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racle de Delphes lui avoir ordonné ter avec lui comme protectrice de son entreprise. Lui-même, à la tête de la jeunesse qui l’accompagnoit, conduisit la danse religieuse qui faísoit partie de cette. institution sacrée. Les Grecs continuerent de célébrer l’anniversaire de cette fête, & ils, s’y croyóient obligés par un vœu de Thésée. Les députés qu’ils envoyoient à Délos pour remplir ce vœu, se nommaient Déliastes. Ils montaient le même navire qui avoit porté Thésée, & qui sut conservé pendant quatre siècles, jusqu’au temps de Démétrius de Phalère. L’autel d’Apollon Délien étoit compté entre les sept merveilles du monde ; il étoit construit de cornes de chêvres si bien entrélassées ensemble, que sans aucun lien, sans aucun ciment, il étoit de la plus grande solidité. On prétendoit que c’étoit Apollon lui même qui l’avoit construit, à l’âge de quatre ans, des cornes des chêvres que sa sœur Diane avoit tuées à la chasse. Le poëte Callimaque ajoute que le Dieu avoit aussi employé des cornes pour les fondemens & les murailles du temple.

Pendant la fête, les assistans en formant des danses autour de l’autel, se frappoient avec des fouets, & mordaient une branche d’olivier en se tenant les mains derrière le dos. Ils se partageoient en trois chœurs, l’un d’hommes faits, l’autre de femmes & le dernier de jeunes gens ; tous, dans leur danse, imitoient les détours sinueux du labyrinthe. Les musiciens se rendoient à cette solemnité pour y faire assaut de leur art, & les Athéniens ajourèrent dans la suite aux autres jeux des courses de chars.


Dionysia, fêtes de Bacchus, qu’on appelloit aussi bacchanales. Elles se célébroient dans un bourg nommé Limnœ. Le pontife de ce culte portoit le titre de roi ; c’étoit lui qui faisoit les sacrifices : sa femme, avec le titre de reine, avoit soin des mystères, qu’il étoit interdit aux hommes de voir, dont ils ne pouvoient même entendre parler. Quatorze femmes, choisies par le roi, faisoient les fonctions de prétresses. Malgré la mauvaise réputation de ce culte, le roi ne pouvoit épouser qu’une vierge, & il auroit été dépouillé de sa dignité, si la chasteté de sa femme fût devenue suspecte. Lui-même étoit élu par le peuple entre les citoyens de la meilleure réputation. On célébroit les grandes bacchanales au commencement du printemps.

Les petites bacchanales le célébroient à la campagne, dans l’hiver, pendant le mois de Janvier. Les Lénéiennes, ou fêtes du pressoir se célébroient en autonne.

On sait que dans les grandes bacchanales on porcit des thyrses, c’est-à-dire des lances


enveloppées de lierre, dont l’armée du dieu avoit fait usage dans l’Inde pour tromper les habitans. Les cymbales, les fluttes, les clochettes, les tympanons semblables à nos tambours de basque, étoient des in strumens d’usage dans ces solemnités. Elles se célèbroient pendant Ila nuit ; les bacchants & les bacchantes, tenant des flambeaux allumés, couroient dans la ville comme des gens furieux d’ivresse. Les mystères étojent renfermés dans des corbeilles. Plusieurs bacchants, pour imiter Bacchus lui-même dans son expédition de l’Inde, se couvraient de peaux de tygres & se ceignoient la tête de bandelettes. Ces fêtes se nommoient Orgies par excellence, quoique ce nom appartînt en général toutes les solemnités religenses. Les initiés, le corps entouré de serpens, mordoient les entrailles des victimes pour imiter l’action de gens furieux. Ces fêtes se célébroient dans les temps anciens avec simplicité : la gaieté, quelques amphores de vin, des branches de lierre, un bouc qu’on promenoir en cérémonie, quelques figures que l’on portoit dans des corbeilles, en faisoient les frais. Mais dans la sitire on y porta des vases d’or & d’argent, on s’y montta vêtu des plus riches habits, masqué & trainé sur des chars magnifiques : ce qui n’empêchoit pas qu’on ne vit toujours des hommes déguisés en satyres ou en silences, & montés sur des ânes, traînant des boucs qu’ils destinoient au sacrifice. Tous se permetoient les mouvemens les plus lascifs, jettoient la tête en arrière, & remplissoient l’air de leurs cris : à la suite de cette procession tumultueuse venoient les provisions. On voyoit d’abord des vases remplis d’eau. De jeunes filles, des familles les plus distinguées, portoient, dans des corbeilles, les prémices des fruits. Mais d’autres corbeilles renfermoient les choses sacrées & secrettes, dont la vue n’étoit permise qu’aux initiés. Après les jeunes vierges porteuses de corbeilles, venoit un spectacle affensant pour la pudeur : c’étoient les phallus, imitations des parties viriles, que des hommes portoient avec solemnité suspendus à de longues perches ; un chœur de chantres les suivoit. On voyoit ensuite les Ityphalles, ayant des masques qui représentoient l’ivresse, des couronnes sur la tête, des robes de femmes.


Eleusinia, fêtes ou mistères d’Eleusis, bourg de l’Attique, dans lequel on prétendoit que Cèrès avoit enfin trouvé sa sille, & avoit institué elle-même les mystères & les initiations. Les Athéniens y firent construire un temple magnifique. Les secrets de ces fêtes, cachés avec soin par les initiés, sont devenus impénétrables. On en connoît seulement quelques cérémonies extérieures. L’hierophante,