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.des étrangers , enrichiffent aftuellement lès .palais des autres nations.

envions un ufage , né du tn^redi des Italiens pour ?i peinture , par lequel leurs collections , toujours publiques ,, fiibfiftent autant que les héritiers des grandes famiSles, & portent à l’immortalité, avec leurs noms, les chefs-d’œuvre de leurs coippatriotes. ( AnicU de M. Robin. )

PEINTURER ( V. a. ) Iinprlmer en couleur, enduire ua objet de couleur , mettre en couleur.

De ce verbe peut fe former le fubftantif maiculili, Peiîiturage, qui exprimeroit clairement , par un mot lirnple & propre, un enduit ds co.Ueur, Se ce qu’on. nomme uns imprejjîon. C’eft un terme nouveau que nous pro^ pntbns ici pour diflinguer , par une leule exprelTion , la peimuie*d’imj :>reffîcn , de la pein turg confldérée comme art. Nous n-e connoilfons en latin que le mot picîiua pour je métier & pour l’art. Seroit-ce une raifcn pour laiffer à notre langue une pareille défe6luofr. é ?

Avant de prononcer fur ce mot, lifez l’article peintureur. {Article de M. Robin). ■ ~ PEÏNTUREUR, ( fubft. mafculin ). Nom de l’ouvrier.chargé d’imprimer en couleur les bois , les fers,, les murs & ; toutes les parties des diverfes canftraftions & autres objets qu’on veut qui foient colorés.

Nous penfons que ce li’eft pas bazarder que de propofer dans cet ouvrage une expreflion nouvelle qui efl en même tems utile & fondée fur l’analogie.

Le mot peintureur eu d’un ufrige néceffaire ; car "il n’)/- a peribnne qui ayant eu à employer un ouvrier pour le peinturage de fa maifon , n’ait été embarrsffé de ne le pas confondre , en parlant de lui, avec l’ariifle qui étoit chargé d’orner les murs ou les plafonds de Ves ouvrages en peinture. Il arrive que fi l’on efl au fait des termes de. batimens , (ce qui elt rare , quand on n’efl : pas du métier , ) il arrive , dis-je, alors qu’on fe fert d’une périphrafe qui n’ell pas entendue de tout le monde ; peintre d’ imprs£ion : zutrepient , pour d^figner cette forte d’ouvrier , on fe fert de .phiafas triviales & do termes injurieux, comme peintre a la grojfe brojfe ., barbouilleur, & :c. d’où il arrive eue dans le feul but de faire la diftinflion utile d’un art libéral, à un métier, d’un artirte à un ouvrier, on humilie celui qui ne doit pas l’être plus que le carreleur , le vitrier, le maçon, &c.

En fécond lieu , nous avons dit que le mot peintureur eft une innovation bien fondée , Jjjen autorifée ; & en effet, on trouve les mors P E ï

peîiiturir, peinturé, dans beaucoup de dic^ tionaires ; donc il efl analogique d’en former peinturage, & peintureur.

Ménage, regarde peintur<r comme un bon mot françois. 11 cite les vieux diSionaires de Nicot, de Monet , du Gange dans, fon ’Gloflaire, Nicol. Perrot dans fon Cornucopia. Les latins fe fervent des mots plHurare , piciuraïus pour dire orner , enduire de couleurs : & ils employent plus comunément les mo’.s pingere, picîus., pour exprimer l’art de peindra, de faire des tableaux.

Pour appuyer l’ufage du mot peintiirer, on a cité un paflage de Saint-Auguflin qui , pariant aux Idolâfre.9 d’une ftatue d’Hercule colorée, fe fert de pi3uratus , peinturé. Sur quoi quelques critiques ont prétendu que le mot piéîurare étoit de la baffe latinité, & d’autres, tels que l’abbé de Saint-Réal, en ont conclu que peinturer n’étoit pas un bon mot. Cependant picîuratus fe trouve dans plufieurs bons auteurs, tels.que Claudien , & même Vigile, qui au livre 3, vers. 4^3 de l’Enéide, dit en parlant des habits dont Andromaque fait prefenr au jeune Ai’cagne.

Fart picluratas auri fuhtegmine vejies ( i ). Nous avons trouvé peinturer dans le diaionaire d.e Jcr. Vidor.

Dans Calepin le mot picîuratus eil ainfi ex- (0 On ne gagneroit rien à objeûer à l’auteur de cet article que le mac piSuratus n’eft pas emplojï par Virgile dans l’acception qu’il applique au mat peinturé ^ mais dans celle de vjriegjtus , cc qi ;e dans le vers c !té , il fignific une étoffe tayce ou brcciiée en or ; que dans ces vers de Claudien, il exprime une broderie de figures, faite à l’aiguille., en or & en argent, & qui fembieoc rcfpiter : I^ec lUiiis in talifuffccit gratia textu ; Auget acus jneritum , pi6uiatumque 7i :efflZ/is Vivit opns. ( de IV conful. Honorii ) Que dans cet autre vers de Claudien ., il lignifie des étoffes peintes de différentes couleurs : Et fiStmztx fj.turanti :r murice rejles. (In Rufinuinjlib. i.v. 208.

On aura toujours à répondre, ainS que l’établit notre auteur, que le vers de Virgile j & même ceux de Claudien ’, piouvem : que le mot picîuratus eft de la bonne latinité ; & puifque St. Auguftin l’emploie dans le iw.s que M. Robin exprime pat le nat peinturé ^ on ne peut nier que ce mot ne re< ;oive de fon origine le droit d’être admis en ce fens dans notte langue , (î l’iilage vient à le permettre, puifque c’eft des mots latins ^ pris dans le fens qu’ils avoicut au temps delà baffe latinité, que s’cft principalement formée la langue françoife-j ainlî ijue tOQtes les langues de FEucope j dérivées du latin. Il efi clair que les Barbares n’ont pu adopter les mots latins dans le fens qu’ils avoient au ficelé d’Augufte ^ mais dans l’acception qu’ils avoient reçue au temps de leut invaûon. ( Acte du Mé-, da3(ur. i

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