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à ces indications prefqu’imperceptibles, on croiroit qu’elles n’ont aucune forte de vêtement. C’ett ce qui fait coiïjeûurer à notre favant que les vingt flatues coloffaîes de femmes qui ont été vues par Hérodote dans la vilie de Sais, & que co père de l’hiftoire prit pour des figures nues, étoient en effet drapées de cette manière à-peu -près infenfible.

Une Ifisaflîfe, dont parle Pococke, femble abfolumcnt nue , & fon vêtement n’efi : indiqué que par un bord faillant au-defTus des clievilles des pieds. Une figure alfife du palais t’arberini a une robe tans plis qui s’élargit de haut en ba, en forme de cloche. Une figure de femme , en granit noir , qui fe voit à Rome au cabinet Rolandi, eft auffi vême d’un° robe dans laquelle on ne reconnoît aucun fentiment, aucune indication de plis , & qui d’ailleurs ne s’élargit pas. Comni’î on ne voit pas les pieds de la figure , elle reffemble par le bas plutôt|à un cylindre qu’à un ouvrage de fculpture. Ces exemples , tous fournis par Winckelmann , prouvent qt-e les Egyptiens n’avoient pas même la plus foible in.eiligence de l’art de drapper. Cependant on les entend fréquemment célébrer en qualité d’artiftes. Mais , en fe dépouillant un moment du refpeft qu’infpire l’antiquité, qu’étoit-ce que des artiiîes qui, n’ayant aucune connoiflar.ca de la forme des os j ignoroicnt Eblblumcnt la charpente f^rlacjuelle eft établi l’édiiice de la figure humaine ; qui , n’ayant aucune connoiiiance des mufclcs , ne favoient point exprimer la variété des formes dans la diverlité de leurs mouvemsns , 8c ne p luvoient même les annoncer avec certitude, avec juftefle, dans l’état d’immobilité ; qui, n’ayant aucune connoiffance des plis Si du jeu des étoffes , ne favoient pas couvrir de draperies le roide mannequin qu’ils étoient capables de produire ?

On n’apperçoit point de chaufTiire aux figures égyptiennes. Cependant Pococke eil : parvenb à découvrir, fur la cheville du pied -d’une flarue, une forte d’anneau angulaire auquel tient une courroie qui paffe cnirelegros êc le fécond orteil pour attacher la fandale. Il e& vrai que cette fandale n’eft pas vilible : mais comme les Egyptiens fe contenioient fouvent de quelques traits , de quelques hachures , de quelques nigofités, ou même d’un feul rebord , pour indiquer l’étofFe d’une draperie qu’il étoit d’ailleurs impoffibie d’appcreevoir , ils ont pu de même indiquer la chauffure par le feul cordon qui l’attachoir. Il eft vrai que , fuivant Plutarque , les fem.mes égyptiennes alloient nuds-pieds : mais Plutarque peut avoir parlé de l’ufage le plus géné- . rai, qui étoit, peut-être, fufceptible d’exceptions.

PalToiu au %le fubféquent des Egyptiens, SC0

Wînckelman croît le reconnoître dans deim figures de bafalte du Capitole , & dans une figure, aufTi de batklte , de la Villa- Albani , mais dont la tête eft reftaurée.

Il examine d’abord les deux premières , & remarque encore dans le vifage de l’une, des traces bien fenfibles du premier ftyle : il les reconnoît fur-tout dans la forme de la bouché dont les coins remontent, & dans le menton qui eft trop court. Les içains ont plus d’tlégance que dans les figures de l’ancien ftyle,’ & les pieds font plus écarté» l’un de l’autre. La première & la troifième figures ont,com- ’ me celles de l’ancien ftyle, les bras pendan» & adhérens aux côtés ; la féconde’, qui a les bras plus libres, ne les a cependant pas déta- ■ chés. Elle n’eft point adoffce à une colonne ; ce qui la diftingue de la manière la plus ordinaire des Egyptens , qui ne terrainoient qu^ trois côtés de leurs figures , pace que le qua- ’ triéme , qui étoit la partie poltcrieure, etoit ’ toujours appuyé. WincJcelmann foupçonne qugces trois figurei ont été faites par des artiife» égyptiens dans le temps de la domination des Grecs. Pourquoi donc s’en fert-il d’exemples’ pour marquer le caraclère du fécond ftyle, dont il fixe la période entre le temps qui s’écoula depuis la conquête de l’Egypte faite pan ; Cambyfe jufqu’à la domination des Grecs ?’■ C’eft qu’il croit apparemment que , faites dan$’^ un temps poftérieur au règne du fécond ftyle, les auteurs y ont confèrve le caraâére de C8’ fiyle : c’eft qu’il penfe que ce ftyle fut 1» dernier qu’adoptèrent les Egyptiens , & qu’iljf ne lui en firent point fucctder un troifieme, ! Car il ne faut pas confondre avec les artifies d’Egypte, les fculpteurs grecs qui s’établirent’ ! dans ce pays, ik dont pluiieurs ^imitèrent quel-’ que chofe du caradère national.

Ces trois figures examinées par WinckeI-«* mann, ont une tunique, une robe, un manteau. La tunique eft à petits plis, tombe juf Ques fur les doigts des pieds, & : defcend au3^ côtés jufques fur la bafe. Elle remonte jufqu’aù col ; & ; , à la troifièm.e figure , elle forme fur* le fein des plis prefqu’imperceptibles qui partent du mummelon dans tous les fens ; çaracf tère qui tient encore au premier flyle. La robe , à la première & à la troifième ftatuçs, eft adhérente à la chair ; elle n’en eft déta-. chée , ou plutôt diftinguée que par quelques petits plis : autre caradère qui tient encore du vieux ftyle Enfin cette robe eft attachée audeffous du feih , & affujettie parle manteau, dont les deux bouts font relevés fur l’épaule. Comme il refte un grand nombre d’ouvrage» romains, dans lefquels les artiftes fe fontpro» pofés d’iiniterla manière égyptienne, Wi+ickelmann eijtre dans des détail» qui peuvent aider à reconnojtre ces ouvrages de ceux qui ont