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courte jupe, ils amenoient, ils tenoient la victime, ils portoient la hache dont elle devoit être frappée, &c.

Indépendamment des sacrifices solemnls, les anciens offroient des sacrifices privés. Le chef de la famille faisoit alors les fonctions de pontife ; ses enfans, ses esclaves étaient les Néocores, les victimaires. Quelquefois on immoloit un animal : ce sacrifice étoit suivi d’un repas auquel on servoit la victime, & on en envoyait des morceaux à ses amis. On peut dire en général que tout grand repas étoit précédé d’un sacrifice dans lequel on immoloit les animaux destinés au festin, & de méme que tout sacrifice étoit suivi d’un repas dans lequel on consommoit les chairs des victimes. Quelquefois dans un acte de dévotion privée, on se contentoit de faire aux Dieux des offrandes de fruits, de fleurs, de gâteaux. Comme en général les bas-reliefs antiques représentent des sacrifices privés, offerts par les Empereurs Romains ; on ne doit pas être surpris de ce que les monumens nous donnent peu d’instructions sur les habits particuliers aux Prêtres. C’étoit alors les Empereurs qui faisoient les fonctions sacerdotales.

Cependant des bas-reliefs de la Villa Nédicis, nous ont conservé le costume des Flamines. Leurs têtes couronnées de feuilles de chêne, sont voilées. Ils sont vêtus d’un habit long que recouvre un très-long manteau. L’un d’eux tient en main une branche de chêne. Les prêtres de Mars étoient coëffé d’une sorte de casque qu’on nommoit galerus, & qui étoit surmonté d’un cimier long qu’on nommoit apex. Les prêtres Saliens, consacrés à Jupiter, avaient une coëffure à-peu-près semblable ; un plastion d’airain leur couvroit l’estomac ; ils tenoient de la main gauche un de ces petits boucliers qu’on nommait ancilia & de la droite une courte pique ou une épée. Leur casque était revêtu de la peau d’une victime blanche, & portoit l’image de la foudre ; celui des prêtres de Mars était orné de têtes de taureaux ou de béliers.

On représente ordinairement les Luperques nuds, & n’ayant qu’une peau de chèvre autour des reins. Suivant Denys d’Halycarnasse, ils étaient couverts depuis les reins jusqu’en bas, de peaux de victimes récemment immolées. Il se découpoient les chairs avec des couteaux, ils faisoient des incisions au front des jeunes gens, qui vouloient s’associer à leurs superstitions, & essuyoient le sang avec des étoupes trempées dans du lait. Ils couroient les rues & les chemins comme des forcenés, armés de fouëts de peau de chèvre dont ils frappoient tous ceux qu’ils pouvaient atteindre. Les femmes venaient d’elles-mêmes s’offrir à leurs coups, & leur croyoient la vertu de les


rendre fécondes. Leurs fonctions ne duroient qu’autant que les fêtes nommées Lupercales.

Le temps a respecté quelques monumens antiques représentant des vestales. Elles sont vêtues de longues robes dont les manches, qui ne descendent que jusqu’au coude, sont ouvertes en dessus, & attachées avec des boutons. Sur cette longue robe, contenue ; par une ceinture, elles ont une tunique fort courte, leur voile ne leur couvre point le front ; il est attaché sur le sommet de la tête, & flotte sur le dos. Elles n’étoient point assujetties à le porter toujours, puisqu’on connoît une figure antique de vestale qui n’en a point, & dont les cheveux sont liés par une bandelette. Comme on leur voit aussi constamment les cheveux également séparés des deux côtés, on peut croire que ce costume étoit une obligation de leur ordre. Si une figure des jardins Médicis représente en effet une vestale, elle nous apprend que ces prêtresses portoient quelquefois par dessus leur longue robe, un très ample manteau. Elles jouissoient d’une fort grande liberté, & l’on peut croire qu’il ne leur était pas interdit de varier leur parure.

Nous avons parlé des autels & des trépiés : nous devons faire connaître les autres instrumens des sacrifices.

Une sorte de coffret nommé acerra servoit à dépoter l’encens & les autres parfums. La forme n’en était point déterminée, mais il paroît qu’ils étaient toujours portés sur des pieds. On en connaît de bronze, ce qui n’excluait pas des métaux plus précieux. Il paroît d’ailleurs que souvent le travail l’emportait sur la matière. Ces coffrets étoient portés par les Officiers subalternes, les Néocores, les Camilles, & peut-être, dans la Grece, par les Vierges.

C’étaient elles qui, dans les fêtes de Cérès, portoient toujours la corbeille dans laquelle étoient renfermés les mystères. Cette corbeille étoit couverte, puisque ce qu’elle contenoit devoit être caché aux yeux des assistans. La Canéfore la portait sur la tête.

Le Thymiaterion des Grecs, le Thuribulum des Latins faisoit à peu-près l’office de nos encensoirs, & servoit de même à btûler de l’encens. Celui que la Chausse a publié, mais qu’il ne garantit pas qui ait servi dans les cerémonies religieuses des anciens, est une sorte de boëte ronde, à peu-près semblable, pour la forme, aux bassins de nos bassinoires, mais portant sur quatre pieds ; le couvercle est percé de plusieurs trous, pour conserver au feu son activité & pour donner issue à la vapeur de l’encens. Une chaîne attachée aux deux côtés de cette boëte par des anneaux ne pouvoit servir à balancer l’encensoir comme


Beaux-Arts. Tome II. L I