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^Surent dans les têtes du Corrigé. Souvent même les angles des yeux y font un peu trop relerés. Enfin elles ne l’ont pas belles , mais elles olaifent ; fi ce maître , comme le penlent Mengs & Winckelmann , a pu connoître l’antique , c’efl : dans les figures de faunes & de bacchantes qu’il l’a fiir-tout étudié. On voit , à la Villa Albani , une ftatue de bacchante d’une très- belle confervadon. El.e doit être placée , dans fon genre , entre les figures idéales , & mérite même d’être comptée «u nombre de celles à qui l’on a voulu donner la forte de beauté qui leur convenoit. Elle a le nés applati , & les angles extérieurs des yeux tirés en haut, de même que ceux de la bouche. On lait que c’étoit le caraftère convenu chez les anciens pour les têtes de faunes, S : on voit qu’ils ont voulu l’imprimer à celles des bacchantes qu’ils leur donnoient ordinailement pour compagnes. Les caraflères çjre nous venons de décrire, & qui feroient ji ;ftement q.aiifies de défauts dans les têtes nobles , devenoient la grâce de ces fort€s Je têie5.

Toutes les fortes de grâces ont été connues des anciens, & le temps qui a exercé tant de ravages fur leurs chefs-d’œuvre, a refpedé des modèles de toutes. Un Cupidon endotmi , à la Villa Albani ; un enfant qui joue avec un cygne , au Capuole ; un autre enfant monté fur un tygre, avec deux amours dont l’un cherche à l’eftrayer en lui prefentant un mafque , fuf fifent à prouver que les anciens ont réuffi à rcpréfenter la grâce dans la nature cnfanine. « Mais, continiie Winckelmann, !e plus bel j) enfant que l’antiquité nous ait tranfmis , j) quoiqu’un peu mu’ilé , eÛ un petit fatyre i d’environ un an, de grandeur naturelle, & » confervé à la Villa Albani. C’eft un bast 9 relief, mais d’une faillie fi marquée, que n prcfque toute la figure ei de ronde-bofTe. Ces p mon^imens doivent détruire i ;n préjugé, qui

  • > ell devenu une opinion en quelque forte

t» inconteftable -, c’eft que les artiftes antiques

  • font fon inférieurs aux modernes pour la

p configuration des enfans ».

Nous voici parvenus, fur les pas du favant Sue nous avons pris pour guide , au quatrième

yle , celui d’imitation.

La grande réputation que fe firent , avec tant de ji.ftice, les Praxitèles, les Apclles , nuifit à l’émulation de leurs fucceffeurï. Comme les arciftes qui les fiji virent défefpérèrent de les furpaffer , & même de les arteindre, ils bornèrent toute let.r ambition à les imiter, & l’on fait (|Ue les imita e.irô fon ; toujours au- •detl’ous des inaîrres qu’ils fe propofent pour jnodèles. On conçoit pour ces maîtres un refj )eft lî religieLix , qtie l’on finit par regarder ■ji^ur6 talehs comme fupérieurs à l’humanité, & ^eiiu II. Beaux-Ans.

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Vaxi ne rougit pas de refter au-deffoiis d’eux. Bientôt même ce n’eit plus eux que l’on prend , pour modèles, mais ceux qui les ont imités, avec le plus de fuccès ; avec Le temps enfin , on ne voit plus que de ; imira :edrs de ces imitateurs. Enfuite on cefl’e même de s’occuper de ces anciens modèles & de ceux qui les ont fuivis ; on lé livre ou à la manière de quelques artiftes qui ont acquis une réputation fubaheine à !a faveur de la digradation du goût , ou l’on cherche à fe difiringutr par des manières de caprice & de mode. Telles font les révolutions qu’ont éprouvées les arts chez les anciens & chez les modernes. Quand les artif !:es gre :s eurent ceffé ds chercher le beau, ils- voulurent fe diftinguer par le fini des dkails. Pour éi^iter la dureté du grand ilyle, on donna dans une maniete ronde & molle. On s’attacha à rendre fur le marbre des dé’ails auxquels fe lefufe fa fragilité , & qu’on n’a^oit hafardé jufques-là que fur le bronze. Ceux qui fuient frappés de ces défauts, imitateurs comme les autres, ne firent que changer l’objet de leurs imitations. Ils tentèrent de renouveller ce que Winckelmann appelle l’époque du grand ftyle, & ils n’en imitèrent que le défaut ; c’eft-à -dire, que cette grandeur exagérée des formes c[ui en impofe , mais qui néglige trop les recherches du vrai. C’ctoic faire retoatner l’art fjr fes pas au l.eu de le faire avancer’ : c’étoit le rapprocher de la manière égyprienno. Cette pratique qui ne négligeoit pas feulement les petites formes dont i’art ne doit que rarement s’occuper , mais encore le fentiment des chairs Se les organes du mouvement , éroit expéditive ; & c’eft peut-être ce que Pétrone nommoit artis compeiidiariam , & VWne vias compendiarias , un abrégé de l’art. Enfin , tout fut perdu , quand, au goût des grands ouvrages , faccéda celui des grottefques. Vitruve s’étoit plaint de cette mode deftruâive , & plufieurs milliers de tableaux , trouvés dans les fouilles d’Herculanum & des autres villes enfivelies fous les cendres du Véfiive , prouvent qu’elle avoir envahi les arts au moment de cette funefte cxplofion.

Quand le goût fut gâté , quand on eut perdu l’amour de l’art , quand une ftatue ne fut plus qu’une ftatue, & : qu’on ne daigna plus examiner fi elle étoit belle ; quand enfin , ce qui arrivera toujours , la fatiété eut amené l’indifférence , en ôia quelquefois la tê :e à des ftatues , pour les remplacer par d’autres traitées dans la manière qui étoi : à la mode , ou repréfentant quelques perfonnages qu’on vouloir honorer. Ainfi peur-êrre des têes , ouvrages de Lyfippe , de Praxitèles , furent détruites, pour y fubflituer l’ouvrage de quelques arciftes obfcurs & dignes de i’obfcurité.