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■au lieu que celles des anciens ont affez fouvent le défaut qu’on vient de remarquer. On en peut citer, pour exemple, l’enlèvement du Palladium, gravé par Diofcoride : le Diomede qui eft la maîtreffe figure , réunit toutes les perfections, tandis que le refle eft d’un travail fi peu foigné, qu’à peine feroit-il avoué par des ouvriers médiocres. Cet habile artifte auroit-il prétendu relever l’excellence de la produâion par ce contrafle, ou auroit-il craint que l’œil s’arrêtant fur des objets éttangers , ne Ce portât pas affez entièrement fur la principale figure ?

Mais une pierre gravée qui feroit enchâfTée dans fon ancienne monture ; une autre qu’on lauroit , à n’en pouvoir douter, avoir été trouvée depuis peu à l’ouverture d’un tombeau , ou fous d’anciens décombres qui n’auroient jamais été fouillés, mériteroit d’être reçue pour antique. Il paroît auffi qu’on ne devroit pas moins eftimcr uneyierre gravée qui nous viendroit de ces oays où les aits ne le font pas relevés depuis leur chute : par’ exemple des pierres gravées qui font tirées & apportées du levant ne font pas fufceptibles d’altération par le défaut d’ouvriers , comme le ibnt celles qu’on découvre en Europe : enfin , outre la certitude de l’antiquité pour la pierre gravée, il faut encore qu’elle foit réellement belle pour mériter l’eftime des curieux. Concluons donc que la connoiffance du deflin , jointe à celle des ftyles & du tra^fail, eft le feul moyen de fe former le goût, & de devenir un bon juge dans ’es arts, & en particulier dans la connoiffance de mérite des pierres gravées , tant antiques que modernes.

Des célèbres graveurs en pierres fines. Il femble qu’il manque quelque chofe à l’hiftoire des arts , fi elle ne marche accompagnée de celle des artiftes qui s’y font diftingués. C’eft ce qui a engagé Valari , Vettoii & Mariette à écrire la vie de ces célèbres artiftes. Il nous fuffira d’indiquer les noms des principaux parmi ceux qui ont paru depuis la renaifiance des arts.

Tout le monde fait que la chute du bon goût fuivit de prcs celle de l’empire romain (i)des ouvriers gr.jlïïers & ignorans prirent la place des grands maîtres , & femblèrent ne plus travailler que pour accélérer la ruine des arts. Cependant dans le temps même qu’ils (I) Pour parler plus exaûem’iic , il faudroit dire de la république romaine , quoiqu’il y ait eu encore des artiltes habiles du temps des empereurs. On reconnoîc même généralement que , dans les derniers fiecles de la république , les arts avoient dégénéré de l’ancienne fplenaeur gu ils aïoieat eue dans les beaux liccles de la Grèce. P I E

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, s’éloignoîent à fi grands pas de la perfedion, ils fe rendoient, fans qu’on y prît garde , utiles & même néceffaires à la poiléiité. En continuant d’opéret , bien ou mal , ils perpotuoient les pratiques manuelles des anciens : pratiques dont la perte étoit fans cela inévitable , Se qui n’auroient peut-être pu le retrouver. Il eft donc heureux que l’art de la. ^t2.vure en pierres ^nej n’ait foufFert aucune interruption, & qu’il y ait eu une fucceflion fuivie de graveurs qui fe foient inftniits les uns les autres , & qui fe foient mis, pour ainfi dire, à la main les outils fans lefquels cet art ne pourroit fe pratiquer.

Ceux d’enrr’eux qui abandonnèrent la Grèce dans le quinzième fiècle , & qui vinrent chercher un alyle en Italie , pour fe (buflraire àia tyrannie des Turcs, leurs nouveaux maîtres , y firent paroître, pour la première fois, quelques ouvrages qui , un peu moins informes que les gravures qui s’y faifoicnt journellement, fervirent de prélude au renouvellement des arts qui fe preparoir. Les pontificats de Martin V & : de Paul II furent les témoins de ces premiers effais. Mais Laurent de Médicis le plus illuftre proteSeur que les arts ayent rencontré , fut le principal moteur du grand changement qu’éprouva celui de la gravure. Sa paillon pour les pierres gra :ees 8c pour les camées lui fit rechercher , ainii que" je l’ai djjà remarqué , les meilleurs graveurs ; il les raffembla auprès de fa perfonne, il leur diftribua des ouvrages , il les anima par fes bienfaits , & l’art de la gravure en pierres fines reprit une nouvelle vie.

Jean délie Comiuole fut regardé comme le reftaurateur de la gravure en creux des pierres fines, & Dominique de’ Camei de la eravure en relief. Ces deux artiftes furent bientôt furpaffes par Vierre Marie de Pefiia, & par Mi. ckelino. L’art de la gravure en pierres fines s’é :endit rapidement dans toutes les parties de l’Talie. Cependant il étoit réfervé à Jean Bernardi , né à Caftel-Bolognefe, ville de la Ilomagne , d’enfeigner aux graveurs modernes à fe rendre de dignes imitateurs des graveurs antiques. Enrr’aurres ouvrages de ce célèbre artifte, on vante beaucoup l’on Titius auquel un vautour déchire le cœur, gravé d’après le deffin de M chel-Ange ; comblé d’honneurs & de biens, il expira en 1555. Dans c-e tempslà 5 François I avoit att.ré en France le fameux Machieu del Nafiiro , qui s’occupa à former parmi nous des élèves qui fuflènt en état de perpétuer dans le royaume l’art qu’il y avoit fait connoîire.

Pendant le même temps. L’agi Anichinl^ Se i’uriout y^lexandre Cefari ,{’iirnommé le Crée o-ravoient à Rome avec éclat toutes fortes de l’ajets fur des pierres fines. Le chef-d’œuvre de