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à ses figures peintes ; déjà le Massaccio répandoit sur les siennes de l’aisance & de la grace, & montroit quelqu’intelligence dans la science des raccourcis, quand le même pays vit naître le Donato.

(1) Donato, plus connu sous le nom de Donatello parce que les Italiens aiment les diminutifs, naquit à Florence en 1383 de parens fort pauvres : un citoyen généreux lui servit de père, & lui donna un maître de dessin. Bientôt le jeune élève n’eut point d’égal dans cet art, il s’appliqua en même temps à l’architecture & à la perspective, & ne tarda point à étonner sa patrie par son premier essai en sculpture. C’étoit une annonciation en pierre. Quel dut être l’étonnement de ses contemporains, encore accoutumés aux travaux grossiers des sculpteurs gothiques, quand ils virent, dans la tête de la Vierge, l’aimable expression d’une pudeur timide, & des draperies traitées dans la manière des anciens Grecs ! Il lui manquoit encore la noblesse. Un crucifix en bois qu’il fit à peu-près dans le même temps tenoit plutôt de la nature rustique que de la beauté divine. « Tu as fait un paysan, & non un Dieu », lui dit un peintre qu’il consulta, & ce mot corrigea la manière du Donatello.

La figure qu’il regardoit comme son chef-d’œuvre représente un vieillard à tête chauve, l’une des quatre dont il décora la tour quarrée qui sert de clocher à l’église de Santa Maria dé Fiori. Il fit pour celle de Saint-Marc in orto les statues en bronze de Saint-Pierre, Saint-Georges & Saint-Marc. Toutes trois sont belles ; la république de Vénise, celle de Gênes, plusieurs princes de l’Europe en ont offert des sommes considérables. La figure de Saint-Georges, brillante de jeunesse, étonne par l’expression du courage & de la fierté : mais celle de Saint-Marc est consacrée par un mot de Michel-Ange. Un jour que ce célèbre statuaire la considéroit, il s’écria : Marco, perchè non mi parli ? (Marc, pourquoi ne me parles-tu pas ?) Ce n’est qu’un chef-d’œuvre de l’art qui a pu mériter ce mot d’un grand artiste.

Encouragé par les applaudissemens de ses concitoyens, il mit pour la première fois son nom à la statue en bronze de Judith qui vient de couper la tête d’Holopherne, ouvrage placé dans le sénat.

Sa réputation ne resta pas renfermée dans sa patrie. Il fut mandé à Padoue par le sénat de Venise, pour y jetter en bronze la statue d’Erasme Narni, géneral de la république. Il reçut dans cette ville la qualité de citoyen, & fit dans l’eglise de Saint-Antoine l’histoire de ce Saint en bas-reliefs. La com-


position en fut admirée, & le Donatello est regardé comme l’un des sculpteurs qui a le mieux entendu ce genre. On vouloit le fixer à Padoue. « Il faut, dit-il, que je retourne dans ma patrie : je ne reçois ici que des louanges : elles me feroient négliger mon art, & je l’aurois bientôt oublié : à Florence, je serai éperonné par la critique ».

Ses talens y furent employés par le célèbre Côme de Médicis, & sa vieillesse soutenue par les bienfaits de Pierre, fils de ce duc. Il avoit toujours été trop désintéressé pour acquérir de la fortune : il mettoit son argent dans un panier attaché au mur de sa chambre ; ses ouvriers & ses amis y puisoient à discrétion. Il mourut en 1466, âgé de quatre-vingt trois ans. On lui attribue les portes de bronze de la sacristie de Saint-Laurent, qui sont ornées de bas-reliefs : mais Baldinucci assure qu’elles sont l’ouvrage de Luc Della Robbia.

(2) Simon, frère de Donatello, fut son imitateur. Il fut mandé à Rome en 1431, par le pape Eugene IV, pou.— faire une des portes de bronze de l’église de Saint-Pierre. Il employa douze ans à cet ouvrage orné de bas-reliefs en plusieurs compartimens. Un de ses principaux ouvrages est le tombeau de Martin V, dans l’église de Saint-Jean de Latran. On ignore l’année de sa naissance & celle de sa mort : on fait qu’il vécut cinquante-cinq ans.

(3) André Pisano, ou Pisanello, fut élève d’André del Castagno pour la peinture, & se signala entre les artistes de son temps. Il eût aussi de la réputation en qualité de sculpteur, & se distingua sur-tout par la gravure des médailles. On ne connoît ni l’année de sa naissance ni celle de sa mort ; mais on fait qu’il a fait la médaille de Mahomet II qui prit Constantinople en 1453, & l’on peut croire qu’elle fut frappée peu de temps après cet événement. On fait aussi qu’il travailloit encore à Florence en 1478.

(4) André Verochio, célébre dans son temps par ses talens en peinture, est connu aujourd’hui par la célébrité de ses éléves, Pierre Perugin, & Léonard de Vinci. Celui-ci surpassa tellement son maître, que le Verochio, honteux de la défaite, & désespérant de lutter avec avantage contre le jeune artiste qu’il venoit de former, abandonna les pinceaux & se livra entièrement à la sculpture. Il imagina le premier entre les modernes, ce qu’avoient pratiqué les anciens, de mouler le visage des personnes mortes pour conserver leur parfaite ressemblance. Il fut appelle par la république de Venise pour faire en bronze la statue équestre de Bartolomeo Colleone, de Bergame, général