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pour repréfenter les bras ; celîe fut l’imîtatîon de la fio-ure humaine pour Igs^remiers inventeurs de la peinture ; & l’on voit , dans les campagnes les plus agreiles, des enfans renouveller chaque jour l’invention de ces deux arcs par les mêmes procédés.

ScuiPTUHE che les Hébreux. Moyfe, que je regarderai leulemont ici comme le plus ancien des hiftoriens, nous montre des ouvrages de fculpture dans des fiècles bien antérieurs à ceux où il écrivoit.

Dans la Genèfe, lorfque Jacob, par ordre du Seigneur , fe difpolbit à quitter en fecrer Laban & à retourner dans le pays où il avoit pris naiffance , Rachel parvint à dérober les idoles de fon père, c’eft-à dire les petites ftatues que Laban adoroit. ( Genèfe , c. 31, V. 19.) Mais Laban ayant pourfuivi & atteint fon gendre & réclamant Tes idoles, Jacob qui ignoroit le vol fait par fon époufe, permit à fon beau-père de faire les plus exaftes recherches, & de punir de mort le coupable. Rachel cacha les idoles fous la litière des chameaux , s’aiïit deiru3,& s’excufa de ne fe pas lever même devant fon père , parce qu’elle éprouvo’t une maladie crdinaire, à fon fexe. Ce détail peut nous faire conjedurer que ces ftatues étoient de bronze , & qu’on avoit par conféquent déjà quelques connoiflances de la fonte. En effet , £i ces idoles , ces efpèces de pénates portat’fs , n’euflènt été que de bois , comme le furent lotig-temps les flatues des Grecs, Rachel n’auroit pu s’affeoir deffus fans rifquer de les mettre en pièces.

On voit du moins que l’art de jetter en fonte les métaux , & de les faire fervir à des imitations de la nature , fut connu des Ifraélites dans des temps fort reculés, puifqu’ils fondirent un veau d’or dans le défert. (Exod. c, 7iX.) C’eft Moyfe qui no :s a confervé le nom du plus ancien ariille dont le fouvenir foit parvenu jufqii’à nous : cet artifle eft Bétiléel, qui, encore dans le défert,. orna le propitiatoire de deux figures de chérubins. Il fit auiïï des vafes , des thuribules, des candélabres. L’auteur des petites idoles ou flatues de Laban , pouvoit être l’élève de la nature , & devoit tout fon art au goût des hommes pour l’imitation. Mais l’auteur du veau d’or , & : le fiatuaire & fondeur Béféléel peuvent être regardés comme des élèves de l’Egypte , où la culture des arts remonte à la plus haute an^ tiquité.

Sculpture i,7iif^ Us Egyptiens, Les Égyptiens inventèrent de bonne heure la fculpture ; mais deux obftacle»- s’opposèrent à ce qu’ils puffent la porter à la perfeSion ; le premier j^ipit inyin.’îiUe j c’ell qu’ils n’étoient pu beaux S C ^U

euiC^mêrnss, & que par conféquent îts ni purent regarder l’art comme l’imitaiion ds la beauté la plus parfaite : la féconde , c’eft que les loix leur prefciiyoieni ; un :? continuité de principes & de pratique , q" i m permectoit pas aux artiftes de rien ajouter à ce qu’avoienc fait leurs prédt’ceffeurs.

Comment les Egyp iens auroient-ils pu s’é-, lever j comme les Grecs, jufqM’à la beauté idéale, iorfqu’ils ne connoiffoienr pas’^même la beauté individuelle ? La configuration du vifage des Chinois, leur gros ventre, & la pefante rondeur de leurs contours font des défauts que partageoient les Egyptiens. On pourroit hardiment prononcer que les Calmouques ne feront jamais de bons artiftes aux yeux des autres nations ; les Egyptiens, avec la même laideur, avoient reçu de la nature la même négation pour la perfeûion des arts. Si les Romains ont célébré quelquefois la beauté des jeunes Egyptiens , nous penferons , avec Winckelmann , que ces éloges avoient pour objets les jeunes Grecs nés en Egypte. Il étoit interdit aux artiftes , dans cette contrée , de rien changer au vieux ftyle de leurs prédéceffeur». L’élève faifoit précifément comme fort maître , qui lui-même fuivoit fervilement la manière des maîtres qui avoient ■ vécu dans les fiècles reculés ; & s’ils i’eii étoient écartés , ils auroient été punis comme d’un attentat contre la religion. Il n’y avoit donc pas d’émulation ; aucun artifte ne cherchoit à faire mieux qu’un autre ; & fi, dans l’état de torpeur où le jettoit la loi , il eûo, encore pu fentîr quelques élans du génie ; s’il avoit éprouvé le befoin de créer , il auroit. réfréné ce dangereux mouvement que le fanatifme fe tenoit toujours prêt à punir commç . une impiété.

Ainfi les Egyptiens confervèrent toujours ,’ ' dans leurs fiatues , une pofition roide, & deg bras pendans perpendiculairement furies côtés. De quelle perfection pouvoit être capable uit peuple qui ne connoiffoit qu’une attitude ; celle des porteurs de brancards ? L’art doit être l’imitation de tous les mouvemens que la nature a rendus pofllbles aux animaux , à l’homme , à tout ce qui a de la flexibilité ; un peuple quifepropofe pour objet l’immobilité, qui Is confacre par des loix , fe condamne lui-mêma à languir toujours dans l’enfance de l’art. Aufii , même dans le temps d’Adrien , les fculp’^ teurs de l’Egypte avoient-ils confervé la roideur & l’immobilité dont ih trouvoient les exemples dans les ouvrages de leurs predéceffeurs. Ce furent encore avec des braspendan», & dans laroideur confacrée de l’ancienne atti* tude , qu’ils repréfentèrent Antinoiis , lorfque leur lâche adulation mit entre les objets delouf culte ce farori de l’Empereur. Oa peut fenar ;