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apprêts ne peuvent ïjue nuire au mérite de 1 ouvrage, ils ont delà roideurS : en répandent fur le maintien. De Pile ; a fort bien dit que la nature parée efl moins nature.
Comme le (burire embellit ordinairement les traits, & leur donne de l’efprlt Se de la vivacité, on veut toujours le faire peindre en Iburianc ; on fourit de la bouche , tandis que les yeux expriment l’ennui , & l^xin n’offre a l’imitation de l’artifte qu une phyfionomie faufle , dont les parties ne font pas d’accord. Quoique le portrait foitiine reprélentation individuelle, qui no peut avoir fa prscifion néceffaire qu’autant qu’elle imite, dans las formes de l’individu, certains détails qui les diftinguent de celles d’un autre individu, ou des formes humaines prifes en général, il faut cependant reconroître qu’il y a de l’idéal dans cette branche de l’art, comme dins toutej les autres. Cetidéalcon-Ûfte dans !a manière de voir grandement ces détails, dans l’art de les exprimer, dans l’intelligence qui fait diftinguer dans les détails d’une têre ceux qui caraéiérifent fa différence individuelle & ceux qui uoivent être négligés comme indifférens à ce caraélère & propres feulement à répandre furj’ouvrage !a tache d’une raefquinerie laborieufe. La face doit être confidérée comme formant un tout compofé d’un petit nombre de grandes parties & d’un nombre infini de parties plus ou moins petites. Ces grandes parties font le front, les yeux pris avec leur enchaffement, le nez , les joues appuyées fur la charpente des pommettes, la bouche & le menton. C’efl dans les formes variées de ces grandes parties, que fe trouvent les détailsindividuels qui conflituent la reffemblance. Ce font donc ces parties que l’artifte doit faifir, qu’il doit prononcer avec une favante fermeté. Elles fuffiroient feules pour un porcrah qui devroit être vu d’une grande diftance : mais comme un portrait s’expofe ordinairement affez près de l’œil du fpeâateur , l’artifte choifira enfuite quelques autres dérails inférieurs pour mettre dans l’on ouvrage plus de vérité , pour donner aux chairs plus de mouvement, pour mieux annoncer l’âge de la perfonne repréfentée.
Ce l’ont ces mêmes principes qu’a pofés un artifte diftingué dans plufieurs parties de l’art & entr’autres dans celle du portrait. » Dans « ce genre même, dit M. Reynolds, la retfem » blance & la grâce confîftent plus à,failîr » l’air général de la phyfionomie, qu’à imiter r, avec une exaûîtude lervile chaque linéament en particulier a.
Il fait ailleurs une obfervation pleine de îuftefTe. » Les détails qui ne contribuent pas » à l’exprelïïon du çaradère gérerai , font , f> dit-il, encore plus mauvais qu’inutiles ; ils JE) fo !jt préjudiciables en ce qu’ils nuifent à l’at- . lention & la diftraient du point principal. Bmix-Artf. Tome il.
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On peut obferver que l’imprelTion qui refte » dans notre efprit, même dan chofes ouï » nous font les plus familières, fe borne » ordinairement à leur effet général, au delàduquel nous ne portons pas nos regards pour » reconnoît-re un objet». L’art de faifir les’ lormes & : les détails d’où réiulte cet effet générai qui nous fait reconnoître un individu, tfl : ce qui conftitue L’idéal du portrait. Ce n’eft’ pas la face elle-nûme , telle qu’elle réfulteroit d’un moule pris fur elle : c’eilibn apparence,, fon effet , fon idée ,■ 8c ce qui femble paradoxal, ’ & eft cependant de la plus exade vérité, cefb que cette idée favamment fjiifie, artiflement portée fur la toile, fera d’une relfemblance plus vive, plus frappante, plus expîelfive, que la repréfentation qui réfulteroit du moulelui-même, Ainfi tout eft idéal , tout eft magique dans 1 art. Il fait entrer le menfonge jufques dans fes éxpreffions les plus précifes de la vérité -il fafcine les yeux des fpeftateurs, & pour leur offrir la repréfentation d’un objet , il employé encore plus le preftige que l’imitatioa fidelle. Si le portrait lui-même eft un menfonge, il ne fera jamais mieux traité que par l’artifte qui, en s’exerçant dans le genre de l’hiftoire, l’eft accoutumé aux grands m^nfbnees de l’art. (L,) ■ b
POSE ( fubft. fem. ) Mot qui appartient & la langue de l’art, Se qui exprime l’attitude la pofltion dans laquelle l’artifte po/e le modèle vivant pour. en faire l’étude. L’artifte qui cherche la grâce & la beauté, doit toujours fa irœ prendreàfon modèle la /)o/è la plus naturelle relativement à l’aétion qu’il veut repréfenterV Si le modèle eft gêné, fi même la pofe qu’oa lui preforit ne lui- eft pas familière, il n’aura pis cette naïveté" de mouvement qui conftitue la grâce. Cs ne fera plus une figure en aftioi] mais une figure : qui contrefait lineaclion : elle feroit maniérée quand même l’artifte la ren_ droit avec la préçifion la plus éloignée de la manière. 11 eft certain aulîi qu’elle perdr.i la beauté, puifque" la nature elle-même ne là conferve que dans les mouvemens faciles & qju’elle la perd, dès- qu’elle eft obligés’ de faire des efforts. ^
Nous croyons devoir rapporter ici une obfervation très-jufte de M. d’HancarvilJe , qui a vu en favant & en homme fenfible un grand nombre de monumens antiques » Dans i’aélion » dit-il , que les anciens donnèrent à leurs » figures, ils eurent foin de chercher les moîndres mouvemens qui pouvoient l’exécuter-Se par ce moyen, à la beauté. qui cha’me’ » ils unirent la grâce qui féduit. D’une infinité » de ftatues antiques que nous avons examinées » avec foin , nous n’en avons pas vu mjg » feule où l’artifte ait po/é fon modèle dans D d