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Sîo PO s

n l’intention de montrer fa fcîence Bans l’art ; 1 » mais par tout il femble avoir cherché la pofi- | » tion la moins gênée qu’il étoit poITible, & » cependant la plus propre à exécuter ce qu’il » avoit à faire. Par ce moyen, les ftatuaires » donnèrent de la nobleffe à leurs figures , w fans rien diminuer de l’exprefllon qu’elles » dévoient avoir, & rencontrèrent la grâce, » en fuyant l’eftédation ». (L)

POSER ( V. aft. ) Pofer le modèle, le placer dans l’adion dont on veut faire une étude. Depuis qu’un goût vicieux a remplacé la fage pratique des plus grands maîtres, & que des principes de convention ont fuccédé à l’imisation vraie de la nature , l’art de pofer le modèle eft devenu le contraire de ce qu’il Revoit être. Au lieu de chercher, comme’ les . anciens, à exprimer une aâion par les moindres mouvemens poflibles , on a cherché de grands «nouvemens pour rendre même les aftions qui n’exigent que des mouvemens très-doux. La grande règle que les maîtres ont prefcrite à leurs élèves , a été de donner beaucoup de mouvement à leurs figures ; & les élèves, devenus des maître ;, à leur tour , ontregardé l’exagération des mouvemens comme la plus belle expreflion de la nature vivante. Dès lors au lieu àe pofer le modèle dans une fituation facile, on a voulu le paitrir comme les Sculpteurs paitriffent la terre : on l’a forcé de tenir doulourcufement ts pojes les plus pénibles. Les élèves après pluileurs années d’études, connoiffoient très-bien lespofitions dans lefquelles des bourreaux pourroientplacer desfuppliciés :& ils ne connoiffoient encore aucunes de celles que la nature fe plaît à adopter. Que réfultoit-il de cette éducation ? qu’ils mettoicnt dans leurs ouvrages ce qu’ils avoient appris, & qu’ils n’y mettoient rien de naïf ni de naturel.

Quel eft le vrai but de l’art ? L’imitation de la nature dans les pofuioBs qui lui font les plus familières & dans le développement de îa beauté. La manière d’cnfeigner l’art afteîloit donc de s’écsrter autant qu’il lui étoit poflible du véritable but de l’art.

Si l’artifte trouve une ou deux fois dans fa vie l’occafion de repréfenter des mouvemens exagérés, des aâions d’une violence extraordinaire , des fupplices recherchés , il faura bien alors en faire les études , puifqu’il fe fera familiarifé avec des études bien plus difficiles, celles de la nature dans fa beauté. Quelles leçons on a données long-tems aux jeunes artiftes.’ Pour l’exprefficn des têtes, la rage des bourreaux ; pour celle des mouvemens, les gênes des tortures ; pour des études de la rature, les écarts de la nature ? Ceux qui ont vu les. dernières expofitions des tableaux de nos maîtres aûuels , ont dû recopr POU

noître que notre école eft rentrée dans le che.. min de la vérité. Ceux de nos artiftes qui ont reçu le plus de fiiftrages , les ont mérité» en relpeâant la nature. L’expreftion n’a plus de grimaces, le mouvement plus d’exagération. La France , dont les artiftes ont longtems reçu tant de reproches, deviendra peut-être la première école des arts, fi les circonP’ tances politiques n’étouffent par leur gloire dans fon berceau. ( L )

^ POSTURE. ( fubft. fem. ) Ce mot n’appartient pas à l’art , il a adopté celui de pofe. Le public étranger aux conventions des écoles, eft bien étonné de voir dans les tableaux, que les pofes affeflées par les peintres font fi éloignées des pojlures qu’il connoît. Il commence par être tenté de les condamner, il finit par croire que ce font des beautés cachées à fon ignorance, il en fait l’él oge pour ne pas fembler ignorant , & l’artifte loué ne fe corrige pas. Il n’a fallu que du tems pour perfuader au public, aux amateurs, à ceux qui fe difent connoiffeurs, & même à la foule des artiftes, que la nature peinte ne doit pas reffembler à la nature. Cette erreur adoptée une fois, il ne faut guère moins de tems pour la diffiper, ( L )

POUSSER. Ce verbe qui eft a^if dans la langue ordinaire, devient neutre dans la langue des peintres. Ils difent qu’un tableau pouffa au noir, pour exprimer que le tems en noircit les couleurs. Ils difent aufli , en parlant d’un tableau ou de quelques-unes de fes parties , qu’il faut pouffer à la vigueur, à un ton plus vigoureux , qu’il faut pouffer à l’effet. PRATIQUE. ( fubft. fem. ) Ce mot fe prend pour cette facilité , cette habitude d’opérer qui s’acquiert par un long ufage,une longue /Jratique des mêmes opérations. Tant qu’on manque encore àe pratique , on eft gêr.é dans ce qu’on fe propofe de faire & les chofes même les plus faciles oppofent de grandes difficultés ; mais avec une^ran’^J/tffuffilante, à moins qu’on ne foit né fans difpofitions , on opère fans peine & les difficultés même fe furmontent avec aifance. La plus belle théorie de l’arc a befoin d’être fécondée de la pratique, qui feule exécute ce qui eft dans l’efprit. On dît qu’un artifte a une belle pratique de deffin , de pinceau , de couleur, lorfque par une grande habitude de biendefliner, de bien peindre, de bien colorer, il eft parvenu à une exécution facile dans ces différentesparties de l’art. Le ftatuaire Bouchardon fe aiftinguoit entre les artiftes de fon tems, par la beauté de fon deffin : il avoir une telle pratique, qu’il fai» foit fouvent le trait d’une figure fans ï’inter-