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s plafonds ; elles tloivent être affujetties à la » grandeur donnée des figures d’en-bas ». Nous aurions craint d’affoiblir les raifonnemens de M. Cochin , en les abrégeant. D autres , peut-être, défendront contre lui, dans l’occafion , la pratique des grands artiftes qu’il combat-, nous nous permettrons feulement quelques légères réflexions. ^
Comme on a fournis l’architeaure a des proportions rigoureufes, il feroit à defirer, fans doute, qu’on pût y foumettre de même les figures fculptées ou peintes dont elle pem être accompagnée. Etablir que ces figures, à quelque diftance qu’elles foient placées , doivent tracer dans l’œil une image égale à celle qu y traceroit une figure humaine vue d’une diftance modérée, c’eft confxderer feulement ces figures relativement au fpedateur , & non relativement à l’architeaure qu’elles décorent. Il feroit peut-être d’ailleurs plus jufte d établir que la figure la plus voifine de l’œil dans ■ un édifice étant une fois donnée, les autres, à quelqu’élévation qu’elles foient placées, doivent tracer dans l’œil une image égale. Mais il reliera toujours à déterminer la proportion delà première figure relativement aux , dimenfions de l’édifice.
- . Tant qu’on n’aura pas déterminé les proportions dont il s’agit ici, comme on a Kglc celles des ordres d’architeaure qui relient toujours invariables dans toutes les dimenfions qu’ils peuvent recevoir, les fculpteurs ou ar- • chitedes n’auront pour règle que le goût dans . la grandeur qu’ils donneront aux figures dont -l’architeaure peut être accompagnée, & le ,goût laiffe toujours quelque choie d’arbitraire, . Si les figures paroiflént trop fortes au fronton du Luxembourg, 8c au portail de Saint-Gervais, ce n’eft pas relativement au fpectateur , mais relativement à l’architeaure qu’elles accompagnent. C’eft de même, relativement à l’architeaure , que des figures de dix pieds de haut paroîtroient trop grandes à côté de colonnes hautes de douze pieds. Ce n’eft donc pas relativement à la proportion de la figure humaine, mais relativenient à la proportion de l’édifice que les ftatues décorent, qu’elles font trop petites ou trop grandes. Il n’eft pas donné à la peinture d’hiftoire, encore moins à la fculpture , de faire illufion, & d’être prifes pour la nature elle-même. Il ne faut donc pas regarder les figures fculptées qui accompagnent un édifite , comme de véritables figures humaines , mais comme des objets de décorations qui deviennent des membres de cet édifice , & qui doivent être proportionnés au corps entier. C’eft ce qu’ont penfé les illuftros artiftes qui ont décoré la Bafilique de Saint-Pierre de Rome. Les figures doivent être coUoflales dans un édifice çolloffal. Jieaux-Atts Tome II.
PRO 2Î5
Un bénîtiet eft en même temps, dans une églife, un uftcnfile & un objet de décoration qui fait partie de l’églife elle-même. Comme objet de décoration , un bénitier ordinaire, qui ne fe feroit élevé qu’à la hauteur de la main d’un homme de taille commune, produiroit un effet mefquin dans l’églife de Saint-Pierre , & c’étoit de la décoration que les artiftes dévoient s’occuper, fauf à fuppléer pat quelqu’autre moyen à l’uftenfile. Ils ont donc donné au bénitier une proportion relative à la dimenfion colloflale du temple ; ils ont fuivi le même principe dans tous les autres objets de décoration , & ils ont été généralement applaudis.
On voudroit du moins que , dans un édifice coUoflal , à raifon que les figures font placées à une plus grande élévation , on en diminuât la dimenfion au lieu de l’augmenter ; ii réfulteroit de ce principe que, dans un édifice çolloffal , les figures les plus baffes étant colloffales elle-mêraes, les plus élevées ne feroienc que des figurines.
Mais une figure même dont la dirpenfion ne feroit que médiocrement exagérée, 8c qui feroit placée à une très-grande élévation , ne paroîtroit aux yeux des fpeaat’éurs qu’une petite figure, ou plutôt un ornement mefquin dont il ne pourroit déterminer la forme. Sans doute les détails d’une figure éloignée du fpeflateur, en la fuppofant même colloffale, ne doivenn pas être apperçus comme ceux d’une figure qui eft pour ainfl dire fous les yeux ; mais fi l’on ne peut pas diftinguer aux moins les grandes formes , celles qui déterminent l’effence de l’objet, fi l’on peut à peine fe décider fur ce que cet objet repréfente, autant vaut fupprimer cette inutile décoration. La dégradation perfpeaive des figures dans un tableau , eft une loi rigoureufe & dont il n’eft pas permis de s’écarter. L’objet de l’art de peindre eft d’offrir les apparences de la nature vifible : il n’en eft pas de même de l’architeaute : fi elle eft un art d’imitation, c’eft fous un rapport très-différent de celui de la peinture, & abfolument étranger à la queftion qui nous occupe. Relativement à cette queftion, nous pouvons dire que l’architeaure eft un art qui fe montre comme art, & noti comme imitation des apparences naturelles ; il ne fe cache pas, il ne cherche à faire aucune , forte d’illufion : ce qu’il produit ne doit pas fembler autre chofe que ce qu’il produit ; fes portes font des portes ; fes colonnes, des colonnes ; fes ftatue ;, des ftatues, ’& rien autre chofe. Sa fin eft de fatisfaire à cet égard le fens de la vue par de bonnes ^ro^omo/zj ; & il ne les fatisferoit pas , en lui offrant dea ftatues qui, par leur îohe proportion , ne feroient que diâîcilement reconnues pour ce