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reftion du Lazare de Jouvene : : Iorfc[ue les fcènes Ibnc tumiiltuoules , & dans les iujets de mouvement, les plans doivent être entrecoupés & invguliers : comma dans le Pyrrhus , la manne du Pouflin, le Martyre de Saint-Grrvais de le Sueur, &c.

Tous ces exemples prouvent ; i°. que les grands compofiteurs ont fenti la nécefTiré d’adopter une forme fpéciale dans la difpofltion àes plans ■■, 2°. que le choix en efl : arbitraire pourvu qu’il concoure au cara< ?tere Se à l’e» prefllon du fujet ; ainfi d’an côté ces maî-res montrent que ce feroitun défaut, que de fubordonncr l’efprit du fujet à la recherche des pians perfpedifs ; & de l’autre que de ne pas adopter des formes générales donsun plan bien réiblu , ce feroit ignorer la valeur des principes : ils fe lifent dans la nature, ces principes ; c’eft dans ce modèle immortel qu’ils doivent fe choifir ; le fublime de l’arr n’eft pas de les rejetter, mais de les plier à toutes les occafions où il faut les emplo}’er, & de les faire marcher au gré de fon imagination. Des choix des plans, dépend celui des formes, dans les hauteurs diverfes des objets d’une compofuion : car comme les premiers plans donnent les plus grandes figures ; les formes les plus hautes le trouveront placées fur le point du plan qui leur fera alfigné fur le devant du tableau.

. La diminution des objets, en proportion de l’éloignement da plan, eft un effet rigoureux de perfpedlive. Mais fi l’on veut qu’un grDuppe du troilîeme plan, domine fur ceux de devant, on élève le troilisme, ou même le quatrième plan, comme ont fait le Sueur & : Jouvenet ; J’un dans fa Réfurreftion du Lazare , Se dans fon Magnificat, & l’autre dans le Saint-Paul qui fait brûler les livres à Athènes. Dans le premier des tableaux que nous citons, le grouppe du Chrill eft îur un terrein élevé, &■ l’emporte par fa ha,uteur fur , les grouppes des trois autres plans qui le précèdent. L^ Vierge du Magnificat, eft fur les marches du périftile, ainfi que Saint-Paul dans le tableau de le Sueur ; c’eft parce moyen fimple, que ces figures, quoiqu’inférieures en grandeur, à raifon de leurs plans, fe trouvent cependant jouer dans la Icène un rôle fupérieur. Le peintre peut, par un artifice contraire, faire paroître fur une ligne très-baffe , lesfigures les plus fortes de fon ouvrage, je veux dire celles de devant, en les fuppofant fur un plan furbaiffé : c’eft ainfl que Paul Véronèfe en a ufé dans cette belle allégorie placée dans la grande falle du Palais Ducal à Venife, & que Guerchin dans fon tableau de Sainte Pétronille, & Champagne dans celui de SaintGervais & Saint-Protais, ont fait faillir le caractère de leurs fujets : le premier, par l’inhuma- ■P L A

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tion de fa pri ;’ :cipalo figure, & celui-ci par l’exhumation de les figures canitales. Nous avons dit que la c-irtitude des plans déterminoit la valeur des tons dans" la perfpeciivc aérienne. C’eft une grande railbn pour que l’artills ^’en afl’urc méthodiquement même : dans les fujets tout-à fait céleftes ou aériens ; autrement tout feroit confondu dans Ion ouvrage, êc il n’y auroit nul rapport entre la gradation des effets de la lumière & des ombres, & celle qui doit rélliher de !a juftefle des, plans par les grandeurs linéaies. On peut prendre des leçons sûre- ; à l’égard des iujets dont je parle, dans lespiafond* de Zclotti & de Paul Véronèfe, au Palais Ducal à Venife ; dans ceux de Pierre de Cortone & d’Andréa Sacchi, au Palais Barberini à Rome ëc dans les coupolei, par lefquelles U Foffe s’eft immortalilè à Parti, foit aux Invalides foie à l’Aflomption ; mais c’eft furtowt dans la chûre des rjjTouvés, dans celle des Anges de Rubens , & dans tous les fujets aériens ibrtis de la paierte de ce grand homme, qu’on doit aller puilér les plus brillantes leçons fur la manière de mettre dans l’expreilion dss plans loaie l’harmoaie & lajuftcfle qu’il eft poiïiblé d’y réunir.

Quiconque ne connoît pas les dégrés qui léparent les plans de fon ouvrage , ne peuc produire des ci’paces exaâs , par les enfoncemens divers que donnent les tons : & cette connoifl’ance devient furtouc importante dans le ? parties, oi’i l’on ne voit pas les points llir lefquels pofent les objets , comme dans les tableaux de demi-figuj-es. Mais fans qu’il foie néceffaire de citer les ouvrages de cette nature , qui demandent une grande précifion dans les réfultats des deux perfpe£lives ; difons qu’il y a des fujets hiftoriques , qui , par leur caractère tranquille, exigent que tous les pointsi des ^/iznj s’apperçoivent, & d’autres tumultueux ûii les figures entadées ne doivent pas leslaiffor voir. Tels font les batailies, ou les hiftoires dont l’aftion eft xaffemblée en un feul grouppe, comme la mort de Germanicus du Poullin : ce grand homme, me fournira auffi un bel exemple, pour les plans à multiplier ; c’eft fon tableau du Sacrement de Confirmation, Je paffe à la féconde fignification du moE plan. Elle eft relative au détail des formes & en exprime les différentes furface ;;. Ainft quand on dit que les plans d’une tête Ibnc bien fentis, on fait entendre que tous les mouvemens des détails qui.la compofent font bien exprimés, & bien à leur place.

Le vif fentiment des formes, n’empêche paî de rendre en même tems la fineffe des paffages , comme dans les têtes de Titien, de Vandick en peinture-, & en fculpture dans les têtes du grouppe de Laocoon ,. dans plu-<