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ces moyens ne doivent étre employés qu’à l’appui de ceux qui appartiennent plus à la partie de l’esprit. Les. moyens que donne la patrie du métier, sont ce qu’on appelle reveillons de lumière, reveillons de couleur, réveillons de touche.

Le réveillons de lumière sont autorisés par certains offers ou accidens, sur lesquels je me fuis étendu à l’article accident. Il y faut joindre cependant un effet plus ordinaire que produit l’éclat qui rejaillit des corps qui ont une certaine dureté & qui sont polis, comme les métaux. Ces éclats ou brillans n’ont lieu que dans un seul point d’un plan, parce qu’en chaque plan, il n’y a qu’un seul point en effet qui reçoive la lumière la plus vive. Le peintre est souvent assez embarrassé pour représenter cet éclat, parce que le blanc pur qui est la dernière ressourcc de l’artiste, est bien loin d’approcher de l’éclat réfléchi de la lumière. À cet égard, l’impossibilité est excusée, & l’intention artistement exprimée rappelle au moins l’idée de ce que l’art ne sauroit imiter.

Les reveillons de couleur sont des effets de couleurs brillantes, piquantes, qu’autorisent des dispositions bien ménagées dans le clairobscur. Ces dispositions s’opèrent principalement par les accidens dont les nuages sont susceptibles, par des corps interpoles ou dont l’interposition supposée laure échapper la lumière, qui semble alors éclairer plus vivement la couleur des objets sur lesquels elle tombe & se répand. On sent aisément que le choix de la couleur des objets qui est le plus souvent à la disposition de l’article, surtout relativement aux draperies & à certains accessoires, entre dans les moyens de placer les réveillons de couleur.

Enfin les réveillons de touche sont de légères exagérations qu’on excuse par l’effet qu’elles produisent, en attachant ou excitant l’attention sur des objets intéressans. C’est ainsi que, dans le récit d’un fait, une expression hardie qui passe les limites de la plus extrême justesse, non-seulement trouve grace, mais plaît en réveillant l’attention de ceux qui écoutent. Les réveillons, de quelque nature qu’ils soient, servent donc à appeller le regard & à le ramener s’il s’égare dans l’endroit du tableau où l’intérêt de l’article demande qu’il se fixe davantage,

La peinture, physiquement muette & immobile, employe les moyens qu’elle a, pour suppléer à ceux qui lui manquent, comme le muet qui, ne pouvant appeller, fait des mouvemens & des espèces de cris pour qu’on vienne à lui.

Il faut cependant observer que les moyens de réveiller doivent être ménagés par le peintre avec art & employés avec discrétion. Un homme assoupi ne sait pas mauvais gré à celui qui l’éveille, mais il ne veut pas qu’on le tourmente. D’ailleurs les réveillons en peinture montrent une sorte d’artifice, ou tout au moins un art médité, & l’art le plus parfait est celui de cacher l’art. (Article de M. Watelet.)

Les Réveillons sont souvent formés par des traits de lumière artistement jettés sur des masses qui en sont privées ; ils leur rendent le piquant eue risquoit de leur ôter cette privation. On peut les comparer aux dissonances dans la musique qui doivent toujours : être. sauvées : il faut de même que les réveillons semblent près de rompre l’accord du tableau, & que cependant ils ne le rampent jamais. Ils détruisent la monotonie, & doivent toujours respecter l’harmonie.


RÉUNION, (subst. fem.) Le beau de reunion est le beau compose des plus belles parties qui se trouvent dans différens modèles choisis La nature ne rassemble jamais routes ses perfections dans un seul individu ; il faut donc que l’artiste les cherche dans plusieurs, & c’est par un tel choix que les Grecs se sont élevés à ce haut dégré de beauté qu’on admire dans leurs ouvrages & qui fait le désespoir des modernes. Zeuxis, pour faire une Hélene, choisit les plus belles filles de Cortone, & un entretien de Socrate avec le sculpteur Parrhasius, qui nous a été conservé par Xénophon, prouve que c’étoit la pratique générale des anciens.

De la réunion ou du choix doit résulter le beau, non-seulement dans chaque figure, mais dans toute la composition. L’article peut l’enrichir d’objets qu’il n’a pas vus ensemble, mais qu’il réunit pour décorer sa scêne.

Ce qu’on appelle une vue est la copie fidèle d’un paysage tel que le peintre l’a vu dans la nature : le paysage composé admet la beauté de ré mion ; l’auteur y rassemble des objets qu’il a vus séparément & dont il compose un tout.

Le beau de réunion n’oit pas encore le beau idéal. Pour s’élever à celui-ci il fauz ajouter aux belles parties choisies dans la nature un caractére plus grand encore ; il faut aggrandir les grandes formes en supprimant les petits détails qu’offrent les plus beaux modéles. C’est ce que Mengs entendoit, quand il a dit que « l’artifice de ce style consiste à favoir former une unité, en joignant dans un même objet les idées du possible & de l’impossible. »

Il faut que l’on trouve dans une figure idéale toutes les formes qui sont nécessaires au mouvement & à l’expression, afin que cette figure paroisse possible, c’est à dire capable de remplir