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fl’jstitant plus de gloire, que venos fo« tard, ils ont promptement furpaiTé tous ceux qui les avoient précèdes , & qu’ils n’ont été furpaflës ni même égalés par aucun de ceux qui les ont fuivis, quoiqu’ils leur aient laiffé les plus beaux modèles.

Quand on ne fauroît pas, par des témoignages multipliés, qu’entre les anciens peuples, les Grecs doivent être regardés comme un peuple nouveau , on en trouveroit la preuve dans Paufanias. On voyoit encore de ion temps , dans la Grèce, non-Ceulement des monumens de l’art naiffant, mais des monumens antérieurs à la naiffance de l’art : tandis que dix mille fiècles ne fufîiroient pas pour remonter à l’origine de l’art chez les Égyptiens. J’accorderai volontiers que cette chronologie égyptienne eit fautive -, mais on peut réduire la durée qu’elle fuppofe, fans perdre l’idée d’une très-haute antiquité.

Nous avons vu qu’il fut un temps , dans la Grèce, ou deux poteaux réunis par une traverfe, figuroient Caftor & PoUux , ces deux frères célèbres par leur amitié. Comme on a des preuves que l’art d’imiter au moins grolfiérement la figure humaine enfculpture étoit pratiqué dans la Grèce long-temps avant la guerre de Troie, il faut donc croira que ces célèbres jumeaux qui paffent pour fils de Léda & frères d’Hélène, étoiant révérés des Grecs longtemps avant l’époque, à laquelle cette opinion mythologique place leur naiffance. On fait que la mythologie grecque offre de très-grandes variétés , à : eft différente à beaucoup, j d’égards dans les difïérens poètes & les difîé- ’ rens mythologues. Si l’on veut cependant con-’ fer ver la mythologie commune, & regarder Caflor &Pollux, comme des frères d’Hélène, ■ & par conféquent à-peu-près contemporains du I fiège de Troie, on pourra dire que , dans cer- [ tains endroits de la Grèce, l’art n’étoit pas «ncore connu , tandis qu’il étoit déjà pratique dans d’autres. On pourra dire encore que, même après que l’art fut connu, on continua de fuivre

quelquefois l’ufage ancien, & d’indiquer feulement

les objets de la vénération , au lieu de ^es repréfenter.

, Du temps de Paufanias, on voyoît encore que ! ■ i ques-uns des premiers monumens du culte des Grecs. Les Athéniens confervoient dans leur gymnafe , près des portes nymphades, une pierre , de forme pyramidale, & d’une médiocre hauteur, qu’on appeiloit Apollon Carinus. Le peuple qu’ennorgueilliront dans )a fuite les travaux des Phidias & de« Praxitèles, n’avoit pas encore, lorfqu’il le contentoit de femblables monumens , , Finduftrie naiffante qu’offrent des peuplades fauvages, A Corinthe, ville que rendirent célèbre la beauté de fes ouvrages en bronze , Si l’art qui danaoit à cette matière tant de S c u

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prîx, on voyoît Jupiter Milîchius, figuré par une pyramide , & Diane proteclrice de la patrie, oflertc à la dévotion de fes adorateucs fous la fo’me d’une colonne. Enfin les Thefpiens rendoient furtout à l’Amour un culte religieux ; & l’aimable Dieu qui recevoit leur hommage étoit repréfenté parune pierreinforme. Praxitèle, Lyfippe, leur firent chacun uneflatue du fils de Vénus ; mais ces cJicfs-d’œuvre de l’art n’obtinrent jamais toute la vénératioa qu’on avoit pris l’habitude d’accorder à l’antique caillou. ^ ,

Le cuire rendu à des poteaux, à des pierres, à des pyramides, à des colonnes dévoie remonter à des fiècles bien reculés, puifque, fuivant une tradition qui avoit pafT ; de bouche en bouche jufqu’aux contemporains de Paufanias, ICi Grecs avoienc connu dçs xnrvrages de fculpture près de feize fiècles avant notre ère. Oa voyoit à Athènes un Hermès de bois, apporté difoit-on, par Cécrops qui,’ijSi ans avant l’ère vulgaire, vint d’Egypte dans l’Attiqi-e, 5r y amena une colonie qu’il avoit raflemblés à Sais.

A-peu-près 70 ans plus tard , Danaiis fuivit l’exemple de Ceci-ops , Sz abandonna l’Egypte pour la Grèce. Il y fonda un temple en l’honneur d’Apollon, & y fie ériger en bois la ftatue du dieu ; toutes les flatues qu’on pnuvoif rapporter à une très-haute antiquité n’é-’ toient que de bois. C’étoit cette matière, a«  rapport de Paufanias , qu’empîoyoient, pour le» ouvrages de fculpture, les Égyptiens qui accomnagnoient Cecrops & Danaiis , quoique dan» leur pays ils pratiquaffent déjà depuis long-temps l’art de travailler les pierres les plus dures & de fondre les métaux. Peut-être lorfciu’ils abordèrent dans la Grèce, n’y connoifToit-on encore aucune carrière de marbre ; peut-être aufliles compagnons de ces deux chefs étoient-ils de trop mauvais artifles pour travailler des matières qui réfiftent à la main de l’ouvrier. On peut même conjeélurer qu’ils n’avoient jamais cultivé les arts dans leur pays, & que les ouvrages qu’ils firent dans la Grèce, n’étoient que des imitations fauvages de ce qu’ils avoient yu dans l’Egypte.

Dans la même ville, Hypermneftre avoit dédié une flatue de Vénus qu’on voyoit encore du temps de Paufanias. Il eft trifte que c» voyageur n’ait pas décrit avec plus de détail 8c plus de connoîffance , les premiers effais & les chefs d’œuvre de l’art qu il a vus en fi grand nomhrï. Il fatisfait la curiafité des favans qui fe contentent de ce qu’il veut bieti leur apprendre ; mais les artifles ne trouvent pas ce qu’ils cherchent dans fes écrits. La ftatue de Vénus renoit en main une viâoire. Hypernineflre fit cette offrande, parce qu’accufée par fon piiare Danaiis de n’avoir pas, à l’exeinpie V V y