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jQ crois, s’il nous reftoit des tableaux des grands peintres de îa Grèce, ce qui les éleveroit au deffus des plus illuûres de nos artiftes ; c’eft ce qu’obferve parmi nous un peintre encore jeune & déjà célèbre, qui s’efl : identifié la penfée & le fentimont des Greccs & qui prépare une grande révolution dans notre école. Mais, diront les routiniers des écoles, fi je compofe mes fujets des feules parties principales , & par conféquent du plus petit ncmbte poflible de figures , il reliera des vuides fur ma toile. Eh bien ? les vuides ne font-ils pas dans la nature ? Pourquoi ne fe trouveroient ils pas dans Ces imitations ? Mais comment liera ;-je mes grouppes ? Le lien des grouppes eft-il donc elTentiellement dans la nature , les grouppes y font ilseffentiellement eux-mêmes ? Mais ce coin ne fera pas meublé. Tant-mieux , mon œil ne s’y portera pas , & s’arrêtera fur ee qui doit le fixer. Mais l’exemple des grands maîtres dans l’art de la compofitlon ’. Dites dans l’art des agenccnzcns. Eh 1 4eur exemple fera-r-il donc plus impofant, plus refpeflable que celui des anciens peintres de la Grèce, celui qu’ont donné dans plufieurs de leurs chefsd’œuvre , Raphaël , Jules-Romain , le Dominiquin le Pourtin ? & :c.

- Mais , pourra-t-cn dire encore , que deviendront les règles établies dans tant d’articles de ce diftionnaire lui-même, 8c fondées fur la pratique ou les écrits de tant d’hommes habiles ?

Ce qu’elles ds-viendront ? Des loix pour 

les artiftes qui ne feront pas au deffus d’elles. Compofe- :-on donc un didionnaire pour les Çeu-Is hommes de génie ? Ne faut-il pas montrer le chemin battu à ceux qui tomberoient s’ils s’écartoient de cette route ? (L.) PERSPECTIVE (fubft. tem.) La perfpecth ^ linéaire eft une fcience qui fait partie dos mathématiques , & qui nous enfeigne de quelle manière les lignes qui circonfcrivent les objets fe préfcntent à l’œil du fpeélateur fuivant le point où. cet œil eft pofé & la diftance de ces objets. Cette fcience , peut-être moins perfeâionnée qu’elle ne l’eft aujourd’hui, étoit connue des anciens dès le temps d’Efchyle. Les peintures déterrées à Herculanum prouvent qu’ils la connoiffoient du moins aflez pour Tufage pratique. C’eft ce qui eft auflî prouvé par plufieurs ba^reliefs , & par quelques médailles. Si donc elle n’eft point obfervée dans la Colonne trajane , ni dans quelques autres ouvrages de l’antiquité , il faut rejetter cette ignorance fur le» auteurs de ces ouvrages , iSc non l’ur l’antiquité elle-même. Il n’y auroic aucun reproche que l’on ne pût faire aux anciens fi on les jugeoit fur certains morceaux, & c’eft ce qu’a fait fouvent l’ignorance ou la mauvaile foi. Le temps à détruit & confervé P E It

indifféremment des chefs-d’œuvres Sr de pis» toyables ouvrages. Eft-ce fur les derniers que nous devons juger les anciens ?

Tant que a. perfpecùve a. été inconnue, l’art eft refté dans l’enfance, puifqu’elle feule apprend à rendre avec exatlitude les raccourcis & qu’il fe trouve des raccourcis dans les pofek les plus fimples. Il faut tracer des raccourcis & fuivre les loix de la peripective pour repréfenter une figure vue de face pofant les pieds à terre. Aufli Mengs veut-il que l’élève de peinture apprenne les premiers élémens de la perfpective avant de deffiner d’après nature. Il n’y a rien qui nous trompe plus aifément que notre vue ; pour peu qu’il y ait de changemens ou dans la pofition ds notre œil , ou dans l’objet, il fe trouvera une différence confidérable entre l’original & la copie que nous en ferons. Mais la perfpective eft une règle fûre pour mefurerj les ouvrages que nous voulons tracer & donner la vraie foi me des lignes qui doivent en indiquer les contours. Il eft vrai qu’il ne feroit pas aifé de tracer fuivant les régies, toutes les lignes que donneroient les différentes parties du corps humain fuivant leur diftance & leur pofition.. On y parviendroît cependant avec de la patience ; mais il fufEt de connoître les lignes principales pour trouver aifément les autres.

L’étude de cette fcience ne doit pas effrayer les élèves. Ils ne font pas obligés de l’apprendre dans toute fon étendue. Ce qu’ils doivent s’attacher à favoir , c’eft le plan, le quarré (bus tous £es afpeds , le cercle, l’ovale, le triangle, & : fur-tout la différence du point de vue , & celle que produit le point de diftance fuivant qu’il eft ou plus près ou plus éloigné.

Le goût doit prcfider fur le choix de la hauteur à laquelle on place le point de vue. Sî on le place trop haut, le tableau fait un etfet peu agréable à l’œil. On en voit furtout des exemples dans les ouvrages de Van Oftade.

Ce n’eft pas ici le lieu do donner les régies I de la perfpective ; elles doivent être réferv’ées I pour le didionnaire de pratique. PERSPECTIVE AÉRIENNE ; elle n’efl pas foiimlfe , comme îa perfpecîive linéaire, à des principes rigoureufement démontrés. Elle enfeigne le degré de lumière que les objets réflechiffent vers le fpeélateur à raifon de leur éloignement. Elle fait connoître que ces objets le dégradent de tcn en proportion de l’air intermédiaire qui les fépare de, l’œil qui le» regarde : maïs comme cet air peut-être plus léger ou plus denfe , plus pur ou plus chargé j de vapeurs , on fent que cette dégradation ne j doit pas être toujours la même. Dans un temps