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livier, & de rappeller le souvenir de l’union de différentes bourgades de l’Attique en une seule cité.

Thalysia, fêtes en l’honneur de Cérès, dans lesquelles on lui offroit les prémices dus moissons.

Thesmophories, Ces fêtes se célébroient pendant trois jours en l’honneur de Cérès, qui, en appellant les hommes à la culture de la terre & à l’état social, leur avoit donné des loix Les Thesmophories étoient célébrées, par les femmes, & le plus profond mystère étoit observe sur ce qui s’y passoit. L’homme téméraire qui se seroit introduit parmi elles, auroit été puni de mort. On ne peut donc rien dire sur ces fêtes. On sait seulement que des femmes choisies entre les plus respectables par leur réputation de vertu, se rendoient à Eléusis portant sur leurs têtes les livres des loix & les choses sacré|)}}es qu’un voile cachoit aux yeux des profanes. (L)

ROIDE, (adj) Les formes roides sont contraires à la nature qui, dans les objets animés, a plus ou moins prodigué la souplesse, & dans les choses inanimées, la variété : l’art doit s’efforcer de ne se pas lalisser vaincre par la nature. Toutes les fois que, dans les formes de l’homme ou des animaux, elle semble près d’affecter la ligne droite qui auroit de la roideur, elle l’abandonne aussitôt pour tracer une ligne ondoyante. Dans les campagnes cultivées, on peut rencontrer des formes roides ; on n’en trouve point dans la campagne sauvage & abandonnée à elle-même. Le terrein est différemment sillonné par le passage ou le séjour des eaux, par l’impétuosité des vents ou des tempêtes. Si dans une vieille forêt, quelques arbres élèvent directement leurs tiges vers le ciel, la roideur de ces tiges est interrompue par des plantes parasites, & d’autres arbres diversement tortueux contrarient par leurs formes bizarres ces formes trop régulières : les rochers, brisés par les efforts des siècles, offrent l’image d’antiques ruines. Tout s’écarte de la roideur & d’une froide régularité.

L’homme qui s’abandonne à lui-même n’a jamais de roideur dans ses attitudes : s’il en affecte quelquefois, c’est par effort ; c’est qu’il pense que ce maintien annonce une meilleure éducation que celui qu’il prendroit naturellement. Si cette roideur, longtemps étudiée, lui est devenue familiére, c’est qu’en lui l’habitude a vaincu la nature.

L’objet de l’art est la nature libre & non la nature contrariée : l’artiste doit l’étudier & l’imiter dans toute la variété de les formes & dans toute la souplesse de ses mouvemens. Dès


qu’elle prend de la roideur à ses yeux, il doit croire que ce n’est plus tale ; & dés qu’il en remarque dans son propre ouvrage, il doit tre persuadé qu’il n’a fait qu’une fausse imitation. (L)


ROMANESQUE, ROMANTIQUE (adj) Ces deux mots ne sont pas synonymes. Le romanesque est ce qui appartient au roman, le romantique est ce qui lui convient ou qui a l’air de lui appartenir. Le sujet d’un tableau peut être tiré d’un roman, & par conséquent être romanesque, sans être traité d’une manière qui ait rien de romantique. D’agréables bizarreries dans les ajustemens, des parures fantasques, d’ingénieuses singularités dans le site, dans la disposition de la scène, ont quelque chose de romantique. Le spectateur sent que ces fantaisies n’appartiennent ni à l’histoire, ni à la vie commune, & il les attribue au roman. Le Bénédette, Santerre, Grimons & surtout Watteau ont des singularités piquantes qui rendent leurs tableaux romantiques. Plusieurs peintres, tels que Rembrant, Salvator Rose, le Feti &c, ont porté, dans le genre de l’histoire, le style romantique. C’est un grand défaut, que les agrémens qui l’accompagnent ont fait quelquefois pardonner ; car on pardonne tout à ce qui plaît.

Le mot romantique appartient à la langue Angloise : plusieurs écrivains français en ont fait usage, & comme il n’a point d’équivalent dans notre langue, il mérite d’y être adopté. (L)


ROMPRE, (verbe actif) Rompre les couleurs ne doit s’entendre que de l’action de varier des couleurs sur le tableau. Ainsi les couleurs rompues pourroient aussi s’appeller teintes rompues, perce que c’est un changement de teintes sur un même objet.

Pour bien sentir la force de cette manière de parler qui n’a lieu que dans la partie qu’on appelle coloris, il faut être instruit de quelques principes élémentaires bien simples.

Les couleurs naturelles sont celles dont le peintre charge sa palette ; elles sont dans l’état où on les achete dans les boutiques, & la main de l’artiste ne les a pas encore mélangées. Or, les cas où ces couleurs doivent être employées en nature sont très-rares : pourquoi ? C’est qu’il est très-rare que les couleurs locales de la nature à imiter par l’artiste, soient précisément les mêmes que celles dont sa palette est chargée, & il est encore plus rare que la couleur réelle ou locale de l’objet ne soit pas altérée, modifiée ou relevée, soit par le plan qu’occupe cet objet, soit par l’effet de la lumière & de ses déclinaisons. Ainsi, il est nécessaire que les couleurs dont le peintre