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viêres , ni Bois , ni rien enfin de tout ce qui. ne peut jamais être au dejfas de nous. Nous prétendons encore abattre le même Tyftême échappé à un auteur encore plus grave fur ï’art de peindre, c’efl le célèbre Dufrelnov ; ne peigne^ dit-il, dans vos plafonds ni les eaux ni les enfers.

IVec mare dcprejfum la :}uiaris. fumjna vel orcum. De ait. graph. v. 227.

Nous avons vu avec admiration les feux de Mars & ceux de Vulcain , la flotte d’Enée, & Hercule fur les eaux , dans les plafonds du palais Barberini , du palais Pitti , de Verfailles, de l’hôtel Lambert, peints par de Cortonne & Lebrun ; & cette repréfentation pittorefque n’a pu choquer que par un effort de railbnnement bien futile ; car aucun homme de goût n’y a trouvé ces objets déplacés. Les vrais amateurs ont vu avec plaifir cette image de la nature, fans prévoir qu’on pût croire que les feux & les eaux en peinture fuffent plus déplacés au dejfus de nos têtes que des figures d’hommes & de femmes avec des aîles ou fans aîles , & que ce dernier genre d’objets y fût plus vraitemblable que l’autre.

Nous reviendrons toujours à notre principe que l’art n’atteignant jamais le degré d’illu fioB dans le grand genre, il peut tout rendre fans être choquant ni invraifemblable. PïHorihus aîque poetîs

Quidlibet audendi femper fuit mqua petejias. HORAT.

Alnfi les teiraffes, les montagnes, les fabriques , ions exclus par Laugier, y feront un merveilleux effet , furtout fi on les préfente avec le fentiment de la perfpeôive ; nous avouons qu’il faut l’obferver avec rigueur dans ce genre, pour ne pas choquer l’œil d’une manière très-défagréable. Si les tableaux verticalement placés exigent l’exaftitude de cette fcience ; fi rien ne contrarie plus nos organes que de voir , dans un flmple portrait , une table ou tout autre objet en vue d’oifeau quand la tête efl : au-defius de l’horifon ; il en faut convenir, des bâtimens en plafonds qui font repréfentés bien loin de leur à plomb , font un fpetlacle infiniment plus déplaifant encore.

Il y a plus ; nous penfons qu’il faut placer l’architefture fur les voûtes avec une extrême réferve : & c’efl en quoi nous adopterons l’opinion de Blondel ( i ) ; car quelque régulière (i) Cours d’aichitsaure.

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qu’en foit la perfpeôlive , le point de vue choifi pour un édifice devant être unique, il n y a auffi qu’un point pour le voir d’une manière agréable ; & comme tous les fpeâateurs ne peuvent pas s’y léunir, & qu’il paroit hors do fon à-plomb à ceux qui ne s’y rencontrent pas, il faut donc peindre en / ?/«fond très-peu d’architefture régulière. Aulll quelque belle que foit la coupole de Saint-Ignace à Rorne de la main du P. Pozzo lui-même, il n’eft perfonne qui n’ait fenti l’inconvénient d’un tel choix de peinture, puilque, pour l’admirer, il n’eft qu’une feule place dans l’édifice imnienfe , où on le voit de tant de divers côtés.

La peinture de plafond a befoin d’une connoiffance profonde de la per/peftive propre à ce genre de peinture, autant pour l’exécution de l’architeflure qu’on pîut y placer, que pour toutes les figures qui doivent y entrer. Nonfeulement elle efl : néceflaire pour leur grandeur relative au degré d’élévation qu’on veut leur donner , mais encore pour bien diriger au point de vue choifi celles qu’on défire montrer dans un fens perpendiculaire. La difficulté s’accroît, fi ces forte» de figures le trouvent placées fur une fuperficie courbe. Ainfi c’eft avec juftice qu’on accorde un grand éloge à ce beau chrift de P. de Champagne , peint fur une partie de voûte en ogives dans la riche églife des Carmélites de la rue Saint- Jacques, & qui femble être néanmoins d’une parfaite perpen- ; diculaire. |

Dans ces fortes de voûtes, on fent que les* ; afpefls étant oppofés, le peintre eft obligé d’ad^~ mettre plufieurs points de vue dans leur déco-J ration. Mais il efl : encore fournis à cette loi, fi fon ouvrage étant fur un plafond peu diftant de la vue, ne peut pas être vu d’un feul coup d’œil , quoique la fuperficie n’en fbit interrompue par aucune arrête dont les courbes foient féparées. C’eft alors qu’il doit ufer d’un jugement très-fain dans le choix de ces divers points de vue, afin de concilier tout-àla fois & l’obligation de fuivre les places commodes & ordinaires des regardans , & l’enchaînement pittorefque defa conipofition. Sans cet accord des règles de l’optique, aveclâgràce des mouvements de l’enfemble général , le plafond ., quelque belle qu’en foit l’exécution , aura une infinité d’afpeàs déplaifans, & manifeftcra le peu d’expérience de l’artifte pour ces fortes d’ouvrages.

Les premiers maîtres ne connoiffoient guère l’art de montrer leurs figures dans les plafonds , vues en deffous , ni toutes les hauteurs tendantes à des points de vue : c’eft cet art que nous nommons faire plafonner les figures. Il ne paroît pas non plus qae les Romains, ni par conféquent les Grecs, auxquels nous ne