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2P4 s G U Louvois aux Capucines ; celui de MM. Castellan à St.-Germain-des prés.

Entre ceux de ses ouvrages qui décorent le parc de Versailles, on distingue les sculptures du bassin de Neptune, l'Hiver sous la figure d'un vieillard, tenant un vase de feu, la fontaine de la pyramide, & surtout le grouppe de l'enlévement de Proserpine. Tous ces ouvrages, excepté le troisième, ont été exécutés sur les dessins de le Brun.

On reproche à Girardon de n'avoir pas bien su travailler le marbre, & d'avoir imprimé à ses ouvrages une pésanteur que leur donne le vice de l'exécution. Dandré Bardon tâche de l'excuser, en disant que trop occupé pour pouvoir travailler lui-même ses marbres, il abandonna cette partie essentielle de la sculpture à des artistes qui, quoiqu'habiles, n'ont pas jette dans l'exécution tout l'esprit & toute la vérité quo la main des auteurs y imprime ordinairement.

On peut croire cependant que s'il eût bien possédé le travail du marbre, il n'auroit pas souffert que ses ouvrages eussent conservé une tache d'imperfection qu'il auroit dépendu de lui de leur ôter. Il auroit fait avancer ses marbres, & leur auroit imprimé le dernier caractère du maître. Quoiqu'il en soit, on avoue qu'il possédoit à un haut dégré l'art de modeler. « La figure de Jupiter, placée dans une des niches de la colonnade du Louvre, dépose de son talent en cette partie. Ce plâtre travaillé à la main, dit M. D..., a douze pieds de proportion, & quoique ce ne soit qu'une première pensée, il est un de ceux qui peuvent faire juger plus réellement du mérite de son auteur. »

Girardon est mort à Paris en 1715, âgé de quatre-vingt-cinq ans.

(35) JEAN-BAPTISTE TUBI, naquit à Rome en 1630. Je ne trouve ni quel fut son maître, ni en quelle année il vint en France ; mais on sait qu'il fut admis à l'Académie royale en 1663, à l'âge de trente-trois ans. Quoique la qualité de copiste soit rarement un titre de gloire, il suffiroit à celle de Tubi d'avoir fait la belle copie en marbre du grouppe antique de Laocoon, qui décore les jardins de Trianon. Ce morceau peut consoler les François de ne pas jouir de l'ouvrage original.

Tubi a fait à Versailles, au milieu du bassin d'Apollon, ce Dieu monté sur un char tiré par quatre coursiers que conduisent des Tritons ; la fontaine de Flore, la Poésie Lyrique, Acis & Galatée, & la figure de l'Amour tenant un peloton de fil.

On voit de lui à Paris un morceau célèbre ; c'est la belle demi-figure représentant la mére


de le Brun, dans l'église de St. Nioolas-du Chardonnet.

On regarde encore comme de beaux ouvrages les figures de la Religion, & celle de l'Immortalité, toutes deux placées dans l'église de Saint-Lustache, la première au tombeau de Colbert, la seconde à celui de la Chambre, médecin ordinaire du roi. Il est l'auteur des deux grands bas-reliefs de la porte Saint-Bernard, & du grouppe qui, à Saint-Denis, représente, sur le tombeau de Turenne, ce grand capitaine expirant dans les bras de l'Immortalité. Un écrivain observe qu'un grand nombre des ouvrages de Tubi sont faits sur les dessins de le Brun, d'aprés lesquels, ajoute-t-il, les plus fameux sculpteurs se faisoient gloire de travailler. II auroit été plus vrai de dire qu'ils étoient contraints de se soumettre à cette humiliation, & que c'étoit à ce prix qu'ils achetoient l'avantage d'être employés aux travaux ordonnés par le roi. Cette tyrannie du peintre a peut-être privé les arts de quelques chefs-d'oeuvre du Puget.

Tubi est mort à Paris en 1700, âgé do soixante & dix ans.

(36) CHRISTOPHE VEIRIER, né à Tretz Provence en 1630, « fut, dit Dandré Bardon, un digne élève de Puget, son parent. I1 n'est guère connu que dans sa patrie, parce qu'il n'en sortit jamais. Il exécuta une partis des ouvrages de son maître, & notammen le cartel de l'hôtel-de-ville de Marseille. On voit, au bureau de la consigne de cette même ville, un enfant en marbre de demi-relief ; à Aix, dans une des chapelles de l'Oratoire, la figure d'un Jésus ; aux Carmélites, deux bas-reliefs ; un Mars au pavillon dit de la Molle ; un faune chez M. d'Eiguilles, & chez M. de Brue un Lysimachus que les grands maîtres ne désavoueroient pas. » Il est mort en 1689 âgé de cinquante-neuf ans.

(37) MARTIN VANDEN BOGAERT, conne sous le none de DESJARDINS, naquit à Bréda, en Hollande, en 1640. Il vint encore jeune à Paris, & fut reçu de l'Académie royale à l'âge de trente-un ans. Il fit présent à ce corps d'un bas-relief représentant Hercule couronne par la Gloire, du portrait du Marquis de Villacerf, du nom de Colbert, mais surtout de celai de Mignard, morceau distingué. Le premier de ses ouvrages considérables est la statue équestre de Louis XIV, érigée à Lyon dans la place de Bellecour. Il orna ensuite de six grouppes de pierre, représentant les évangélistes & les pères de l'église grecque & latine, le portail de l'église du collége Mazarin ; il sculpta en marbre, pour le petit parc de Versailles,