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à leur quantité ou profondeur : car si l’eau est fort claire, comme celle des fontaines, & qu’elle ne soit pas profonde, alors il est certain que la grosseur dans les apparences des corps qui sont dans l’eau, ne sera presque pas plus forte que si l’on voyoit ces mêmes corps hors de l’eau, parce que la densité ou épaisseur d’une eau très-claire, quand il n’y a pas de profondeur, ne fait guère plus de changement aux corps qui en sont environneés, que la densité de l’air : au moins cette différence n’est pas sensible à la vue. »

REHAUSSER (v. act.) C’est frapper, sur des parties lumineuses, des touches plus lumineuses encore.

REHAUT (subst masc.) Quoique la lumière s’étende largement sur un objet, il y a cependant quelques parties de cet objet sur lesquelles elle frappe avec encore plus de vivacité : ce sont les touches claires, par lesquelles le peintre relève ces parries & les rend plus brillantes, qu’en appelle des rehauts. C’est par la nécessite d’ajouter au piquant des clairs, que de grands coloristes, & entr’autrres Rubens, ont chargé de couleur les lumières de leurs tableaux, tandis qu’ils ne saisoient, pour ainsi dire, que laver les ombres, & que, dans les bruns, ils tiroient même parti de l’impression.

RELEVER (v. act.) Comme ce sont les parties lumineuses, qui donnent surtout du relief aux objets, on ne se rem du mot relever qu’en parlant des parties claires d’un dessin ou d’un tableau. On peut dire : « ces jours, ces lumières ont besoin d’être relevés : il faut relever ces masses, de lumière. On dit aussi, un dessin relevé de blanc. » En parlant des masses obscures, on dit au contraire, éteindre, assourdir, rendre sourdes.


RENDRE (v. act.) La signification qu’a ce mot dans le langage de la peinture, ne laisse pas apercevoir au premier moment sa liaison avec le sens le plus ordinaire ; mais elle : est sensible, dés qu’on y réfléchit. Rendre dans la langue générale, vent dire restituer : rendre lorsqu’il s’agit de dessiner, ou de peindre, signifie représenter exactement. On pourroit penser que ce qu’il y a de figuré dans ce terme applique aux arts, est emprunté de l’effet du miroir, auquel il semble qu’on confie ou qu’on donne les objets qu’on lui présente, dans l’intention qu’il les rende par la représentation.

Au reste, on doit penser que le sens figuré de ce mot à toujours rapport à une sorte de restitution.


En effet si l’on dit d’un homme qu’il rend bien un fait donc il a été témoin, un entend qu’il restitue exactement ce qui lui a été confié par l’organe de la vue. Cet acteur rend bien son rôle, veut dire qu’il restitue comme il le doit, ce qui a été confié à sa mémoire & à son intelligence. Enfin on dit d’une cloche ou d’un instrument de musique qu’il rend un beau son, c’est-à-dire, le son dont l’art des dimensions & l’habileté de l’ouvrier l’a rendu dépositaire, ou si l’on parle de celui qui en fait usage, on entend qu’il rend le beau son qu’on exige de son habileté.

Par un sens plus particulièrement adapté à la peinture, on dit aussi, cet objet est rendu ; on veut dire qu’il est rendu par l’habileté de l’artiste aussi parfaitement qu’on l’exige : & cette acception rentre dans celle dont j’ai parlé.

Lors donc qu’un article peint, lorsqu’il imite, il le charge en quelque façon d’une dette ; il contracte l’obligation de satisfaire les yeux, l’esprit & la raison de ceux à qui il destine ses ouvrages. Que de débiteurs peu exacts à rendre ce qu’on exige d’eux !

(Article de M. Watelet.)


REPENTIR (subst. masc.) Ce terme est un de ceux qui, appliquables à l’art, ne sont employés cependant que par les peintres. Son usage est d’exprimer quelque changement visible qu’un auteur a fait dans son tableau. Il arrive quelquefois que le premier objet qu’il a peint, & qu’il s’est repenti d’avoir fait, n’étant recouvert que d’une couleur légère, pousse au bout d’un certain temps, ou, pour parler en d’autres termes, que la première couleur qui exprimoit cet objet, venant à percer au travers de la seconde couleur dont elle a été couverte, se laisse appercevoir par les yeux exercés : en ce cas là on dit, c’est un repentir, voici un repentir, &c.

Pour indiquer à nos lecteurs des exemples très connus de ce qu’on appelle un repentir, nous citerons deux ouvrages très-distingués de Restout, père de l’artiste qui existe aujourd’hui. L’un dans le tableau de l’église de Saint-Martin-des-Champs à Paris, représentant la Piscine miraculeuse ; l’autre, dans la mort de Saint-François placé à Rouen chez les Capucins, & l’un des meilleurs ouvrages de ce maître. Ces repentirs consistent en des bras d’anges qui se trouvent dans le haut de ces tableaux, & qui s’appercoivent encore sous les nuages dont cependant ils l’ont recouverts.

(Article de M. Robin.)


REPETITION (subst. fem.) On recommande aux, artistes d’éviter la répetition, des mêmes attitudes, des même gestes, des mêmes mou-