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téri eu renient décores d’ordres d’archîte£lufe , 8c avoienc quelquefois l’apparence de palais folides. Au dernier étage du bûcher étoit retenu un aigle par des liens fubtils qui lui rendoient la liberté dès que les flammes commençoient à les gagner. Alors l’aigle prenoit fon vol dans les airs, & le peuple l’uperfti- ♦ieux croyoit que c’étoit l’ame de l’Empereur qu’elle voyoit s’élancer vers le ciel & : que fon tyran devenoit un Dieu.

On jettoit fur le bûcher des préfens & quelques-unes des choies quiavoient été agréables an défunt. M. l’Abbé Barthélémy ell : fidèle peindre du coftume , quand il fuppofe tju’on jetta fur le bûcher de Thélaïre quelques-unes de fes robes. On bruloit avec les fuerriers celles de leurs armes qui pouvoient tre corilL’mées : on immoloit des viftimes qui dévoient être avec lui dévorées par les flammes. Dans les temps héroïques , c’eft-à-dire barbares, on croyoit honorer le mort en lui facrifiant des viûimes humaines. Achille fit brûler fur le bûcher de Patrocle quatre chevaux, deux chiens, & douze jeunes prilbnniers. Dans tous les temps, on arrofoit le bûcher de vin, & quelquefois de miel & de lait ; on y jettoit des parfums & des bois de fenteur pour diiïïper la mauvaife odeur qu’il au-’- ïoit exhalée. Quand le corps étoit confumé , c’étoit encore avec du vin qu’on éteignoit la flamme. ’On recueillo’r les os fur lefquels on faifoit des libations de vin ik d’huile odorante. Cette trifle fonâion appartenoit au plus proche parent, au plus tendre ami. Il renïermoit ces reftes chéris dans une urne. Homère fuppofe qu’Achille renferma les cendres de Patrocle dans une fiole d’or qu’il enveloppa ^’une étoffe fine & pré.cieufe. Il paroît certain que les anciens eurent des urnes cinéraires d’or & d’argent : on n’en trouve plus de matières fi précieufes. Celles qu’on découvre font de marbre , d’albâtre , de porphyre, &c. Nous n’en décrirons pas la forme ; les artifles ne négligeront pas de les étudier fur les monumens antiques.

Il efi prouvé que , pou» recueillir aifément les os & les cendres qu’ils vouloirnt conferver , les anciens ont fait quelquefois ufage de toile d’amiante donc ils enveloppcifnt je corps avant de le mettre fur le bûcher. Bans une urne qu’on a déterrée en lyoi ; dans une vigne voifine de Rome, on a trouvé une pièce de toile longue de fix pieds & demi, & large à-peu-près de cinq. Elle contenoit des cendres & des os demi-bri’.lés. Ce monument, autant ’ qu’on en a pu juger par les vices de l’arc , étoit pcftérieur à Ccnliantin.

Dans les temps héroïques , on dcpofoit en terre l’urne cinéraire , & l’on entaffoit audeffus quelques pierres , ou l’on formoit l’eule-P O M

tacM un monticule de terre. On Vbît cepert dant que, dès le temps d’Homère, on élevoit quelquefois une colonne au-deffus de la fépulture. Dans des temps poflérieurs, les tombeaux conlerverent fouvent la figure de colonne ou de tour ; fouvent aufiî ce furent des monumens plus ou moins décorés, & dans lefquels l’architedure déploya quelquefois la plus grande magnificence. Nous renverrons encore , pour cet objet , les artiftes aux monumens de l’antiquité.

i-es cérémonies funèbres fe terminoient par des jcirx. Les jeux funéraires remontent à la plus haute antiquité. On attribue même à la commémoration de morts illuftres l’inftitution des jeux olympiques, néméens .& ifthmiques. Dans les temps héroïques , ces jeux confiftoient en des courfes de chars & à pied, en des luttes , des pugilats , des défis à l’arc & au dilque. Les Romains remplacèrent ces exercices par des fpeclacles de la plus grande fomptuofité & : par des combats de gladiateurs. Le iSng de CCS malheureux fut prodigué quelquefois aux funérailles dé perfùnnes privées & même de femmes. Ces horreurs rappelloient les temps de bariarie où l’on immoloit fur les bûchers des vidimes humaines. Les caveaux dans lefquels on dépofoit les urnes cinéraires, ou les farcophages qui contenoient les corps entiers, étoient nommés par les "Grecs des hypogées. Ils étoient fpacienx, comme le témoigne, entre autres, l’hiftoire ou le conte de la matrone d’Ephèfe , raconté par PéiroEe. C’étoient m.ême quelquefois des appartemens vaftes & bien diftribués. On fait que les religions anciennes faifoient un devoir rigoureux d’accorder aux morts les honneurs de la fépulture. Un voyageur, qui rencontioit fur fon chemin un corps mort • n’avoic pas toujours la commodité de lui.creufer une fofle tk de l’inhumer ; mais il étoit du moins obligé de lui jetter, par trois fois, une poignée de terre.

Il efr peu néceffaire aux artiftes de favoif que les cérémonies funéraires fc terminoient par un repas, ufage qui fublifte encore dans plufieurs endroits de l’Europe (L). PONDERATION , ( hifl fem. ) Léon-Baptifte-Alberti, qui a favamment éciît de la peinture , dit, en parlant de la pondération des corps , que pour bien repréfenter la fituation des membres & : leurs différentes aftions , il faut confidérer ce que la nature nous apprend elle-même. On remarquera d’abord que le milieu du corps eft toujours fournis à la tête. Si quelqu’un la tourne & fefoutient fur un pied, ce même pied fe trouve direftemcnt fous la tête, comme s’il eroit la bafe de tout le corps. La tête eft prefque toujours tournée du même côté que le pied qui