik ia proteâion îeur infpiroit l’emulatusn la plus vive, parce que de grandes récompenfes attendoient leurs fticcès. II ht bâtir des temples , creufer des porti , élever des théâtres , conftruire des âquf’ducs , & tous ces édifices etoienc décorés par (es ordres avec la plus grande magnificence. l->ans la foule d’artiltes qu’il empioyoit, il diflingua particulieiéiiient Phidias, de le rendit l’ordonnateur & l’arbitre de Tes grandes Cntreprifes. Ce que leErun fut fousLouisXIV, Phidias le fut ibus Périclès.

Autant que l’on peut juger un artille dont on ne connaît pas les ouvrages , &lur lefquels il ne relie que des traits afléz vagues qui nous ont été tranlmis par des écrivains étrangers aux arts , on peut conjeâurer que Pdidias le diftinguoit fur tout par un caraflère de grandeur, il ell vrai-fembiable que, fous le règne d’Alexandre , des fculpteurs le furpaflbient par la grâce, par une aimable moilefTe, par des beautés qui appartiennent à l’exécution ; mais qu’aucun n’egaia la fierté de ce grand flatuaire.

Toute l’antiquité fe plut à célébrer f«n Jupiter Olympien. Il difoit lui-même que l’idée de ce chef-d’œuvre lui avoir été infpirée par ces vers d’Homère qui reprefentent le maître des dieux ébranlant l’Olympe d’un mouvement de fes noirs l’ourcils. Le dieu étoit aûis fur un trône ; fa couronne imitoit des branches d’olivier. Il tenoit dans fa main droite une Vi flore d ivoire ik d’or , ayant la tête ceinte d’une bandelette , & furmontée d-une couronne dans la gauche étoit un iceptre brillant de l’fcclat de tous les métaux , & furmonté -d’un aigle. Le manteau du dieu étoit d’or , aind que fa chaufTure , des animaux & : des lys foiiuo ent le delFin de ce manteau. L’ivoire dominoit dans ce monument ; ce qui a fait •dire à Strabon qu’il étoit d’ivoire , quoique l’artifte y eût employé l’or & d’autres mé- ■’taux : la fig. ;re etojt alaie ; & , quoique le •temple tîlt vaile & élevé, fa tête touchoic ’prefque à la voûte : l’i le dieu eût voulu lé ieveî , il aurou été obligé de la percer. L’ ntennon de l’artifte eioit de donner une idée -de la grandeur du dieu ; & quoique cette ’proportion, trop torte pour celle du temolj,, puifl’e nous fembier vicieufe , les anciens qui ont va le monument n’ont fait que l’admirer : nous n’avons pa-j le droit de nous montrer plus léveres, nous qui ne pouvons nous en former <[u’une image impatate ; croyons que l’irci-le avou m..-, dans est ouvrage tant de niajefté , qu’elle taiî lii uubiier ce que les proportions avo.ent J’exagère, Le trône étoit ’ d’or , d’ivoiie Ôi d’ébéne. Les ornement en peinture & en fcuipture y étoient prodigués. S C U 5^p

Paufanîas nous en a tranfmîs la defcription ; que nous croyons inutile de tranfcrire. Il fuffit de favoir qu’il étoit chargé d’une multitude d’objets , ians doute bien traités , mais qui n«  dévoient pas être exempts de confufion. On eft obligé de convenir que , du temps de Phidias , on n’avoic pas encore dâcsuvert que le grand s’aggrandit par la fobriété & la fimplicité des ornemsns. Il en aura été des Grecs comme des modernes ; ce n’aura été qu’aptes avoir faifi le grand dans les parties capitales, que le goût fe fera porté vers la théorie du grand dans les aceeflbires.

La llatue de Minerve, dans le Parthenon, à Athènes, étoit au nombre des ouvrages ce» lèbres de Phidias : elle étoit d’or & d’ivoire. Un fphynx formoit l’e cimier de fon cafque» & aux deux côtés étoient des gryphons. La llatue étoit debout & la draperie defcendoit ju& qu’aux pieds. Sur fa poitrine étoit la tête de Médufe en ivoire & une vifloire haute de quatre coudées ; cette niefure, qui nous a été conibrve» par Paufanias, peut nous donner une idée de ia grandeur colloffale de la flatue. Ladéeffe tenoic une lance , près de laquelle etoit un dragon que l’on croyoit être le dragon érichtonien. Soa bouclier étoit à fes pieds : à la partie convexe, l’artille avoir le uipté lé combat des Amazones j & à la partie concave, le combat des dieux’ & des géans : il n’avoit pas même épargné le travail fur la chauffure ; on y voyoit reprelénté le comb.it des Lapithes & des Centaures. Les anciens ont loué cette profufion ; les modernes ont railbn de ne la point approuver. Sur la baie qui fupportoit ce collofle étoit reprélentée en bas-relief la naiffance de Pandore. Cefujet contenoit vingt divinités.

Dans la même ville , Phidias fit une autre Minerve en bronze. Les Athéniens confacrerenc à ce monument la dixme des dépouilles qu’ils avoient remportées fur les Perles vaincus à marathon. Cette flatue étoit d’une fi haute proportion, que les navigateurs voyoient de Su» nÎLm le cimier du calque de la déeffe & le fer de fa lance. Mys cifela fur le bouclier de cette Pallas le combat des Centaures & des Lapiihes & d’autres fujets dont le peintre Parrhafius lui fournir le deffin. Pline a confondu cette Minerve avec celle du Parthenon , quand il a dit que la baie repréfentoit la naiflance de Pandore. Paulànias, tcmoin oculaire, mérite plus de confiance.

Près du temple de Vulcain , étoit un temple de Vénus, pour lequel Phidias exécuta en marbre de Paros la llatue de Vénus-Uranie. Sa Pillas Lemnia, a^nli nommée parce qu’elle fut dédiée par les hahltanb de Lemnos , étoit recardée comme un monument digne de la déelfe qu’il repréfentoit. Dans le temple de Néœeûs j près de Marathon , il fit en marbre de